jeudi 29 novembre 2012

L'Expression - Le Quotidien - Les préalables d'une guerre

L'Expression - Le Quotidien - Les préalables d'une guerre
Puisque l'occasion se présente, pourquoi ne pas commander des drones au partenaire américain? Pourquoi ne pas acheter du matériel électronique de surveillance?
 La Cédéao a estimé le coût des opérations à 500 millions de dollars pour six mois
Qui va financer la guerre contre Al Qaîda au Nord-Mali? Qui chapeautera la chaîne de commandement durant cette guerre?
Y a-t-il une cohérence au sein des dirigeants maliens? L'Algérie a-t-elle suffisamment sécurisé ses frontières pour éviter un reflux des éléments terroristes lors de cette intervention? Ce sont autant de préalables qui doivent être impérativement réglés avant le lancement de l'attaque militaire contre les groupes terroristes maintenant que le principe de cette intervention est retenu. Commençons d'abord par le financement des opérations. La Cédéao a estimé le coût des opérations à 500 millions de dollars pour six mois, soit une bagatelle de un milliard de dollars puisque l'intervention s'étalera sur au moins une année.
En situation de crise économique aiguë, les pays occidentaux, partisans de la guerre au nord du Mali, ne peuvent pas se permettre une telle dépense. C'est ce qui explique d'ailleurs le léger fléchissement de la position française. «Nous avons défendu avec insistance l'option militaire dans le but de pousser les différentes parties au dialogue, ne pas sombrer dans le statu quo et nous pensons que les choses évoluent», confie une source diplomatique française parlant sous couvert de l'anonymat. Une idée transparaît dans la demande formulée le 15 novembre dernier par le président François Hollande envers le président malien, Dioncounda Traoré, l'incitant à une «intensification du dialogue avec les représentants des populations du nord de ce pays qui rejettent le terrorisme».
Selon le porte-parole du Quai d'Orsay, conformément à l'échéancier fixé par la résolution 2071 du Conseil de sécurité des Nations unies, «la France attend que le secrétaire général des Nations unies présente son rapport. Il devrait le faire très rapidement, dans les jours qui viennent. C'est sur la base de ce rapport que le Conseil de sécurité pourra autoriser le déploiement d'une opération africaine au Mali, par l'adoption d'une nouvelle résolution».
Cette même facture justifie les propos tenus par l'envoyé spécial de l'ONU sur le Sahel, Romano Prodi, qui a catégoriquement exclu une intervention «avant septembre 2013». Une fois cet écueil financier dépassé, se posera le problème de la chaîne de commandement. L'armée malienne est catégorique: il n'est pas question que les militaires de la Cédéao chapeautent cette opération. Les chefs militaires maliens refusent, en effet, que la Cédéao prenne le commandement des opérations.
Selon une source diplomatique algérienne «ce refus ne manquera pas de susciter un vif débat au sein du Conseil de sécurité» Ces dissensions au sein des chefs militaires maliens constituent un véritable casse-tête pour les partisans de la guerre. Surtout que cette même armée est complètement disloquée.
Selon un audit effectué par des experts de l'Union européenne, les 3/4 du matériel militaire malien est, soit hors d'usage par sa vétusté, soit récupéré par les groupes terroristes. Il va falloir donc, former, reconstituer cette armée et l'assister sur le plan logistique, ce qui prendra beaucoup de temps. Reste un dernier élément dans cette équation complexe: la sécurisation des frontières. Selon des observateurs très au fait de la situation dans la région, c'est l'un «des principaux verrous qui bloquent une intervention militaire au-delà du sacro-saint principe de la non-intervention militaire étrangère défendue par l'Algérie».
Pays limitrophe, l'Algérie partage 1261 km de frontière avec le Mali, il serait suicidaire pour qu'elle cautionne une intervention au nord du Mali sans que ses frontières ne soient sécurisées.
Une sécurisation stricte à même d'endiguer un reflux des éléments terroristes. Cela nécessite, en plus des milliers de soldats sur place, des moyens physiques, comme les murs, les fils barbelés, et un matériel de surveillance sophistiqué.
Si sur le plan humain l'Algérie a pris ses dispositions, l'a-t-elle fait sur le plan matériel? Puisque l'occasion se présente, pourquoi ne pas commander des drones au partenaire américain? Pourquoi ne pas acheter du matériel électronique de surveillance?

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