mardi 27 novembre 2012

La Tribune Online - Le conflit en 3 points

La Tribune Online - Le conflit en 3 points
Suprématie et déclin. La population touarègue est difficile à estimer, car à cheval entre six pays : Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Mauritanie et Niger. Considérés comme les habitants historiques de la région du Sahel, les Touareg font donc l’objet d’une estimation comprise dans une fourchette trop large de 1,5 à 2, 5 millions d’individus. Leur langue est le Tamasheq, qui présente beaucoup de similitudes avec le berbère parlé en Afrique du nord. Les historiens leur reconnaissent la paternité de la fondation de cette ville de légende que fut Tombouctou, entre le XIe et le XIIe siècle. Le commerce transsaharien, très florissant, a été leur activité dominante pendant plusieurs siècles. Hommes du désert par excellence, ils se font aussi appeler les «hommes bleus», en référence à la teinte bleu indigo que laisse sur leur peau les voiles ou chèches dont ils se recouvrent la tête et le visage. Leur relative suprématie, qui a duré pendant des siècles, va cependant laisser place à leur déclin. Farouchement opposés à la colonisation française, ils ne seront pas mieux lotis avec le recouvrement des indépendances des années 50-60. Leur insoumission à l’occupation et l’absence de scolarisation qui en découlait les ont empêchés de faire partie des élites dirigeantes de leurs pays respectifs. Ce retournement de l’histoire a fait d’eux des laissés-pour-compte de la région. Tenus à l’écart du pouvoir politique, ils subissent, en outre, les méfaits de la sécheresse et de la désertification qui donnent le coup de grâce à ce qu’il leur restait de pouvoir économique. Il est vrai que le Mali est un pays très pauvre (175e au classement du développement humain), mais les Touareg sont encore moins bien nantis que leurs concitoyens des régions du sud du pays.


Germes de rébellion. Fin des années 80 début 90, les Touareg entrent en rébellion armée dans le nord du Mali. Le Mnla  (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), qui a succédé au Mpla, est le mouvement qui porte la rébellion touareg au Mali. Il s’agit d’une fédération de plusieurs mouvements rebelles touareg fédérés pour revendiquer l’autodétermination de l’Azawad, un vaste territoire de peuplement majoritaire targui (essentiellement des nomades) et qui englobe les trois régions de Gao, Kidal et Tombouctou, sous contrôle des groupes islamistes d’Aqmi et d’Ansar Eddine depuis avril dernier, quelques jours après le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Toumani Touré. Estimant que le peuple touareg est opprimé, le Mnla souhaite une consultation populaire sur l’autodétermination de l’Azawad. Mais dans les tractations en cours, il lui est demandé de mettre en sourdine cette revendication et de s’inscrire dans une démarche unitaire.


Laïcs contre islamistes. Dans aucune de ses déclarations ni revendications , le Mnla ne fait référence à l’islamisme, contrairement à Ansar Eddine, fondé au lendemain de la chute du régime de Maâmar Kadhafi en 2011, par un ancien leader du Mnla, Iyad AG Ghali. Seule une convergence factuelle sur le plan militaire a poussé le Mnla à s’allier avec Ansar Eddine qui, lui, veut imposer la chariâa dans les zones qu’il occupe. Preuve de sa bonne volonté et de son rejet de l’islamisme, le Mouvement a livré, ce mois de novembre, de violents combats contre les éléments de l’autre mouvement islamiste, le Mujao, autour de la localité de Ménaka. Point important à préciser, la rébellion touarègue n’a participé ni de près ni de loin, ni joué aucun rôle dans le coup d’Etat militaire du 22 mars. Mais elle en est une des causes, sinon la principale, du putsch mené par le capitaine Sanogho. Le motif en était l’incapacité du président Toumani Touré de contrer l’avancée de la rébellion touarègue. Le coup d’Etat a cependant accéléré la décomposition de l’armée malienne qui a abandonné, sans combattre, le terrain aux rebelles à qui il n’a pas fallu plus de deux semaines pour s’emparer des trois villes du Nord. A.S.

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