Le tintamarre fait par certains médias français sur le MNLA et ses agissements au nord de notre pays, semble avoir aveuglé et assourdi le Chef de la transition. Pendant que ses nombreuses victimes ne reçoivent ni soutien, ni même encouragement, le MNLA apparaît aux yeux de Dioncounda, comme des « frères maliens avec lesquels il faut négocier ».
Négocier avec un groupe suppose qu’il représente légitimement des aspirations populaires et qu’il est dûment mandaté pour ce faire. Infiniment minoritaire, n’ayant reçu le soutien d’aucune communauté petite ou grande à Gao, Tombouctou ou Kidal et n’existant que par l’amitié et la volonté de médias désinformés et manipulés, le MNLA ne peut et ne pourra jamais prouver ou justifier rien d’honorable au Nord du Mali
Oubliant que lui Dioncounda, président de « tous » les maliens devrait tout d’abord avoir toute sa pensée et toute son attention aux nombreuses et innocentes victimes du MNLA surtout dans la région de Gao. Des élus assassinés, des filles violées, des maisons de particuliers dévastées, toute une communauté atteinte dans sa dignité et dans son honneur. C’est vrai que Dioncounda n’en est pas à son premier essai. Atteint de je ne sais quelle amnésie, pour plaire certainement au MNLA et oubliant le rôle déterminant joué par le mouvement Gandakoye en 1994, il insulte dans un langage à peine voilé, le sacrifice de milliers de jeunes qui continuent à aider l’armée nationale et à apporter réconfort et apaisement auprès des populations martyres du Nord du Mali. Le calcul de Dioncounda est simple : « je ne suis pas candidat et je n’ai rien à foutre d’humeur, j’ai un paln à imposer pour plaire à qui je veux ». Mais Dioncounda se trompe largement. En multipliant donc ses provocations envers les populations victimes du MNLA, l’actuel président par intérim ouvre la voie à l’impunité, à la vengeance et à l’instabilité pour longtemps. Lui et son gouvernement, n’ignorent nullement les incessants et innombrables appels à la justice, car après tout au Nord du Mali, c’est tout ce que les populations ont demandé. On ne peut punir le voleur et laisser celui qui lui a ouvert portes et fenêtres. Et le mathématicien qu’est Dioncounda n’ignore pas cette évidence. En réalité Dioncounda fait partie de nombreux politiciens qui une fois au pouvoir pensent pouvoir tout imposer surtout au Nord sans tenir compte de l’avis des populations majoritaires. Cette myopie sur les réalités locales, peut être fatale à la paix et la réconciliation qu’on veut conduire au pas de course, comme si les êtres humains étaient des automates ou des machines et qu’il suffit d’appuyer sur un bouton. Les prisonniers qui s’entassent comme des sardines dans nos maisons d’arrêts insalubres, parfois pour avoir dérobé un os tenaillés par la faim, ne sont-ils pas des frères maliens avec lesquels il faut négocier ? Si c’est cela plus de prisons ou de tribunaux au Mali, négocions entre frères, volons nous, tuons nous, insultons et négocions au lieu de nous assainir et de laver les souillures par la justice.
Le MNLA sait que mieux que quiconque que la jeunesse est très organisée, et que jamais, personne ne peut leur imposer quoi que ce soit le concernant. Le MNLA sait qu’il lui faudra remettre à la justice les nombreux criminels terrés dans ses rangs, il sait qu’il fera au moins cent ans avant de risquer le nez dans certaines villes du Nord, sans ce préalable. Le MNLA sait que par respect pour François Hollande et la France, beaucoup se sont abstenus de certaines critiques envers l’opération SERVAL (complaisante par moment). Et enfin le MNLA sait que sans justice rien n’est possible avec lui. Dioncounda peut décréter ce qu’il veut, mais il n’est pas plus malien que les victimes, que ces victimes sont chez eux hier comme aujourd’hui et qu’aucune puissance fusse-t-il armée ne peut leur imposer le déni de justice et le déni de dignité. Surtout que ce mouvement criminel derrière lequel Dioncounda s’abaisse à courir ne représente rien ni lui ni ses soutiens, et, que c’est sur le terrain que tout se jouera.
Karim Fomba
SOURCE: Le Potentiel du 21 mai 2013.
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