Des mines de cuivre de Zambie aux rues polluées d'Athènes, du désert libyen au dédale des rues de Jérusalem, le monde ne s'est pas arrêté pour la réélection de Barack Obama. Mais certains, vendeur, chauffeur de taxi ou chômeur, avaient, l'espace d'un instant, les yeux tournés vers les Etats-Unis. | Sia Kambou
1/3 Des mines de cuivre de Zambie aux rues polluées d'Athènes, du désert libyen au dédale des rues de Jérusalem, le monde ne s'est pas arrêté pour la réélection de Barack Obama. Mais certains, vendeur, chauffeur de taxi ou chômeur, avaient, l'espace d'un instant, les yeux tournés vers les Etats-Unis.
- LUSAKA - Il fait déjà chaud quand Angela Banda, une Zambienne de 36 ans, vend ses fruits dans une rue de Lusaka. "C'est un grand moment pour nous, les Africains", dit-elle. L'effet Obama fonctionne toujours. "Les Africains ne sont plus regardés comme des être humains de seconde catégorie", souligne-t-elle.
Dans ce pays pauvre, le président américain est si populaire qu'une liqueur bon marché porte son nom.
Comme beaucoup d'Africains qui s'approprient Obama et ses origines kényanes, Michael Kaumba parle de "notre" président. Et promet de boire de l'Obama à la santé du président réélu.
- KAMPALA - Pour l'Ougandais Stephen Langa, les nouvelles des Etats-Unis ont le goût amer de la défaite. "Il ne faut pas s'attendre à quatre bonnes années pour l'Afrique et le reste du monde", estime cet activiste anti-homosexuel, directeur de Family Life Network, un lobby lié aux puissantes églises évangélistes américaines.
"Obama a certes promu la démocratie, la bonne gouvernance et l'Etat de droit, mais il a aussi mis en avant l'homosexualité ou l'avortement et a poussé des pays en voie de développement à prendre des positions qui n'étaient pas les leurs", regrette-t-il.
- ATHENES - L'histoire de Dimitris Tsikerdis est une histoire grecque et européenne, un résumé de la crise de l'euro, des politiques européennes d'austérité. C'est aussi celle d'un Européen déçu par l'Obama de 2008 et qui ne croit plus à l'Obama de 2012.
"Obama voulait changer des choses, mais il n'a rien changé du tout", dit cet informaticien, qui connaît depuis trois ans le déclassement que vit une partie de la société grecque, passant d'un contrat de travail précaire à un autre.
"La politique américaine restera la même", déplore ce grand brun de 35 ans qui a longtemps cherché à émigrer en Australie avant de renoncer.
"Il a suivi la même politique en Afghanistan, et en Grèce il ne changera rien non plus, même si beaucoup de gens pensent qu'Obama sera mieux pour nous", explique cet homme marié qui va devenir père dans quelques mois alors que son contrat d'analyste-programmeur dans un ministère expire en décembre.
Dans les rues d'Athènes, la présidentielle américaine est à peine un bruit de fond. Les policiers anti-émeutes se préparent à une importante manifestation au milieu des poubelles qui ne sont plus ramassées, des banderoles et des affiches d'appels à la grève.
- BAGDAD - Dans la capitale irakienne longtemps occupée par les troupes américaines, les attentats quasi-quotidiens et la crise politique occupent plus les esprits que la personnalité du locataire de la Maison Blanche.
Ahmd al-Qaissi, propriétaire d'un labo photo sur la place Tahrir (Liberté, en arabe) de la capitale irakienne, balaie d'un revers de la main tout président américain. "Quel que soit le président américain, les Etats-Unis sont un pays agressif", dit-il.
- KANDAHAR - Le pays de "LA" guerre d'Obama, la priorité militaire du président pendant son premier mandat après les années Bush et l'Irak, montre une indifférence générale à l'égard de l'élection.
"Pour moi, cela n'a pas vraiment d'importance", résume Nasroullah, un vendeur de téléphones portables de Kandahar, le berceau des talibans dans le sud afghan. "Obama ou Romney, c'était du pareil au même. Bush, Obama, aucun n'a pu régler les problèmes de l'Afghanistan", estime-t-il.
- ISLAMABAD - A la veille de l'élection, le Pakistan était le seul pays à préférer Mitt Romney à Barack Obama, selon un sondage commandé par la BBC. Autant dire que lorsqu'un Pakistanais soutient Obama, son enthousiasme est modéré. "J'ai entendu que les musulmans américains préféraient Obama à Romney, donc le premier est peut-être moins dangereux que le second", estime Mohammed Doost, un mollah de 57 ans à la barbe grise et en chemise longue traditionnelle, assis à même le sol dans son modeste bureau adjacent à la mosquée Rouge.
"Mais le principal argument de campagne d'Obama a été l'assassinat de Ben Laden, qu'il a présenté comme son plus grand accomplissement, et c'est pour cela qu'il a gagné", ajoute le mollah.
Devant son magasin, le moustachu Khurshid Ahmad Qureshi, président de l'association des bouchers du Pakistan, est plus optimiste et estime qu'Obama réélu "peut faire mieux pour le Pakistan".
PARIS - En France, pays le plus obamaphile de la planète avec presque 80% de soutien, l'annonce de la victoire d'Obama a été reçue comme un soulagement. Et parfois avec humour. Comme l'écrivain Jérôme Ferrari, couronné par le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt: "Vous savez que Barack Obama a été élu aujourd'hui, vous ne manquez pas un peu de sens de la hiérarchie?", a-t-il lancé aux dizaines de journalistes qui l'assaillaient de toutes parts.
- LUSAKA - Il fait déjà chaud quand Angela Banda, une Zambienne de 36 ans, vend ses fruits dans une rue de Lusaka.
Dans ce pays pauvre, le président américain est si populaire qu'une liqueur bon marché porte son nom.
Comme beaucoup d'Africains qui s'approprient Obama et ses origines kényanes, Michael Kaumba parle de "notre" président. Et promet de boire de l'Obama à la santé du président réélu.
- KAMPALA - Pour l'Ougandais Stephen Langa, les nouvelles des Etats-Unis ont le goût amer de la défaite. "Il ne faut pas s'attendre à quatre bonnes années pour l'Afrique et le reste du monde", estime cet activiste anti-homosexuel, directeur de Family Life Network, un lobby lié aux puissantes églises évangélistes américaines.
"Obama a certes promu la démocratie, la bonne gouvernance et l'Etat de droit, mais il a aussi mis en avant l'homosexualité ou l'avortement et a poussé des pays en voie de développement à prendre des positions qui n'étaient pas les leurs", regrette-t-il.
- ATHENES - L'histoire de Dimitris Tsikerdis est une histoire grecque et européenne, un résumé de la crise de l'euro, des politiques européennes d'austérité. C'est aussi celle d'un Européen déçu par l'Obama de 2008 et qui ne croit plus à l'Obama de 2012.
"Obama voulait changer des choses, mais il n'a rien changé du tout", dit cet informaticien, qui connaît depuis trois ans le déclassement que vit une partie de la société grecque, passant d'un contrat de travail précaire à un autre.
"La politique américaine restera la même", déplore ce grand brun de 35 ans qui a longtemps cherché à émigrer en Australie avant de renoncer.
"Il a suivi la même politique en Afghanistan, et en Grèce il ne changera rien non plus, même si beaucoup de gens pensent qu'Obama sera mieux pour nous", explique cet homme marié qui va devenir père dans quelques mois alors que son contrat d'analyste-programmeur dans un ministère expire en décembre.
Dans les rues d'Athènes, la présidentielle américaine est à peine un bruit de fond. Les policiers anti-émeutes se préparent à une importante manifestation au milieu des poubelles qui ne sont plus ramassées, des banderoles et des affiches d'appels à la grève.
- BAGDAD - Dans la capitale irakienne longtemps occupée par les troupes américaines, les attentats quasi-quotidiens et la crise politique occupent plus les esprits que la personnalité du locataire de la Maison Blanche.
Ahmd al-Qaissi, propriétaire d'un labo photo sur la place Tahrir (Liberté, en arabe) de la capitale irakienne, balaie d'un revers de la main tout président américain. "Quel que soit le président américain, les Etats-Unis sont un pays agressif", dit-il.
- KANDAHAR - Le pays de "LA" guerre d'Obama, la priorité militaire du président pendant son premier mandat après les années Bush et l'Irak, montre une indifférence générale à l'égard de l'élection.
"Pour moi, cela n'a pas vraiment d'importance", résume Nasroullah, un vendeur de téléphones portables de Kandahar, le berceau des talibans dans le sud afghan. "Obama ou Romney, c'était du pareil au même. Bush, Obama, aucun n'a pu régler les problèmes de l'Afghanistan", estime-t-il.
- ISLAMABAD - A la veille de l'élection, le Pakistan était le seul pays à préférer Mitt Romney à Barack Obama, selon un sondage commandé par la BBC. Autant dire que lorsqu'un Pakistanais soutient Obama, son enthousiasme est modéré. "J'ai entendu que les musulmans américains préféraient Obama à Romney, donc le premier est peut-être moins dangereux que le second", estime Mohammed Doost, un mollah de 57 ans à la barbe grise et en chemise longue traditionnelle, assis à même le sol dans son modeste bureau adjacent à la mosquée Rouge.
"Mais le principal argument de campagne d'Obama a été l'assassinat de Ben Laden, qu'il a présenté comme son plus grand accomplissement, et c'est pour cela qu'il a gagné", ajoute le mollah.
Devant son magasin, le moustachu Khurshid Ahmad Qureshi, président de l'association des bouchers du Pakistan, est plus optimiste et estime qu'Obama réélu "peut faire mieux pour le Pakistan".
PARIS - En France, pays le plus obamaphile de la planète avec presque 80% de soutien, l'annonce de la victoire d'Obama a été reçue comme un soulagement. Et parfois avec humour. Comme l'écrivain Jérôme Ferrari, couronné par le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt: "Vous savez que Barack Obama a été élu aujourd'hui, vous ne manquez pas un peu de sens de la hiérarchie?", a-t-il lancé aux dizaines de journalistes qui l'assaillaient de toutes parts.
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