jeudi 12 juillet 2012

Mali : Quand tombent les masques ! - maliweb.net

Mali : Quand tombent les masques ! - maliweb.net
Au lieu de chercher à résoudre la crise, certains en profitent tout au contraire. Il faut le leur dire et en face. N’est-ce pas cela qui a amené SANOGHO et les autres au-devant de la scène sociopolitique malienne et donné des visages à des groupuscules politiques et à des
 associations de la société civile naguère inconnues et qui ont pignon sur rue actuellement au point de jouer aux gros bras ?
Ce sont les Chinois qui le disent : « Quand la nuit est au plus profond, c’est que l’aube n’est pas loin » ; un adage qui devrait remettre un peu de sourire sur tous ces visages crispés et tendus sur le sort du mali. Le fait est là que la situation de la crise que vit ce pays, va de mal en pis en se complexifiant chaque jour un peu plus.
Et pourtant, ce ne sont ni la volonté, ni les efforts encore moins les idées pour l’endiguer qui font défaut ! La tenue, ce 6 juillet à Ouagadougou, d’un sommet du Groupe de contact de la CEDEAO sur le Mali en est une preuve même si comme d’habitude ses conclusions sont loin de faire l’unanimité aussi bien au niveau des premiers concernés que de tous les cercles et milieux que sont les Maliens qui dissertent sur le sujet. Mais était-ce son objet ? Nous ne pensons pas nos chefs d’Etat naïfs au point de chercher à faire l’unanimité sur le sujet leur souci étant d’apporter des réponses concrètes au problème malien.
Ainsi, tout en apportant des réponses à diverses questions et en permettant de lire un peu mieux la stratégie de la CEDEAO, ce sommet a eu le mérite d’éclairer un peu plus les jeux des uns et des autres, faisant tomber bien de masques. Il apparait clairement comme de l’eau de roche que ce dont le Mali a le plus besoin de nos jours, plus que tout, c’est d’un peu d’humilité de ses fils ; un peu de patriotisme ne serait pas non plus de trop.
On le sait, la crise est, en grande partie, partie delà : une classe dirigeante insouciante, à la limite de l’irresponsabilité, qui ferme les yeux sur les réalités d’un pays qui vit une crise sans précédent au prétexte de respecter des échéances électorales et des irrédentistes qui instrumentalisent les besoins légitimes de reconnaissance de paisibles populations. On le voit, la mauvaise foi est jusqu’à présent la chose la mieux partagée au Mali, chacun voyant la poutre (il ne s’agit pas de paille) qui est dans l’œil du voisin, tout en oubliant soigneusement celle bien en vue dans le sien.
Déjà, entre les va-en-guerre qui assurent qu’il n’y a rien à négocier avec les terroristes islamistes, les bandits de grands chemins et les scissionnistes du Nord comme ils les appellent, et qui par conséquent vouent aux gémonies toute idée de négociation, les divergences sont telles qu’on n’a pas l’impression de parler du même problème et de proposer le même remède.
Il faudrait déjà à ce niveau, s’il fallait suivre leur logique, une guerre pour les départager, tant personne ne veut écouter l’autre. Entre ceux qui ne veulent pas voir un seul « étranger » sur le sol malien et ceux qui, tout au contraire, exigent la participation de la communauté internationale, aucune conciliation ne semble possible. Que dire quand au sein de ce dernier groupe, certains refusent catégoriquement la présence d’un seul soldat étranger à Bamako, demandant que ceux-ci soient « parachutés » sur la ligne de front, tandisque d’autres estiment essentiel que ceux-ci contribuent à sécuriser d’abord la capitale. Prétendre raisonner tout ce monde relève assurément de l’impossible.
Le problème ce n’est pas qu’il y ait des opinions diverses et divergentes sur la manière de résoudre la crise, mais le très peu de place donné à la possibilité pour les uns et les autres de les exprimer et surtout d’essayer de les faire converger. On a finalement l’impression qu’on s’arrange entre petits copains pour que la crise perdure, certains en tirant manifestement des bénéfices substantiels et d’autres pour soigner leur égo.
Sinon comment comprendre que ni le Président de la transition, qui doit son fauteuil à la CEDEAO, ni le Premier ministre de la transition, qui doit tout à cette même CEDEAO, n’aient daigner être présents à ce mini-sommet qui devait, avec leurs concours, indiquer les nouvelles étapes de la recherche de solution à la crise. C’est véritablement à ne rien comprendre. Quand en plus de cela, leurs entourages s’opposent ouvertement à la CEDEAO qu’ils accusent au même titre que les irrédentistes du Nord au prétexte qu’il faut revenir à une « solution malienne », on tombe des nues. On peut le dire, l’honneur et la reconnaissance ont bel et bien foutu le camp chez nombre de Maliens et plus que d’obus, de bombardiers et autres missiles, ce dont le Mali a le plus besoin ce sont des hommes d’honneur.
Au lieu de chercher à résoudre la crise, certains en profitent tout au contraire. Il faut le leur dire et en face. N’est-ce pas cela qui a amené SANOGHO et les autres au-devant de la scène sociopolitique malienne et donné des visages à des groupuscules politiques et à des associations de la société civile naguère inconnues et qui ont pignon sur rue actuellement au point de jouer aux gros bras ? Toute honte bue, ces individus qui réclament à cor et à cri l’usage de la force ou la recherche d’une « solution malienne » mettent un soin méticuleux à éviter le front où ils devraient pourtant, pouvoir faire valoir leurs forces et leur nationalisme. Au lieu de cela, ils se pavanent à Bamako et terrorisent de paisibles citoyens dont le seul crime est de ne pas penser comme eux. Pendant ce même temps, les populations du Nord-Mali souffrent le martyr.
Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)
L’Opinion (via lefaso.net) – 11 juillet 2012

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