Laurent Fabius, en visite à Bamako, a réaffirmé que l'élection présidentielle devait se tenir sur tout le territoire. Mais quid de la ville du Nord, encore aux mains des rebelles touaregs ?
C'est presque un ouf de soulagement général qui a traversé les acteurs de la crise au Mali, à l'annonce officielle par les autorités maliennes de la tenue du premier tour de l'élection présidentielle le 28 juillet. La confirmation de ce scrutin, sur lequel repose de nombreux espoirs de normalisation de la situation, répond notamment à la demande pressante de Paris, qui s'était dit "intraitable" sur le calendrier électoral. Pour François Hollande, le Mali doit se doter d'un président légitime, qui ait autorité pour entreprendre la transition. Cependant de nombreux observateurs regrettent la précipitation de ce scrutin : les problèmes logistiques restent importants, la situation sécuritaire n'est pas stabilisée, les tensions communautaires ne sont pas éteintes et surtout, la situation de Kidal n'est pas réglée.
Le nom de cette ville du Nord du Mali est sur toutes les lèvres depuis des mois. Les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement de libération nationale de l'Azawad) et du MIA (Mouvement islamique de l'Azawad, une dissidence des islamistes d'Ansar Dine), qui tiennent la ville, refusent que l'armée et l'administration malienne y pénètre. Difficile du coup d'y organiser un vote... Or l'élection doit se tenir sur l'ensemble du territoire, pour éviter tout risque d'aggravation de la situation. Laurent Fabius, qui s'est rendu à Bamako dans la soirée du mardi 29 mai, a réaffirmé que "pour la France, il est évident qu'il ne peut y avoir deux pays dans un même pays. Les dispositions seront prises pour qu'à Kidal, on puisse voter comme partout ailleurs".
Pour résoudre ce problème principalement, des discussions ont été entamées depuis lundi à Ouagadougou avec le médiateur et président burkinabé Blaise Compaoré.
Le MNLA de son côté avait indiqué se tenir prêt à permettre la tenue du scrutin mais a réclamé qu'il soit sécurisé par l'ONU et non par l'armée malienne. L'entrée des militaires semblaient donc, voici quelques jours, une option encore écartée. Sauf que lundi, le chef de l'Etat malien par intérim, Dioucounda Traoré, de passage à Paris, s'est voulu plus ferme et a assuré que "l'armée malienne doit être à Kidal avant le premier tour [...] Nous sommes déjà engagés dans un processus de dialogue. Kidal sera libérée". Réelle intransigeance ou simple coup de pression avant le début des négociations ? Cette déclaration a en tout cas froissé quelque peu les Touaregs à qui a été proposé que seule l'administration malienne pénètre dans la zone, provisoirement.
Paris, impatient de voir reprendre les négociations, se dit enfin "relativement optimiste" depuis que le médiateur est entré dans les discussions. Selon une autre source proche de l'Elysée, "les autorités maliennes ont donné des signes forts de vouloir pousser le dialogue et la réconciliation avec des groupes comme le MNLA". Avant d'ajouter : "il y a aussi une compréhension du côté du MNLA qu'il faut que leurs revendications soient raisonnables".
Si les Maliens restent reconnaissants envers François Hollande pour son intervention, la France supporte quelques critiques sur son indulgence envers le MNLA, désigné par les populations comme les principaux responsables de la crise. La France a en effet toujours ménagé un acteur encombrant mais précieux. Fins connaisseurs de la région, les Touaregs ont proposé leur aide pour aider la France à débusquer les djihadistes, voire pour retrouver les otages français. De nombreux membres du MNLA séjournent souvent en France, alors même que des mandats d'arrêt ont été lancés contre eux par Bamako. Paris a toujours démenti tout traitement particulier. "Les discussions à Ouagadougou vont permettre à d'autres groupes que le MNLA de s'exprimer. Tous ont vocation à participer au dialogue".
Reste un problème non résolu pour la France : le désarmement des groupes touaregs. Au quai d'Orsay, on indiquait qu'il était nécessaire que le MNLA dépose les armes et pourquoi pas, que le mouvement devienne un parti politique. Cette hypothèse n'a pour l'instant pas été reprise et des mesures de cantonnement ne sont pas l'ordre du jour. "La ligne des Touaregs fluctue, mais il est certain que nous ne pouvons pas souhaiter un parti armé", indique un responsable diplomatique. "Nous souhaitons que toutes les forces qui se disent politiques soient désarmées pour qu'elles puissent entrer dans un cadre démocratique. Si le MNLA devenait un parti politique, ce serait positif".
Si un accord n'est pas trouvé à Ouagadougou, le calendrier électoral pourrait être chamboulé.
Le nom de cette ville du Nord du Mali est sur toutes les lèvres depuis des mois. Les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement de libération nationale de l'Azawad) et du MIA (Mouvement islamique de l'Azawad, une dissidence des islamistes d'Ansar Dine), qui tiennent la ville, refusent que l'armée et l'administration malienne y pénètre. Difficile du coup d'y organiser un vote... Or l'élection doit se tenir sur l'ensemble du territoire, pour éviter tout risque d'aggravation de la situation. Laurent Fabius, qui s'est rendu à Bamako dans la soirée du mardi 29 mai, a réaffirmé que "pour la France, il est évident qu'il ne peut y avoir deux pays dans un même pays. Les dispositions seront prises pour qu'à Kidal, on puisse voter comme partout ailleurs".
Pour résoudre ce problème principalement, des discussions ont été entamées depuis lundi à Ouagadougou avec le médiateur et président burkinabé Blaise Compaoré.
Pression de Bamako
Comment donc parvenir à un accord ? Compaoré est à pied d'œuvre, avec les autorités maliennes et les Touaregs. L'opération devrait se dérouler par étapes. Selon une source à l'AFP, il y aura des consultations séparées, puis des discussions avec les partenaires (France, ONU et Union africaine) et enfin un dialogue direct. Le MNLA a envoyé le chef Bilal Ag Cherif, Bamako sera représenté par Tiébilé Dramé et le MIA par son secrétaire général, Algabass Ag Intalla, au nom du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord. Cette dernière a indiqué qu'elle ne s'opposerait pas à la tenue d'élections, afin qu'un "pouvoir légitime" puisse être installé, ainsi qu'un "président élu", avec qui "il y aura des négociations sur l'avenir de l'Azawad".Le MNLA de son côté avait indiqué se tenir prêt à permettre la tenue du scrutin mais a réclamé qu'il soit sécurisé par l'ONU et non par l'armée malienne. L'entrée des militaires semblaient donc, voici quelques jours, une option encore écartée. Sauf que lundi, le chef de l'Etat malien par intérim, Dioucounda Traoré, de passage à Paris, s'est voulu plus ferme et a assuré que "l'armée malienne doit être à Kidal avant le premier tour [...] Nous sommes déjà engagés dans un processus de dialogue. Kidal sera libérée". Réelle intransigeance ou simple coup de pression avant le début des négociations ? Cette déclaration a en tout cas froissé quelque peu les Touaregs à qui a été proposé que seule l'administration malienne pénètre dans la zone, provisoirement.
Un compromis possible
L'enjeu à Ouagadougou doit, a priori, se concentrer sur un accord intérimaire. "Cela peut-être une solution transitoire, le temps du scrutin", admet une source diplomatique française. "Il y a une urgence, ce sont les élections. Cela implique une administration civile qui puisse fonctionner sans avoir la peur au ventre. Ensuite on pourra avoir quelque chose de plus complet...", explique la même source. Et de reconnaître : "Il n'y aura certainement pas un transfert général de compétences du jour au lendemain entre le MNLA qui exerce réellement sur la zone et le retour plein à la souveraineté malienne dans toutes ses formes".Paris, impatient de voir reprendre les négociations, se dit enfin "relativement optimiste" depuis que le médiateur est entré dans les discussions. Selon une autre source proche de l'Elysée, "les autorités maliennes ont donné des signes forts de vouloir pousser le dialogue et la réconciliation avec des groupes comme le MNLA". Avant d'ajouter : "il y a aussi une compréhension du côté du MNLA qu'il faut que leurs revendications soient raisonnables".
Le rôle de la France
Reste à savoir quel sera le rôle de la France dans l'organisation de ces élections. Toujours en première ligne, même sur le plan politique, elle devrait jouer un rôle de supervision, bien qu'elle se défende de toute implication dans les affaires maliennes. "Dans certaines régions compliquées, l'administration malienne doit être transportée et aidée. Le mandat des Nations unis n'est pas un mandat de supervision des élections, mais la sécurisation sera le fait de la Minusma installée", explique une source diplomatique avant de préciser : "On aidera si nécessaire".Si les Maliens restent reconnaissants envers François Hollande pour son intervention, la France supporte quelques critiques sur son indulgence envers le MNLA, désigné par les populations comme les principaux responsables de la crise. La France a en effet toujours ménagé un acteur encombrant mais précieux. Fins connaisseurs de la région, les Touaregs ont proposé leur aide pour aider la France à débusquer les djihadistes, voire pour retrouver les otages français. De nombreux membres du MNLA séjournent souvent en France, alors même que des mandats d'arrêt ont été lancés contre eux par Bamako. Paris a toujours démenti tout traitement particulier. "Les discussions à Ouagadougou vont permettre à d'autres groupes que le MNLA de s'exprimer. Tous ont vocation à participer au dialogue".
Reste un problème non résolu pour la France : le désarmement des groupes touaregs. Au quai d'Orsay, on indiquait qu'il était nécessaire que le MNLA dépose les armes et pourquoi pas, que le mouvement devienne un parti politique. Cette hypothèse n'a pour l'instant pas été reprise et des mesures de cantonnement ne sont pas l'ordre du jour. "La ligne des Touaregs fluctue, mais il est certain que nous ne pouvons pas souhaiter un parti armé", indique un responsable diplomatique. "Nous souhaitons que toutes les forces qui se disent politiques soient désarmées pour qu'elles puissent entrer dans un cadre démocratique. Si le MNLA devenait un parti politique, ce serait positif".
Si un accord n'est pas trouvé à Ouagadougou, le calendrier électoral pourrait être chamboulé.
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