jeudi 29 novembre 2012

Narco trafic au Sahara : Des preuves contre ATT | Mali Actualités

Narco trafic au Sahara : Des preuves contre ATT | Mali Actualités
Narco trafic au Sahara : Des preuves contre ATT
 11 heures | 9 commentaires




 Ils sont généraux de l’armée malienne, hommes politiques, élus locaux, tous trempés dans le pernicieux réseau de trafic de la drogue. Un rapport ultra confidentiel des services secrets américains, révélait il y a peu que neuf généraux maliens étaient impliqués dans le trafic de cocaïne au Sahara. Le principal baron du réseau n’est personne d’autre que l’ex président  de la république Amadou Toumani Touré. L’implication de son épouse dans l’affaire dite « Air Cocaïne » (nous y reviendrons) est la preuve parfaite de l’existence de la mafia au sommet du pouvoir. Mais il y a pire.
« Entre janvier 2006 et  mai 2008 284 kilos de cocaïne ont été saisis en Europe à l’arrivée de vols en provenance du Mali, ce qui situe le pays à une 4e place ouest africaine. Au niveau du nombre de passeurs arrêtés à l’arrivée en Europe, l’aéroport de Bamako fournissait même le second contingent ouest africain, surpassé uniquement par celui de Conakry, soit un classement très disproportionné par rapport à l’importance du trafic aérien entre le Mali et l’Europe. » Le rapport du GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) paru en 2012, est sans ambigüité : le Mali, jadis enclavé et sans intérêt particulier pour les passeurs, tout comme la Mauritanie et le Niger sont devenus des pays de transit massif ; les saisies aux aéroports européens ne sont que la partie visible d’un iceberg de coke qui se balade tranquillement tout au long de la mer saharienne. En plein Sahara, à Tinzaouatine, près de la frontière algérienne, 750 kilos de cocaïne ont été abandonnés par des contrebandiers qui se sont enfuis en traversant la frontière algérienne ; que dire d’Air Cocaïne, et de ses va et vient quotidiens portant non plus sur des centaines de kilos mais sur des tonnes. Dans au moins deux cas, les notables des localités de Gao et de Tarkint étaient présents aux atterrissages, tandis qu’à Kayes c’est l’armée qui avait balisé une piste improvisée pour « recevoir » quatre tonnes de cocaïne. Les ramifications que l’on retrouve sur plusieurs enquêtes impliquent des citoyens marocains, français, espagnols, maliens, et on en passe…
Le sujet a été parfaitement et longuement traité sur les pages d’Agoravox, pour qui s’intéresserait aux détails. Là n’est pas le sujet. Les autoroutes sahariennes de la cocaïne sont déjà un classique et soulignent parfaitement les liaisons existant entre les trafiquants latino-américains, les belligérants (Polisario, Touaregs, etc.), les islamistes d’AQMI et leurs adeptes, et enfin les forces armées et des acteurs politiques et économiques de la région. Ces derniers et l’armée ont toujours agit en quasi impunité : Georges Berghezan du GRIP souligne dans un entretient au quotidien Libre Belgique qu’il y a eu, début 2010, de très nombreux atterrissages de drogue à Kidal, Gao, Tombouctou. Lors de l’incident de Tarkint, selon l’ambassade des Etats-Unis, les services de renseignement maliens avaient bouclé la zone et les services anti-drogue n’y ont pas eu accès. Sur la dizaine de personnes arrêtées, la plupart ont été libérées- les trois derniers il y a peu, acquittés.
Les multiples joint venture entre mafieux, bandits caravaniers, islamistes-trafiquants, hommes d’affaires, militaires, politiciens, libérateurs et autres « révolutionnaires » visent essentiellement au contrôle de ce trafics. Derrière les « Révolutions », les coups d’Etat, les « libérations de territoires » et autres actions armées, se dessine en filigrane  des différents, des litiges, des « partages », des contestations et des « contrôles de la route » d’un trafic qui génère annuellement plusieurs milliards de dollars. La présence militaire US et française, excentrée et plutôt côtière, semble parfaitement inefficace, malgré les efforts d’un « patron local » des forces spéciales Christian Rouyer (ancien de la place Beauvau) à Sévaré et toute la technologie américaine. D’autant plus que des barbouzes et hommes d’affaires de ces deux pays jouent souvent sur plusieurs tableaux et ne dédaignent pas la manne venue du ciel latino – américain.
Ainsi, le « jeu » a monté de plusieurs crans. La déstabilisation du Mali en est la preuve la plus flagrante. Il faut certainement ajouter à cette dérive entropique la politique française en Libye. Non seulement le champ opérationnel s’est élargi sur un espace jusque là parfaitement contrôlé et négocié, mais en plus, des centaines de militaires et de combattants de Kadhafi ont rejoint les multiples factions agissant dans la région avec leurs armes, leurs véhicules blindés et autres 4X4. Il s’est ainsi créé un flagrant déséquilibre des forces qui a permis, entre autres, l’occupation du nord Mali par les forces revigorées des fondamentalistes d’Ansar Dine et les Touaregs du MNLA (désormais en conflit).
Les différents sur le partage de la coke entre les acteurs maliens ont abouti à un « coup d’Etat » et l’intervention en Libye a permis la création d’un nouveau glacis saharien, permettant aux groupes fondamentalistes de renforcer leur périmètre opérationnel et à mettre définitivement la main sur le trafic de cocaïne, du moins en ce qui concerne les réseaux et les filières sillonnant l’ancienne route du sel.
La destruction des sites religieux à Tombouctou par les fondamentalistes n’est à leurs yeux qu’une démonstration de force : elle indique qu’il faudra compter avec eux et qu’ils ont désormais suffisamment d’atouts pour pouvoir narguer la communauté internationale.
A NIAGAGALY
Source :  La Dépêche

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