mercredi 11 juillet 2012

SECURISATION DE LA TRANSITION - Les Editions Le Pays

SECURISATION DE LA TRANSITION - Les Editions Le Pays
Bamako tacle la CEDEAOPublié le mercredi 11 juillet 2012Page visitée 34 fois
Que fait donc la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au chevet du Mali, ce grand malade, qui semble de plus en plus récuser le soignant et ses remèdes ? Et à quel jeu s’adonnent les autorités maliennes face à l’organisation régionale ? En effet, pas plus tard que le 9 juillet dernier à
 Bamako, le gouvernement a décidé de mettre en place une force spéciale de 1 200 gendarmes et policiers maliens. Elle sera chargée, dit-on, de sécuriser les institutions du pays. Nul n’ignore pourtant que la CEDEAO envisage de mettre en place une force africaine ayant la même mission. Quels seront donc les rapports entre les deux forces ? L’incertitude persiste, et cela, tant que demeureront tapis dans l’ombre le capitaine Sanogo et ses partisans du sérail politique. Avec une armée divisée, des forces politiques disparates, comment parvenir à aplanir les divergences pour mener le combat face aux islamistes ? Il y a aussi que le Premier ministre actuel, Cheick Modibo Diarra, mène un jeu trouble. Des sources prétendent qu’il serait davantage favorable à la piste algérienne plutôt qu’à celle de la CEDEAO. Lors du sommet de la CEDEAO tenu le samedi dernier à Ouagadougou, six chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest lui avaient demandé de former, d’ici le 31 juillet, un nouveau gouvernement d’union nationale. Faute de cela, son gouvernement ne serait plus reconnu, et le Mali serait suspendu des instances régionales. Les dernières décisions de la CEDEAO produiront-elles les effets escomptés ? Seront-elles de nature à rassurer le président par intérim, Dioncounda Traoré en convalescence à Paris ? A ce qu’il semble, la troisième force créée par Bamako, sera composée de jeunes recrues. Mais il y a de quoi se demander si c’est la meilleure réponse à la crise de confiance actuelle et si cette autre force saura échapper à l’emprise du capitaine Sanogo et de ses hommes pour afficher une stricte neutralité. Certes, il ne s’agit là que de spéculations. Mais, si le jeu actuel se poursuit à Bamako, les acteurs politiques maliens risquent d’effaroucher leurs frères et voisins de l’organisation régionale. Les radicaux qui jouent les nationalistes indignés, risquent ainsi de mettre les populations encore plus en danger si la CEDEAO, exaspérée, se retirait du dossier. Peut-être ces individus sont-ils motivés à agir ainsi, parce que convaincus à ce stade de l’évolution de la situation, que jamais l’organisation n’en viendrait à prendre des mesures aussi draconiennes. Ce serait une première, et la solidarité régionale, tout comme les principes moraux africains, en prendraient un coup. Mais, au finish, qui en voudrait à l’organisation d’avoir, au moins, tenté l’impossible pour amener les acteurs politiques maliens à la raison, à faire leur part pour préserver la vie de leurs concitoyens, et recouvrer l’intégralité de leur territoire ? Laisser tomber l’organisation sous-régionale au profit d’autres médiations parallèles, ne profiterait pas au Mali, à court, moyen ou long termes. Ce serait de l’aventurisme. De telles initiatives saperaient assurément les acquis de longues années d’efforts d’intégration régionale. L’idéal donc, c’est de voir les Maliens faire table rase de leurs divergences pour donner la preuve qu’ils ont effectivement la volonté de défendre le pays et de protéger leurs populations. Voilà des mois que dure le calvaire. Et à deux pas du ramadan, la situation est vraiment déconcertante. Les acteurs politiques maliens ont montré leurs limites. Comment convaincre l’opinion de leur sérieux ? A travers le continent, on commence à se demander si ces gens ont vraiment la juste mesure des choses ? Ont-ils la même perception du danger que ceux qui voient la situation de l’extérieur ? La classe politique malienne mesure-t-elle suffisamment l’inconfort dans lequel ses mésententes placent la CEDEAO et la communauté internationale ? Quel que soit celui qui détiendra la réalité du pouvoir demain, il lui sera difficile de le gérer sans le concours des autres. Voilà comment on prépare la désaffection de ses concitoyens vis-à-vis de la chose politique ! Et c’est aussi de la même façon qu’on se prépare à répondre demain de ses agissements devant la Justice internationale qui observe.
En tout cas, la conduite actuelle donne de la classe politique malienne un tableau bien pitoyable. On a, en effet, le sentiment qu’à Bamako, on n’a nullement envie de prendre ses responsabilités, et monter au front. Loin du théâtre des opérations, on s’évertue à haranguer les foules, au fur et à mesure que les islamistes s’acharnent à tout détruire dans le Nord et à multiplier les exactions. On tend à divertir l’opinion par des fanfaronnades pendant que s’élèvent les plaintes des populations désespérées et convaincues d’avoir été abandonnées à leurs tortionnaires. En taclant la CEDEAO dans ses bonnes intentions et ses initiatives, les acteurs politiques maliens confirment qu’ils ne sont point préoccupés par la sécurisation de la transition, encore moins la libération du Nord. Seuls leurs petits intérêts mesquins comptent. Ah, boulimie du pouvoir et de la politique politicienne, quand tu nous tiens !
« Le Pays »

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