mercredi 4 juin 2014

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« La signature d’un accord de paix entre les mouvements touaregs et l’État malien est fondamentale

 Il est urgent de conclure la paix afin d'isoler les groupes terroristes, qui sont les premiers à profiter du flou de la situation actuelle
Il est urgent de conclure la paix afin d’isoler les groupes terroristes, qui sont les premiers à profiter du flou de la situation actuelle

Les soldats français étaient 4 500 au Mali il y a un an, ils ne seront plus que 1 000 à la mi-2014. Leur soutien à la lutte antiterroriste va donc évoluer. Les explications du commandant de la force Serval.

Plus d’un an après les premières frappes françaises contre les groupes islamistes armés dans le nord du Mali, le 11 janvier 2013, l’opération Serval touche bientôt à sa fin. Désormais, les forces françaises, qui se retirent progressivement du pays, se concentrent sur deux missions : la lutte antiterroriste, ainsi que l’appui à l’armée nationale mené aux côtés de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Le général de division Marc Foucaud a pris le commandement de la force Serval le 11 août 2013. Depuis le 31 mars dernier, il assure également le contrôle opérationnel de la force Épervier, au Tchad, la France ayant fait le choix de placer ses forces présentes dans la bande sahélo-saharienne sous un commandement régional unique, afin de lutter plus efficacement contre un terrorisme qui se joue des frontières.
Toutefois, estime le militaire, la menace dans le nord du Mali ne sera définitivement écartée que lorsque le gouvernement malien et les groupes rebelles auront signé un accord de paix durable.
Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de l’opération Serval au Mali, un an après son déclenchement ?
Général Marc Foucaud : Un bilan positif, puisque tous les objectifs qui nous avaient été fixés ont été atteints. Le Mali a retrouvé sa souveraineté et sa stabilité. Sur le plan politique, les élections présidentielle et législatives se sont bien passées, même si beaucoup pensaient que ce ne serait pas le cas. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a été largement élu et il dispose désormais d’une majorité à l’Assemblée nationale. Sur le plan militaire, nous avons sérieusement affaibli les groupes armés terroristes (GAT) et, par rapport à ce qu’elle était il y a un peu plus d’un an, la situation sécuritaire est très satisfaisante.
Depuis le début de l’année, on constate un regain d’activité des groupes terroristes dans le Nord. Ne craignez-vous pas qu’ils se réimplantent ?
Je suis à la tête de Serval depuis plus de huit mois et j’ai bien vu que ces groupes tentaient de se réorganiser. Notre rôle, et celui de nos alliés, est d’éviter que cela ne se produise et c’est pour cette raison que nous frappons régulièrement ces GAT. Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’ils ont un regain d’activité. Ils essaient surtout de faire parler d’eux, mais je doute qu’ils puissent agir de manière coordonnée. Leur potentiel est largement amoindri.
Le Mali doit s’occuper lui-même de sa sécurité, et son armée doit monter en puissance.
La menace terroriste reste pourtant réelle…
Elle existe toujours, mais de manière asymétrique. Il n’y a pas besoin de 500 combattants pour lancer une roquette à proximité d’une ville ou d’un campement : une dizaine suffisent. Depuis un an, il n’y a pas d’actions coordonnées contre nos forces. Les groupes terroristes évitent le contact parce qu’ils savent qu’à chaque fois qu’ils s’y sont essayés, cela ne s’est pas bien passé pour eux. Ils sont très limités en termes de capacités. Nous sommes dans une relation « du faible au fort ».
Le retrait programmé des troupes françaises ne va-t-il pas les renforcer ?
Nous ne sommes pas partis. Le président Hollande a dit très clairement que la France resterait au Mali. Avec un effectif bien moindre – puisqu’il doit être réduit à un millier d’hommes à la mi-2014, alors que nous étions environ 4 500 il y a un an -, mais nous continuerons nos actions de neutralisation des GAT aux côtés de nos camarades maliens. Notre deuxième mission est que les citoyens de ce pays prennent à leur compte ce combat ainsi que les missions de l’armée.
L’opération Sangaris, en Centrafrique, a-t-elle précipité le retrait des troupes françaises au Mali ?
Il n’y a pas d’effet de vases communicants entre ces deux opérations. À preuve, nous avons retardé notre désengagement au Mali pour aider à sécuriser les élections législatives de novembre et décembre 2013 [Sangaris a débuté le 5 décembre]. Depuis, nous avons normalement réduit nos effectifs, comme l’avait annoncé le président de la République.
Il restera un millier de soldats français à la mi-2014. Est-ce suffisant pour traquer des groupes terroristes sur un territoire vaste comme une fois et demie la France ?
Tout dépend de la manière dont nous utilisons ces mille hommes. Si nous voulons agir de manière intelligente et efficace, c’est sur le renseignement qu’il faut fonder nos actions. Nous n’avons pas vocation à rester vingt ans au Mali. Le pays doit s’occuper lui-même de sa sécurité, et son armée doit monter en puissance. Je ne vous cacherai pas qu’elle part de loin. Elle a été humiliée et a connu beaucoup de difficultés. Aujourd’hui, elle dispose de cadres de qualité et peut compter sur des alliés qui veulent lui redonner sa crédibilité. Nous pourrons y arriver, notamment avec les Européens dans le cadre de la mission de formation de l’Union européenne au Mali [EUTM], qui a déjà formé des militaires maliens.
La sécurité n’est-elle le problème que du seul Mali ?
Les groupes terroristes sont un souci pour le Mali, mais également pour le Niger, et ils peuvent le devenir pour le nord du Tchad et la Mauritanie. Les frontières ne constituent pas un obstacle pour les bandes armées. Il faut que tous les pays de la région sahélo-saharienne travaillent ensemble pour lutter contre elles de manière coordonnée. Les pays de la zone sont très intéressés par un partenariat avec la France. Par ailleurs, ils ont commencé à nouer entre eux des accords bilatéraux, comme le Mali avec le Niger et la Mauritanie. C’est extrêmement positif.
Que pensez-vous de l’efficacité de la Minusma ?
À Bamako, certains ne se privent pas de la critiquer. Ceux qui s’expriment ainsi ne sont pas allés sur le terrain. L’action de la Minusma ne se limite pas à ce qui se passe à l’Hôtel de l’Amitié [le quartier général de la Minusma] de Bamako. Moi, je vais sur le terrain et je vois les bataillons, ils sont pratiquement tous dans le Nord. Ce sont des bataillons de valeur, avec des soldats qui essaient de bien faire pour sécuriser le Mali. Mais la Minusma ne compte que 6 000 hommes. Ce chiffre n’a pas bougé depuis un an. Il faut impérativement qu’elle monte en puissance. Forts des engagements de différents pays, nous espérons qu’elle atteindra 10 000 hommes d’ici à la mi-2014.
Aucun accord n’a été trouvé entre le gouvernement et les groupes rebelles. Quelles sont les conséquences de ce blocage ?
La signature d’un accord de paix entre les mouvements touaregs et l’État malien est fondamentale. Si elle n’intervient pas, il sera extrêmement difficile de rétablir durablement la sécurité dans le nord du pays. Il est urgent de conclure la paix afin d’isoler les groupes terroristes, qui sont les premiers à profiter du flou de la situation actuelle. Depuis les accords de Ouagadougou [signés le 18 juin 2013, ils ont permis un cessez-le-feu entre les deux parties], plus rien ne s’est passé. Il est important que les lignes bougent. C’est un point clé. Une fois que cet accord politique sera signé, tout sera simple. Y compris pour nous sur le terrain. Nous pourrons alors tous nous battre contre ceux qui veulent éviter le retour de l’État et du développement dans le Nord.
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Propos recueillis par Benjamin Roger, à Bamako
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