jeudi 5 juillet 2012

Le Figaro - International : Ces groupes armés qui se partagent le Nord du Mali

Le Figaro - International : Ces groupes armés qui se partagent le Nord du Mali

Ces groupes armés qui se partagent le Nord du Mali

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Par Tanguy Berthemet Mis à jour | publié Réactions (14)
Les islamistes d'Ansar Dine, ici près de la ville de Gao, au Mali.
Les islamistes d'Ansar Dine, ici près de la ville de Gao, au Mali. Crédits photo : Diakaridia Dembele/AP

Depuis la fin mars, les deux-tiers du Mali sont aux mains de groupes rebelles qui défient l'État central. Quatre mouvements principaux, parfois antagonistes, se divisent l'Azawad, ce territoire mythique revendiqué par les Touaregs.

• Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)
Essentiellement touareg, c'est le groupe historique. Il est dirigé par le secrétaire général, Bilal Ag Achérif, et surtout par Mohamed Ag Najim. Ce dernier, ancien colonel dans l'armée de Kadhafi, a fui la Libye en juillet 2011 à la tête d'une puissante colonne de véhicules chargés de soldats et d'armes. Ces hommes, formeront l'ossature du MNLA. En quatre mois, ils chassent l'armée Malienne du Nord du pays, occupant les principales villes de la zone: Kidal, Tombouctou et Gao. Le MNLA se dit indépendantiste et laïc. Il affirme s'opposer à al-Qaida.

Photo fournie par le MNLA à l'Agence France Presse. Le groupe touareg indique qu'elle daterait de février.
Photo fournie par le MNLA à l'Agence France Presse. Le groupe touareg indique qu'elle daterait de février. Crédits photo : -/AFP

Le MNLA va pourtant vite perdre de sa puissance faute d'organisation et de finances. Ces hommes sont chassés de Tombouctou par Ansar Dine (voir ci-dessous) dès le lendemain de la conquête, fin mars. Deux mois plus tard, ils doivent quitter Kidal. Ce week-end, ils ont dû déserter leur «capitale», Gao, après un combat avec le Mujao (voir ci-dessous). Ces défaites sont liées au manque de moyens financiers qui ont conduit leurs hommes à vendre leurs armes aux groupes rivaux, voire à les rejoindre. Les restes du MNLA se concentrent désormais dans quelques régions autourd'Hombori et le long de la frontière mauritanienne.
• Ansar Dine
C'est le groupe touareg rival du MNLA et aujourd'hui le plus important mouvement. Ansar Dine (Défenseur de l'islam, en arabe), est dirigé par Iyad ag Ghaly, un Touareg des Iforas, âgé de 54 ans, et héros des guerres touaregs des années 1990. C'est lors de son séjour en Arabie Saoudite comme consul du Mali (2007-2010) qu'il se serait radicalisé. Ansar Dine prône pour tout programme l'application strict de la charia.

À Ouagadougou, au Burkina Fasso, Cheick Ag Wissa (droite), le porte-parole d'Ansar Dine, accompagné par deux autres membres de l'organisation, lors de pourparlers avec Blaise Compaoré, président burkinabé désigné médiateur dans la crise malienne.
À Ouagadougou, au Burkina Fasso, Cheick Ag Wissa (droite), le porte-parole d'Ansar Dine, accompagné par deux autres membres de l'organisation, lors de pourparlers avec Blaise Compaoré, président burkinabé désigné médiateur dans la crise malienne. Crédits photo : AHMED OUOBA/AFP

L'influence d'Ansar Dine, considéré comme proche d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), n'a fait que croître. Appuyé sur les moyens financiers d'Aqmi et sur des bienfaiteurs du Golfe, le mouvement a massivement recruté ces derniers mois. Il compterait des Touaregs mais aussi dans ses rangs des jeunes étrangers venues du Sénégal, du Niger et du Nigeria. Des rumeurs font également états de la présence de «cadres» djihadistes en provenance d'Arabie Saoudite ou du Pakistan. L'accès aux stocks d'armes Libyens lui a permis de disposer d'un arsenal imposant, et sans doute de quelques missiles modernes. Ansar Dine a fait de Tombouctou sa base principale.
• Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Ce groupe djihadiste, né d'une scission d'Aqmi, est, au départ, composé d'Arabes Maliens ou Mauritaniens. Considéré comme mineur en 2011, alors qu'il ne comptait qu'une centaine d'hommes, il se fait remarquer par l'enlèvement de trois employés européens d'une ONG à Tindouf puis d'attentats en Algérie. Ce groupe mystérieux a pris un essor rapide ces dernières semaines. Comme Ansar Dine, il multiplie les recrues à l'étranger, au Sénégal et au Nigeria auprès du groupe Boko Haram mais aussi dans les communautés Noires maliennes, les Songhaïs et les Peuls. Cet ancrage local lui a servi à prendre le contrôle de Gao au dépend du MNLA.
Pour grandir, il s'est appuyé sur les caisses d'Aqmi, mais pas seulement. Plusieurs sources notent la présence dans son état-major de personnalités connues pour leur implication dans le trafic de drogue. Les objectifs politiques poursuivis par le Mujao sont peu clairs. Officiellement, le Mujao est aux mains d'Ahmadou Ould Mohammed Kheirou, alias Abou Ghoum Ghoum, un Mauritanien recherché par Nouakchott. Mais les hommes et les chefs d'Aqmi sont régulièrement signalés à Gao, nouveau bastion du Mujao.
• al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)
La cellule africaine de la nébuleuse terroriste est née, en 2007, des cendres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un mouvement terroriste algérien. Depuis une décennie, ses membres, pour la plupart Algériens, ont infiltré le Sahel, et particulièrement le Mali pour échapper aux forces de sécurité d'Alger.Trois Katiba (groupes) se divisent le Mali avec à leur tête Mocktar Belmocktar, Abou Zeid, et Yahya abou Amam, tous Algériens. Le quatrième Khatiba est dirigé par un Touareg malien, Abdelkrim al-Tagui, que l'on dit cousin d'Iyad Ag Ghaly.
Aqmi s'est signalée par nombreux attentats et enlèvements. Les terroristes détiennent encore 11 otages européens, dont six Français. La libération de certains otages a permis à Aqmi d'accumuler un important trésor de guerre dont il use aujourd'hui pour imposer son extrémisme et son idéologie djihadiste et anti-occidentale aux différentes rébellions maliennes.
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