vendredi 7 décembre 2012

Malijet - Intervention militaire: l’Algérie à la manœuvre contre le Mali

Malijet - Intervention militaire: l’Algérie à la manœuvre contre le Mali

Intervention militaire: l’Algérie à la manœuvre contre le Mali

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Intervention militaire: l’Algérie à la manœuvre contre le Mali
Si la communauté internationale ne prend pas ses responsabilités face aux multiples manœuvres de l’Algérie, l’intervention militaire étrangère n’aura pas lieu au nord du Mali. Au grand dam de milliers d’enfants, de femmes et de chefs de familles meurtris dans leur chair, dans leur esprit et dans leur âme. Avec sa diplomatie, l’Algérie a miné le terrain jusque dans les allées des Nations unies. Du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon au Représentant de celui-ci pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit en passant par l’envoyé spécial de l’Onu pour le Sahel, Romano Prodi qui vient, lui aussi, de nommer son représentant au Mali, tous semblent hypnotisés par les méandres diplomatiques algériennes. Les preuves.
Au moment où les autorités maliennes, la Cedeao, le Tchad, l’Union africaine et la France s’activent pour diligenter l’intervention des forces étrangères dans le nord du Mali afin de bouter les jihadistes et terroristes hors de l’ensemble du territoire malien, l’Algérie multiplie le manœuvres diplomatiques par tous les moyens pour empêcher cette option.
Dans la stratégie arrêtée par les autorités algériennes, leur compatriote, Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, fut le premier pion à être poussé. Dès les premières heures du coup d’Etat du 22 mars, l’homme s’est associé au processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel enclenché par la Cedeao et l’Union africaine. C’est ainsi qu’on l’a souvent vu à Bamako, à Ouagadougou et à Abidjan pour suivre le dossier. Et, sans doute, faire le point à Alger. Et, actuellement, il est très présent dans les phases de négociations avec les groupes armés qui occupent le nord du Mali. Là aussi, plus pour l’Algérie qu’au compte de son employeur l’Onu. Saïd Djinnit travaille incontestablement pour son pays avec pour mission d’user de son costume onusien pour saboter le processus qui mène à l’intervention.
Dans son travail, Djinnit a-t-il montré certaines limites ? Toujours est-il que l’Algérie est passée à la seconde phase en mettant tout son poids dans la balance à la nomination de l’envoyé spécial de l’Onu pour le Sahel. Des sources dignes de foi révèlent que c’est l’Algérie qui a convaincu le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de nommer Romano Prodi à ce poste, alors même que l’Italien était en lice avec un Algérien et un autre Africain Obasanjo. Mais l’Algérie avait fait ses calculs. Primo, avec le compatriote, le jeu aurait été trop voyant ; secundo, l’ancien président nigérian est « incontrôlable » ; tertio, l’ancien président de la Commission européenne serait connu pour être manipulable à souhait. Sans oublier les relations algéro-italiennes auxquelles il faudra juste donner un coup de fouet.
Prodi installé, il ne restait plus qu’à l’actionner par le biais des relations de coopération citées plus haut. C’est la troisième phase du blocage de l’intervention militaire. Ici, il convient de bien suivre ce que l’Algérie va faire.
Le 14 novembre, le président du Conseil des ministres italien, Mario Monti, effectue une visite officielle en Algérie à l’invitation du président algérien Abdelaziz Bouteflika ; une visite rentre officiellement dans le cadre du « Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signés entre l’Algérie et l’Italie le 27 janvier 2003 ». Ce sommet algéro-italien était le deuxième du genre à Alger après celui tenu en …2007.
A l’occasion, l’Algérie et l’Italie ont signé trois accords de coopération et cinq mémorandums d’entente. Les accords concernent une convention de coopération entre les ministères dela Défensedes deux pays dans le domaine de l’aviation, un accord de coopération concernant le domaine du transport maritime, et un accord relatif à la coordination dans les opérations de recherche et de sauvetage maritimes.
Sur les cinq mémorandums d’entente, quatre portent sur la coopération industrielle et la promotion du partenariat, les archives, la protection du consommateur et le contrôle des produits industriels et des services, ainsi que la coopération dans le domaine de la protection civile. Le dernier mémorandum d’entente a été signé entre l’agence nationale de promotion du commerce extérieur et l’organisme italien pour le développement du commerce extérieur.
Pourquoi ce regain d’intérêt subit entre les deux pays quelques jours seulement après la nomination d’un Italien pour le Sahel?
Mettre les bâtons dans les roues des pro-interventions
Mieux, la situation au nord du Mali a été abordée à Alger. Dans un entretien, le chef du gouvernement italien confiera dans un journal, qu’il privilégie une solution politique à la crise au Mali, sans toutefois exclure la voie militaire. « La résolution (2071) du Conseil de sécurité (sur le Mali) constitue une base commune dans laquelle toute la communauté internationale se reconnaît. Et elle privilégie très justement une solution politique sans exclure la voie militaire », a-t-il déclaré, avant de quitter Alger.
Une semaine plus tard, exactement le 20 novembre, Romano Prodi, l’ITALIEN, profitant d’un séjour au Maroc où il a eu des entretiens avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Eddine El Othmani, fait une déclaration fracassante à propos de l’intervention militaire au Mali. « Tous les experts (politiques et militaires) sont d’accord pour dire qu’une intervention militaire ne pourrait avoir lieu qu’en septembre 2013 », a dit l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahel. Une déclaration étonnante, mais suffisamment claire pour savoir qu’elle est préméditée, préparée, commanditée et qu’elle suit une logique montée d’Alger.
Dans la foulée de cette sortie de Prodi, le ministre algérien de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, réitère l’hostilité de son pays quant à une intervention militaire. Dans une radio, il dit : « Vouloir reconstituer l’unité du territoire malien par la force est une aventure qui ne pourra jamais réussir, car il s’agit d’engager une confrontation militaire qui risque d’exacerber les tensions dans toute la région ». Et ajoute : « Il faut un traitement politique qui consiste à amener les gens du nord (du Mali), qu’ils soient du Mnla ou d’Ansar Dine, à négocier librement avec les autorités centrales de Bamako pour aboutir à une solution permettant la réunification de ce pays. Après quoi, la guerre contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants, qui est indispensable pour expurger cette zone de toute cette menace, n’en sera que beaucoup plus facile ».
Pour en revenir à Romano Prodi, disons-le net : il est à la solde de l’Algérie. Il s’adosse aux autorités de ce pays et aux décisions venant d’elles pour exercer sa fonction. Donc, pour gérer le dossier du Mali dont il ne connaît le piètre mot.
Pour preuve, depuis qu’il a été nommé, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahel, n’a effectué qu’une visite éclair à Bamako (mais aucun tour dans les zones occupées), alors que c’est la situation au Mali qui a impulsé l’urgence à avoir un Représentant de Ban Ki-moon dans le Sahel. Pour le moment, les deux pays où Romano Prodi a séjourné, sont le Maroc et…l’Algérie.
Pour savoir jusqu’où Prodi est prêt à aller pour aider l’Algérie dans sa macabre stratégie d’empêcher l’intervention militaire au nord du Mali, il vient de nommer un assistant au Mali, un Ethiopien qui serait le beau frère de Saïd Djinnit dont la femme serait une Ethiopienne.
Ce que nous venons de relater constitue un tissu solide pour l’Algérie dans la mise en œuvre de sa manœuvre contre l’intervention militaire sous l’égide de la communauté internationale. Mais, ne l’oublions pas également, ce pays délègue ses émissaires à moult réunions (politiques et militaires) qui se tiennent dans le continent, la sous région et à Bamako sur la situation au Mali. Question d’espionner ? Sans doute.
Prenons garde de ce voisin qui, à travers sa diplomatie de nuisance, est entrain de mettre des bâtons dans les roues de tous les pro-interventions.
Sékou Tamboura


Source: L'Aube

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