mardi 3 juillet 2012

Le Temps d'Algérie - La «somalisation» du Sahel se précise

Le Temps d'Algérie - La «somalisation» du Sahel se précise
La «somalisation» du Sahel se précise
Tandis qu'Alger accueille des responsables africains, dont ceux de la Cédéao (Communauté économique pour le développement des Etats de l'Afrique de l'Ouest), dans le cadre du renforcement de l'option politique et de négociation pour le règlement de la crise au nord du Mali, la situation dans ce pays se détériore davantage rendant, à chaque fois, minimes les chances du retour à la stabilité au Sahel.
L'Algérie, pays qualifié d'«incontournable» dans la solution à la crise au nord du Mali, est vite ciblée avec l'attentat-suicide perpétré avant-hier à Ouargla. L'attentat est revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), auteur de l'enlèvement le 5 avril dernier de sept diplomates algériens à Gao. Le terrorisme n'est pas aussi aveugle que ça. C'est le même Mujao qui est engagé dans des combats à l'arme lourde à Gao, contre le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
Des informations font état de l'«expulsion» du MNLA par le Mujao de Gao au terme de combats. Pas seulement. D'autres informations, non vérifiées, font état de renforts dépêchés par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au profit du Mujao pour renforcer son contrôle de Gao. Pourtant, le Mujao, dont l'annonce de création a été faite en décembre 2011, est présenté comme étant «dissident» d'Aqmi, organisation terroriste installée à Kidal, une autre ville du nord.
Le MNLA, lui, compte mobiliser des renforts, de son côté, contre le Mujao. Le Mouvement armé Ansar Eddine, basé lui à Tombouctou, toujours au nord du Mali, a procédé, hier, à la démolition de mausolées classés patrimoine national par l'Unesco, la semaine passée.
Autant d'ingrédients, donc, pour «afghaniser» ou «somaliser» le nord du Mali, et par là même, tout le Sahel. Des camps d'entraînements ont déjà été installés dans cette partie du territoire malien. Des «instructeurs» pakistanais dépêchés pour «entraîner» de nouvelles  «recrues» d'Aqmi et du Mujao. Des armes libyennes continuant à se déverser sur la région.
 Les caisses des deux organisations terroristes renflouées par le paiement de rançons. Tout semble être prêt pour provoquer le chaos qui imposerait une intervention militaire étrangère au détriment de la stabilité de tous les pays du Sahel dont les efforts en matière de lutte antiterroriste et contre le crime organisé et transfrontalier, y compris le narcotrafic, sont menacés d'anéantissement total.
Mort de Mokhtar Belmokhtar : «Il s'agit d'une information non vérifiée»
La guerre entre le MNLA et le Mujao, alimentée par les armes libyennes, pourrait juste commencer malgré le caractère violent des accrochages du 27 avril. Si, comme nous dira Hama Ag Sid' Ahmed, porte-parole du MNLA, la mort de Mokhtar Belmokhtar n'est pas confirmée, le Mouvement national de libération nationale parle du décès du colonel Bouna Ag Attayoub et jure de le venger. «Il s'agit d'une information non vérifiée», a déclaré au Temps d'Algérie, hier, Hama Ag Sid' Ahmed, par rapport à l'annonce de la mort de Mokhtar Belmokhtar lors des accrochages du 27 juin, à Gao.
La guerre ne ferait que commencer entre le MNLA et le Mujao qui tente d'impliquer l'Algérie, dans le conflit, à coups d'attentats. Entre-temps, Aqmi, qui profite de la détresse des populations et des conditions de vie très difficiles dans lesquelles elles évoluent, utilise l'argent provenant du paiement de rançons et les armes libyennes pour «enrôler» dans la région et consolider sa position à Kidal.
Mali : même sort que la Libye ?
Le Mali, dont le ministre des Affaires étrangères est attendu aujourd'hui en Algérie, est menacé d'une intervention militaire étrangère comme celle ayant eu lieu en Libye, comme souhaitée par le Mujao et Aqmi qui, faut-il le noter, ne se sont jamais accrochés. Les deux organisations sont basées, pourtant, respectivement à Gao et Kidal, deux villes proches puisque se trouvant les deux au nord du Mali.
 Les deux nébuleuses qui, jusque-là, ont réussi à «enrôler» parmi des jeunes issus de populations pauvres et démunies du Sahel, chercheraient à recruter davantage au nom de «la lutte contre l'occupation» si des forces militaires étrangères y intervenaient. D'où l'insistance de plusieurs pays, dont l'Algérie, à la nécessité de la recherche d'une solution politique et de négociation, loin de toute intervention militaire étrangère.
M. A.

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