Débâcle de Kidal : Boubeye refuse de couler seul
Décidément, la tempête provoquée par les affrontements de Kidal, dans le nord du Mali, n’est pas près de se calmer. Quelques jours après avoir rendu sa démission, l’ex-ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maïga, revient à la charge. Lors d’un forum organisé par les femmes de son parti, il est revenu sur les événements de ces dernières semaines, affirmant qu’à l’instar du président Ibrahim Boubacar Keita, il n’avait jamais donné l’ordre d’attaquer les groupes armés de Kidal. Et pour que la vérité éclate, l’ancien ministre a appelé de tous ses vœux la création d’une commission d’enquête parlementaire. Et si les autorités de Bamako en acceptent le principe, cette instance pourra compter sur la coopération de Soumeylou Boubeye Maïga et des siens qui lui promettent tout le nécessaire, notamment «toutes les communications, tous les SMS qui ont été échangés entre les gens ; ils verront bien à ce moment qui a échangé avec qui, qui a dit quoi, qui a été le dernier à leur parler, qui a continué à leur parler».
On l’avait bien dit, Boubeye était le fusible qui devait sauter pour protéger l’ensemble du système…sauf que ce fusible-là ne veut pas se griller seul.
Il se rebiffe et compte entraîner dans sa chute les vrais responsables de ce Waterloo malien. Et le bouc émissaire qu’il est devenu par la force des choses n’entend pas se laisser sacrifier sur l’autel d’une quelconque raison d’Etat, bien au contraire… le ministre partant semble désormais bien décidé à faire éclater toute la lumière sur les heures sombres de Kidal.
On peut aisément le comprendre, parce que, pour le bon fonctionnement de la chaîne de commandement des FAMA et de l’Etat tout court, il est bon que la vérité éclate au grand jour afin que de pareils désastres soient évités à l’avenir. Car peut on véritablement croire, comme on le prétend du côté de Bamako, que les chefs locaux de l’armée malienne ont pu prendre seuls la lourde décision d’engager leurs maigres effectifs et le pays tout entier dans une controffensive aussi hasardeuse contre les rebelles touareg, et pourquoi donc ? Rien, si ce n’est pour laver l’affront fait au Premier ministre, Moussa Mara, lors de sa visite à Kidal le 17 mai dernier.
Si tel est le cas, c’est à désespérer des soldats qui pour le coup, auront fait preuve d’une légèreté suicidaire. A la vérité, le politique a forcément eu sa main dans cet imbroglio, une main qu’il s’évertue maintenant à retirer. Mais le mal est fait, et quelle que soit l’évolution de cette affaire et le nombre de fusibles qui devront sauter, l’exécutif en sortira particulièrement affaibli, lui dont la principale mission était de redresser le pays.
H. Marie Ouédraogo
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