dimanche 5 mai 2013

Lettre ouverte au Président de la République du Mali par intérim Professeur Dioncounda Traoré, par un jeune malien - maliweb.net

Lettre ouverte au Président de la République du Mali par intérim Professeur Dioncounda Traoré, par un jeune malien - maliweb.net
Son Excellence Monsieur le Président,

Notre pays est entrain de rater encore une fois sa voie naturelle, celle du développement et de la prospérité au profit d’une minorité qui cherche à reproduire l’ancien statu quo quitte à détruire même les fragiles acquis.

Mahamadou KONATE
Mahamadou KONATE
A l’avant-garde de cette minorité se trouve en premier lieu notre mentalité qui fait du respect aveugle de l’aîné un principe de droit. Les plus âgés maintiennent ainsi en servitudes les plus jeunes et s’arrangent à neutraliser leur esprit de créativité pour qu’à leur tour ils puissent perpétuer ce pouvoir sénile. Ils sont interdits de défier l’emprise de cette minorité lorsqu’elle est défendue par des vieux du système au risque de se voir honnis par les siens qui ont tellement subi les coups de cette règle qu’ils lui réagissent mécaniquement. .

Dans cette mentalité, il ya aussi le pouvoir masculin qui considère nos femmes comme des inferieures d’esprit. En les réduisant aux tâches ménagères, en décourageant leur participation à nos assemblées masculines, il est évident que nos esprits d’hommes paraissent supérieurs aux leurs. N’est ce pas d’ailleurs le gage de notre ascendance sur elles?

Pourtant le Créateur de l’Univers, en qui 98% de notre peuple croient, a montré un tout autre destin pour nos jeunes et nos femmes comme des citoyens à part entière. Parfois, Il nous montre l’exemple de Ses messagers Issa (30ans) et Muhammad (40ans) qui ont souffert l’hostilité des vieux de leur temps qui récusaient leurs nouvelles idées et défendaient au nom de la TRADITION leur statu quo. Parfois, Il cite l’exemple de simples jeunes croyants comme ceux de la Caverne et des jeunes femmes croyantes comme la Sainte Marie et la Sainte Assia qui ont soutenu la vérité et les plus démunis mieux que la plupart des hommes. Ainsi, notre Créateur a-t-Il fait des jeunes, des femmes et des vieux des partenaires égaux dans la construction de la société. Convient-il à un partenaire de censurer son co-partenaire sur leur affaire commune n’ayant d’autre argument que son prétendu droit de naissance ?

Son Excellence Monsieur le Président,

Notre Nation regorge de jeunes et de femmes talentueux, des génies exceptionnels qui ne peuvent lui profiter s’ils ont permanemment à leurs cous et à leurs bouches les mains de leurs pères et grands-pères qui veulent à jamais rester maîtres de leur destin. C’est contre les lois de notre Créateur et les droits fondamentaux proclamés par notre Communauté humaine. Monsieur le Président, vous devez faire quelque chose, rappeler à nos pères qu’entendre la vérité ou être contredits par des arguments logiques n’est pas une insulte d’où qu’ils viennent, que l’ancien statu quo ne doit pas être réinstauré au risque de menacer la survie même de notre peuple en tant qu’Etat et de le maintenir dans le sous-développement ; et rappeler à nos jeunes qu’ils doivent se sentir libres d’exprimer leurs génies et de dire la vérité.

Son Excellence Monsieur le Président,

Par ailleurs, je voudrais vous rappeler que ceux qui crient aux élections en Juillet sont les mêmes qui le faisaient en début 2012 pendant que nos frères mourraient à KIDAL sous les balles de l’ennemi. Ils ont toujours été impatients pour leurs intérêts personnels, cherchant à sécuriser le pouvoir de leur minorité en temps de paix comme en temps de guerre. Pour ces gens, le VOTE semble être une fin en soi, non un moyen pour mettre notre peuple à l’abri du besoin et de la peur.

Son Excellence Monsieur le Président,

Les jeunes hommes et femmes ont peur pour leur avenir, nos aînés se sont trompés à plus de deux fois, et ils semblent se diriger encore une fois dans la même voie du Pacte National de 1991 et des Accords d’Alger de 2006 qui ont préparé le terrain à la guerre d’aujourd’hui qui sévit dans notre pays.

Je ne vous pardonnerai pas Monsieur le Président si vous fermez les yeux et ne protégez pas notre peuple d’une nouvelle dérive. Les générations futures non plus ne vous le pardonneront, l’humanité même ne vous le pardonnera point car, vous lui aurez privé des génies des plus précieux pour son progrès. Et alors, je vous demanderai des comptes ici-bas et si je ne le puis je le ferai à l’au-delà. Je ne vous lâcherai pas…

Son Excellence Monsieur le Président,

J’aime mon pays, je vous aime donc en tant que personne et citoyen malien. Mais ne me demandez pas d’oublier les faits car je répèterai à coup sûr les mêmes fautes que mes prédécesseurs. Au contraire, nous devons regarder l’histoire avec courage et en tirer toutes les leçons.

J’ose compter sur votre instinct patriotique pour redonner à notre peuple l’énergie d’une nouvelle mentalité et d’une nouvelle responsabilité assumée.

Votre concitoyen et fils en humanité,
Mahamadou Konaté
Jeune chercheur malien CERIS, UCAD, Dakar.
Malien Koura

Aucun commentaire: