jeudi 5 juillet 2012

Crise malienne : Gao, le chaos !

Crise malienne : Gao, le chaos !
Crise malienne : Gao, le chaos !
29 juin 2012
Charles d’Almeida
L'inter

L'AUTEUR Charles d’Almeida
Ses articles
Azawadcarte
La carte de l'Azawad, vaste région dunord qui couvre les 2/3 du Mali soit 800.000 Km2
La crise malienne vient de connaître un nouvel épisode avec la guerre ouverte de positionnement entre islamistes et rebelles touaregs. Au centre des hostilités, des divergences d'ordre idéologique et religieuse. Pour la Cedeao qui peine déjà à trouver une solution à cette situation critique, c'est un autre obstacle qui vient s'ajouter aux autres
Le mercredi 27 juin dernier, les combattants du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest, (MUJAO), une dissidence d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, (AQMI), ont délogé par la force des armes, les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad, (MNLA), leur allié d'hier pour la conquête du nord malien.
Pour l'observateur attentif, cette escalade est prévisible, car elle n'est que la conséquence logique des divergences à la fois politique, idéologique et religieuse survenues entre les différentes composantes de ce groupe hétéroclite de combattants, peu de temps après la conquête début avril 2012, de Tombouctou, Gao et Kidal. Ces trois agglomérations constituent le grand nord malien, sur lequel, ces principaux groupes veulent instaurer un nouvel ordre politique et religieux. Fini donc le temps de « l'entente cordiale » entre ces combattants pour arracher ce vaste territoire de 800.000 Km2 représentant les 2/3 du territoire malien.
Alors que le MNLA ne veut que l'indépendance de l'Azawad qu'il a unilatéralement proclamée en avril dernier, la constellation de mouvements islamistes, Ansar Dine, Aqmi, Mujao et bien d’autres, veut elle, faire du Mali, un Etat islamique avec la charia comme loi. Les combattants islamistes mieux armés et plus nombreux, prendront vite le dessus et réussiront à chasser le MNLA de Tombouctou, la capitale régionale, (Près de 700.000 habitants).
Depuis mercredi 27 juin, les partisans de l'indépendance de l'Azawad qui cohabitaient à Gao la seconde ville du nord avec ces islamistes, sont une fois encore déclarés personæ non gratta. La bataille pour le contrôle de la ville a été sanglante, une vingtaine de tués et plusieurs dizaines de blessés. Ces hostilités entre frères ennemis en ajoute à la confusion et à la situation chaotique dans cette partie du Mali. Les populations affamées et désormais astreintes à une nouvelle forme de vie, faite d'interdictions de toutes sortes, charia oblige, ne manquent pas de manifester bruyamment parfois, au risque de leur vie, leur désarroi.
A Bamako, la capitale du pays, les autorités de la transition, ne peuvent que déplorer cette cacophonie, qui en principe devrait être une aubaine pour la reconquête de l’intégrité du territoire. Mais, ni les militaires qui ont renversé le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012, pour son incapacité à mater la rébellion, ni le gouvernement transitoire qui cherche encore ses marques, n'ont les moyens de profiter de cette faille dans les rangs des conquérants du nord.
Quant à la Cedeao, elle est visiblement astreinte  à une tâche de Sisyphe. La guerre ouverte entre le MNLA et les islamistes, constitue une difficulté supplémentaire, un autre nœud gordien pour l’organisation sous-régionale dans la résolution de cette crise. Aujourd’hui, la volonté et la détermination de la Cedeao ne suffisent plus pour résoudre le drame du nord malien. Le conseil de sécurité de l’ONU doit répondre au plus vite au principal souhait de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, à savoir l’utilisation de la force pour remettre de l’ordre dans le nord malien qui prend de jour en jour les allures d’un autre Afghanistan.

Charles d’Almeida

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