INTERVENTION AU NORD-MALI - Les Editions Le Pays
Le nouvel enlèvement d’un Français au Mali ne fait que confirmer la gravité de la situation que vit le pays. C’est la preuve aussi que les preneurs d’otages continuent de s’adonner à leur activité favorite. Et pourtant, tout le monde semble traîner les pieds pour mettre de l’ordre dans le pays. Quand planait encore le doute sur l’évolution positive de la demande d’une résolution onusienne pour une intervention militaire au Nord-Mali, la CEDEAO et la France faisaient croire qu’une fois cette incertitude levée, l’opération elle-même pourrait intervenir de façon imminente. Mais plus la certitude de l’action militaire se renforce, plus des voies s’élèvent, même parmi celles qui appelaient de tous leurs vœux la solution armée, pour inciter au dialogue. La probabilité de voir se concrétiser dans les meilleurs délais l’assaut militaire contre les occupants illégaux de la partie nord du Mali se minimise ainsi avec le temps. Et à force de s’éloigner de jour en jour comme une ligne d’horizon, l’intervention dont dépend le salut des populations du nord de l’ex-Soudan français pourrait bien ne plus avoir lieu ou arriver comme un médecin après la mort. Ce ne sont en tout cas pas les récentes déclarations de Romano Prodi, émissaire des Nations unies pour le Sahel, qui laisseront espérer une opération rapide. Tout en insistant sur le fait que sa mission à lui n’est pas militaire mais consiste plutôt à tout faire pour éviter la guerre, l’ancien président de la Commission de l’Union européenne écarte toute probabilité d’une action militaire avant septembre 2013. Si ce n’est de la confusion, la situation qu’engendrent les fixations de dates du reste jamais précises y ressemble fort. Qui de la CEDEAO, de la France et de l’ONU détient le vrai calendrier de déploiement des troupes africaines coalisées et auquel l’on peut enfin se fier ? Que l’envoyé spécial de l’ONU sorte du bois, au moment même où des acteurs s’activent pour faire avancer le dossier malien devant le Conseil de sécurité en vue d’obtenir une intervention urgente, pour tout remettre en cause, cela fait quand même désordre. Le cafouillage auquel l’on assiste actuellement crée une sorte de cacophonie diplomatique qui n’est point faite ni pour arranger les choses, ni pour rassurer les bénéficiaires de l’opération. Curieusement, les communautés africaines et internationales semblent désormais toutes s’accorder, comme par enchantement, sur une certaine nécessité de revenir au dialogue. Les relatives récentes concessions faites par le MNLA et Ansar Dine et l’apparente disposition à négocier de ces derniers y sont forcément pour quelque chose. Une chose qui est tout à fait normale est de croire encore à un possible dénouement pacifique de la crise malienne en ce sens que c’est l’issue la moins fâcheuse qui soit. Une autre, qu’il faut à tout prix éviter, c’est de persister dans des contradictions inutiles entre les propos et les actes. Car, à force de se tirailler et de louvoyer, les parties prenantes à l’intervention militaire ne font que prolonger la souffrance des populations opprimées du Nord-Mali. L’on ne peut prétendre vouloir affranchir les Maliens du nord de la barbarie islamiste et en même temps préconiser un dialogue qui, en plus d’avoir plusieurs fois échoué, ne s’est jamais basé sur un principe rigoureux, fiable et logique. Il a toujours été difficile de savoir exactement ce que le médiateur de la CEDEAO négocie avec les rebelles islamistes et touaregs : le renoncement à l’indépendance ou l’abandon de la charia qu’ils ont toujours promis énergiquement de ne jamais lâcher ? A moins que l’on ne soit pas sûr que les moyens humains, matériels, techniques et logistiques seront au rendez-vous, il est temps de mettre fin aux tergiversations qui ne servent ni l’affinement de la stratégie à mettre en place, ni le retour de la paix au Nord-Mali. La poursuite du dialogue avec les rebelles qui y sont sensibles ne doit pas ralentir le processus de l’intervention militaire. Au contraire, les négociations doivent accompagner l’action militaire qui, à son tour, pourrait amener les plus radicaux à fléchir leurs positions et à accepter de négocier. Autant donc le dialogue doit préparer l’inévitable guerre, autant cette guerre qu’il faut engager au plus vite doit susciter chez le MUJAO et AQMI l’envie ou l’obligation de dialoguer. Le maintien du rythme accéléré de la préparation de la guerre est d’autant plus important qu’au cas où ces derniers refuseront tout compromis, il faudra les faire déguerpir. L’on doit donc arrêter la cacophonie diplomatique au profit du maintien de la veillée d’armes nonobstant le dialogue amorcé.
« Le Pays »
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