Malijet MNLA et fédéralisme : l’arme du désespoir Mali Bamako
Ayant surfé allègrement, pendant plusieurs mois, sur les principes de l’auto-détermination, de la large autonomie, de l’indépendance, voilà à présent le Mouvement national de libération de l’Azawad, sous la menace d’une attaque imminente des ses positions par l’armée, remettre au goût du jour sa vieille recette d’un fédéralisme mal
défini et mal surtout mal placé en usant de faux-fuyants.
Contre toute logique rationnelle, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), dans sa lettre N°015-2013/P-CTEA, du 5 mai 2013, par son Secrétaire Général-Président du CTEA, a saisi le Secrétaire général de l’Organisation des NationsUnies; la Présidente de la Commission de l’Union Africaine ; le Président de la Commission de l’Union Européenne ; le Président en exercice de la CEDEAO ; le Chef de la MISMA- Bamako ; le Président de la République Française ; le Président des Etats Unis d’Amérique. Objectif, leur renouveler « sa confiance en vue d’un règlement pacifique, équitable et définitif de la question de l’Azawad ».
Positions contradictoires
Même si le MNLA est d’une malhonnêteté intellectuelle notoirement reconnue, au point de changer de discours et de conviction au gré de la direction du vent, il s’impose de le stopper net en lui rappelant sa déclaration de guerre de il y a juste quelques jours.
C’était précisément le 23 avril dernier, juste après la réunion du Groupe de contact et de suivi sur le Mali s’est achevée le vendredi 19 avril 2013.
Le groupe rebelle, qui s’est surpris à être au centre de tirs croisés de tous ceux qu’ils considéraient comme ses partisans indéfectibles, sur la scène internationale, a cru bon monter sur ses grands chevaux pour s’en prendre, sans distinction aucune, à tous les Etats et organisations membres du Groupes. Exactement les mêmes qu’il appelle aujourd’hui, toute honte bue, à la rescousse.
Voici un extrait de sa déclaration incendiaire dans laquelle il ne ménage aucune partie prenante de la résolution de la crise volontairement provoquée au Nord par ses propres soins:« Aussi, le MNLA informe les azawadiens que tous ses combattants sont prêts à mourir, jusqu’au dernier d’entres-eux, pour protéger les populations de l’Azawad contre les inévitables exactions de l’armée malienne. Cette armée de putschistes, composée de criminels avérés, déjà largement dénoncés par Amnesty International et Human Rights Watch, ne parviendra à mettre la main sur nos populations qu’après avoir exterminé le dernier des soldats du MNLA, et ce, quels que soient les soutiens dont bénéficient les putschistes de Bamako. Le MNLA précise très clairement qu’il pourrait avoir la terre entière contre lui qu’il n’acceptera jamais de livrer les populations civiles de l’Azawad aux horreurs de l’armée malienne sans avoir combattu jusqu’au dernier souffle du dernier de ses combattants.
Par ailleurs, le MNLA a également appris que les membres du « Groupe de contact et de soutien du Mali », réunis à Bamako, ont unanimement demandé le désarmement du MNLA comme « préalable » à toute négociation politique. Aussi, nous les informons que le MNLA ne désarmera que le jour ou un véritable accord politique protégera réellement nos populations et qu’un vrai statut juridique, politique et définitif soit trouvé à l’Azawad qui est notre territoire historique depuis des millénaires, n’en déplaise aux annexions coloniales et autres contrefaçons historiques.
Le MNLA rappelle, à toute fins utiles, que la France coloniale est responsable du découpage territorial à la source du tragique conflit que nous vivons depuis plus de 52 ans. D’autre part, nous rappelons également que la France n’a jamais protégé nos populations au cours de toutes ces « très longues » années de souffrances, de tortures et de massacres. Encore aujourd’hui, la France reste incapable de protéger les civils azawadiens des horreurs de l’armée malienne alors-même qu’elle a pris la lourde responsabilité de la réinstaller sur le territoire de l’Azawad.
Le MNLA tient également à rappeler l’incohérence du soutien « inconditionnel » accordé aux putschistes de Bamako car le gouvernement malien n’a aucune légitimité institutionnelle, c’est un gouvernement de putschistes disposant, de surcroit, d’une bande armée, accompagnée de milices ethniques, faisant office d’« armée régulière ». … Le MNLA a été scandalisé par les déclarations de la diplomatie française qui « prépare le terrain » aux exigences maliennes de désarmement d’un mouvement populaire et révolutionnaire qui n’a d’autres aspirations que de vivre en paix sur son territoire et protéger son peuple contre des exactions commises au grand jour, avérées et confirmées par les organisations internationales des droits humains…
D’autre part, il nous semble utile de préciser que si Kidal et les zones tenues par le MNLA échappent aujourd’hui aux massacres des soldats maliens, cela est du à la seule présence des soldats du MNLA et non pas à la présence de l’opération Serval. Pour rappel, les régions de Gao et de Tinbouctou sont en toute impunité livrées aux massacres sans fin des soldats maliens alors-même que l’opération Serval est justement « aux côtés de l’armée malienne ».
Comment se fait-il que la France fasse table rase des très graves exactions commises par les bandes armées du gouvernement putschiste de Bamako ? Comment se fait-il que la diplomatie française déclare que « Dans un pays démocratique, il ne peut pas y avoir deux armées ». Depuis quand les coups d’Etats militaires, agrémentés de massacres de populations civiles, et les « gouvernements putschistes » sont-ils qualifiés de « pays démocratiques » ?
Hier le parlement français a voté à l’unanimité la poursuite de l’opération Serval. Le premier ministre français a déclaré que l’opération Serval était une victoire militaire et politique. Au delà du fait que l’opération Serval soit menée par la seule armée française, car aucun autre Etat européen ne s’est aventuré à s’engager aux côtés des putschistes de Bamako, doit-on considérer les centaines de civils azawadiens, victimes des exactions du Mali, comme une « victoire politique et militaire » de l’opération Serval ?
Quoi qu’il en soit, s’il est une victoire que l’opération Serval avait déjà définitivement perdue dès les premières exactions des putschistes de Bamako sur les populations civiles azawadiennes, c’est bien la victoire morale.
Aussi, pour répondre à l’exigence du désarmement de notre mouvement avant les élections de façade prévues pour juillet, le MNLA rappelle encore une fois qu’il ne désarmera pas avant qu’une solution définitive soit trouvée pour l’Azawad par un véritable accord politique qui protégera réellement nos populations. Le MNLA ne désarmera que le jour où un vrai statut juridique, politique et définitif sera trouvé à l’Azawad, pas avant, et encore moins, pour cautionner des pseudos-élections au Mali.
Le MNLA tiens à rassurer la population civile de l’Azawad et l’informe que, sous aucun prétexte, il ne les livrera aux criminels de l’armée malienne. Le MNLA s’est engagé à défendre le peuple de l’Azawad, il le défendra jusqu’au dernier souffle du dernier de ses combattants... ».
Revirement spectaculaire
Le MNLA, dans ses prises de positions, affiche la preuve la plus flagrante qu’il manque de constance et de cohérence dans ses vues. Naturellement pour les besoins de la cause, comme tout observateur, un tant soit peu avisé, pouvait s’y attendre.
En suivant un parcours linéaire ne manquerait de se faire très vite rattraper. D’où une chose aujourd’hui et le lendemain le contraire, ou le tout en même temps sans aucune préférence qui ne participe que d’une stratégie de diversion.
Il est aisé de constater, à la simple lecture d’une telle déclaration, que les cibles claires du MNLA sont le Gouvernement de transition dont la légitimité est passablement malmenée et l’armée malienne accusée de tous les péchés d’Israël ; les membres du Groupe de contact avec une virulence particulièrement exacerbée à l’encontre la France qui semble la cause de tous les malheurs de l’Azawad en raison d’un passé colonial.
De même, est-il aisé de constater que le ton de ce discours n’a rien d’apaisant ; au contraire,s’agit d’une déclaration de guerre du MNLA à tous ceux qui n’ont pas soutenu son mode opératoire, fait de violence, et qui sont de ce fait les alliés des autorités nationales, par conséquents ses ennemis jurés qu’il traite comme tel.
Décidément, le fossé est énorme entre cette position va-t-en guerre et la disposition du MNLA au dialogue politique.
« Le MNLA a, à maintes reprises, tendu la main aux négociationspolitiques avec les autorités maliennes, et ce bien avant le déclenchement des hostilités. LeMNLA a renouvelé son offre de négociations de façon constante après la libération de l’Azawad », soutient le groupe rebelle qui indique également, dans sa déclaration du 5 mai dernier, qu’il n’irait aux affrontements que s’il y est contraint par l’Etat du Mali.
De même, il affirme reconnaître l’intégrité du territoire national, allant jusqu’à s’occuper d’humanitaire en demandant la prise en charge des personnes déplacées ainsi que le déploiement des observateurs des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité.
Mensonges éhontés
Dans ce revirement spectaculaire de position du MNLA, il y a des mensonges éhontés qu’il est loisible de relever.
Pour ce qui est de prétendue « main tendue » du MNLA, il faut être d’une mauvaise foi invétérée pour jeter aux oubliettes, en si peu de temps, que cette initiative est venue d’abord du Gouvernement.
En effet, quand les mercenaires dits maliens ont été chassés de Libye par des civils insurgés, c’est une délégation ministérielle forte de six membres, conduite par le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, à l’époque, Kafougouna KONE, qui est allée à leur rencontre au Nord sur instruction de l’ancien président Amadou Toumani TOURE.
Ils ont été accueillis comme des « frères » en détresse qui retrouvent leur terre.
A la clé de cette hospitalité qui était du reste loin d’être du goût des Maliens dans leur plus grand nombre, une enveloppe d’une soixantaine de millions de FCFA et de tonnes de vivres.
Une mission parlementaire s’est également rendue auprès de ces rebelles qui avaient déjà un plan de guerre soigneusement échafaudé derrière la tête.
Logiquement,ces élus de la Nation ont été des plus mal reçus pour ne pas parler de mépris et d’humiliation qu’ils ont essuyés. Malgré ces comportements irrévérencieux, les portes du palais de Koulouba ont été ouvertes aux anciens mercenaires libyens pour une rencontre avec l’ancien président ATT au cours de laquelle, ils ont exprimé leur satisfaction quant aux efforts déployés par le Gouvernement pour le développement de Kidal tout en souhaitant la poursuite de ces efforts.
C’est le moins qu’on pouvait attendre de gens qui n’ont jamais appris à faire autre chose de leurs dix doigts, si ce n’est qu’appuyer sur la gâchette.
Plus récemment, c’est le président Dioncounda TRAORE qui soutenait sur une chaîne internationale : « Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations c’est certainement le MLNA à condition que le MLNA renonce à toutes ces prétentions territoriales».
Aveu d’impuissance
Nonobstant toutes ces bonnes dispositions, ce sont les anciens mercenaires libyens, devenus MNLA, qui jouent à la surenchère et à la diversion en diabolisant le Gouvernement qui, certainement, n’a pas non plus su riposter, du point de vue communicationnel, à la mesure de l’attaque et des campagnes de désinformation des rebelles du MNLA.
S’il y a une main tendue dans cette affaire, elle est certainement à mettre sur le compte du Gouvernement.
Quant à la main tendue du MNLA dont il est question dans sa dernière déclaration, elle s’explique aisément.
La déclaration du 23 avril dernier débutait ainsi : « De sources bien informée et concordantes, le MNLA a appris que le Mali projetait d’attaquer les positions militaires tenues par ses unités a Anefis, Kidal et Menaka et qu’il avait, pour cela, mobilisés 300 véhicules… ».
Anéfis, Kidal ou Ménaka, c’est un droit inaliénable de l’Etat malien de déloger des terroristes-indépendantistes qui ont administré toutes les preuves qu’ils sont tout sauf des partisans de la paix.
Pour cela, le Mali peut mobiliser autant de véhicules qu’il veut.
L’information en leur possession pourrait s’avérer des plus exactes.
Ceci expliquant cela, après avoir fanfaronné, il est normal que ces rebelles dont la véritable arme n’est en réalité que la désinformation et l’intoxication éprouvent une peur bleue au point d’appeler au secours ceux-là mêmes qu’ils vouaient aux gémonies, il y a juste quelques jours.
Il est clair que « la main tendue » du MNLA, loin d’être une question de disposition au dialogue, n’est rien moins qu’un prétexte face à l’avancée inexorable d’une armée qui a appris de ses échecs antérieurs
Duplicité évidente
Par ailleurs, en ce qui est de la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Mali, il n’est point besoin d’aller chercher loin la mauvaise foi du MNLA.
Comme on le dit, la parole s’envole ; mais l’écrit reste.
En en-tête de la déclaration des rebelles, du 5 mai dernier, on peut lire noir sur blanc : Mouvement National de Libération de l’Azawad-MNLA qui est la désignation d’un groupe rebelle ; « Unité – Liberté – Justice », la devise de l’état de l’Azawad ; le drapeau de l’Azawad avec au centre la carte des trois régions du Nord ; le Secrétaire Général du MNLA, Président du CTEA (Comité Transitoire de l’Etat de l’Azawad), chef d’un gouvernement provisoire.
Même frappé de cécité intellectuelle, peut-on croire un seul instant que ce groupe rebelle, qui s’est arrogé tous les symboles d’une république (mis à part la reconnaissance internationale ? Et la devise, la monnaie), reconnaît l’intégrité du territoire national ?
Assurément, ces rebelles rompus dans l’art de souffler le chaud et le froid prennent les enfants du bon Dieu pour des oies, incapables de ne comprendre rien à rien.
Pourtant, nul n’a le monopole de l’intelligence. Parmi les autres Maliens, il y en a qui ont un QI assez élevé, malgré le mépris superbe affiché à leur endroit par des rebelles pour qui la crise pourrait se dénouer favorablement pour eux en se contentant juste de pousser les pions et de se délecter ensuite des résultats de ce qu’ils considèrent comme un jeu de dame.
Mais aujourd’hui, l’enjeu est hautement plus important et chacun se donne le minimum de peine d’aller voir au-delà des apparences.
Vision du clair-obscur
Quid de l’appellation Azawad ?
En aucun moment, les rebelles ne s’en sont débarrassés, prouvant, s’il en était besoin, qu’ils tiennent à une entité géographique à eux et regroupant les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Une contradiction quand même flagrante pour une organisation qui reconnait l’intégrité du territoire national.
Pis, leur duplicité est mise en évidence lorsqu’ils soutiennent dans leur déclaration du 5 mai dernier : «…Le MNLA estime que la création d’une entité fédérale pour l’Azawad, regroupant l’ensemble de l’espace communément appelé Nord–Mali, au sein d’un Mali réellement rénové, constitue véritablement une solution juste et durable pour le conflit qui oppose l’Azawad à Bamako depuis l’indépendance du Mali ».
Un paradoxe d’autant plus flagrant que le MNLA a proclamé l’indépendance de l’Azawad et revendique encore une large autonomie pour la région de Kidal qui devient alors une entité dans une autre.
A présent que le MNLA et ses conseils nous disent enfin ce qu’ils attendent de nous. Parce qu’à défaut d’avoir une vision claire, les autres se feront alors le devoir fraternel et amical de les éclairer pour de bon.
Le chantage de réviser sa position, en faveur de la paix, n’y fera rien puisque dans tous les cas cette est la seule et unique porte de sortie avec un minimum d’honneur pour un groupe qui a réussi de se faire passer pour le nombril du monde sans justifier d’aucune légitimité nulle part.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin
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