Notre parti est foncièrement opposé aux négociations du jour. Mais peut être avons nous tort. Alors voici la question :
Est-il dans l’intérêt du Mali, de négocier sachant que les parties sont les suivantes :
1. Le médiateur est le président du seul pays qui ait fait la guerre au Mali deux fois depuis la bataille de Kirina en 1235.
2. La partie adverse le (MNLA et Ançar Eddine) qui ont trahi leur patrie bénéficie de la bienveillance de la communauté internationale.
3. Le gouvernement qui négocie, n’a aucun compte à rendre à aucune instance légitime de la République du Mali.
Ainsi, si les Maliens pensent qu’avec ces trois facteurs, il est conseillé de négocier, c’est comme si nous remettions le sort du Mali entre les mains
- de son ancien ennemi (espérant qu’il défendra nos intérêts),
- de ceux qui veulent le détruire (espérant qu’ils ont changé),
- de ceux qui sont trop faibles pour le construire (espérant qu’un miracle arrive).
Ensuite qu’allons-nous négocier à part tout ce qui a déjà été accordé ?
Que les rebelles reconnaissent l’intégrité du territoire et l’unicité du Mali, n’est pas une victoire, car cela est non négociable. Qu’ils renoncent à la charia n’est pas une victoire, car le Mali est un pays laïc. Alors quoi ? Qu’allons-nous négocier ? Qu’ils arrêtent de nous attaquer ? En échange de quoi ? Le Mali est-il tombé au point de céder dès que ses tortionnaires nous disent « venez, nous sommes fatigués de vous torturer, discutons » ?
Allons-nous consacrer la défaite de notre armée ?
Car c’est nous qui acceptons cet armistice après défaillance de nos troupes. Or la guerre c’est plusieurs batailles et seule l’issue finale compte ! Notre armée ne sera plus jamais respectée dans le monde si nous ne gagnons pas cette guerre. Or l’armée est l’un des piliers de toute nation qui se respecte. Notre peuple ne sera plus respecté, si nous ne lavons cet affront. « An kanà son ka gnoukou’n an yèrè là ! »
Les armements dit-on sont là. Est-ce donc les hommes qui manquent ? Allons-nous accepter que nos soldats ne soient pas à hauteur de tâche ? Qu’un rebelle vaut mieux qu’un soldat malien ? ONU ou pas, ils ont intérêt à relever défi !
De plus, le Mali ne pourra faire l’économie d’une guerre, car même si l’on abdique devant le MNLA et Ançar Eddine, il y aura toujours Aqmi et Mujao. Pensez-vous qu’ils vont renoncer à leur fanatisme et à leurs trafics par bénévolat soudain ? Ou bien pensez-vous que l’on ne retrouve pas les mêmes personnes dans Mujao, MNLA et Ançar Eddine au gré de leurs intérêts ? Ce serait bien naïf !
Une chose est certaine, certains veulent la paix en espérant même pactiser avec le diable ou ceux qui sont la cause de la ruine de notre paix. Ils doivent méditer l’histoire des peuples. A Munich, devenu synonyme d’abandon, de dérobade, de lâcheté, de honte, décapitulation, d’abdication et de déchéance, on voulait la paix à tout prix. On la voulait avec soulagement et Saint John Perse dira de ce soulagement « Ah oui, un soulagement. Comme lorsqu’on a fait dans sa culotte… »
Et Churchill dira « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ! »
Il est bon que notre armée sache qu’elle a un devoir patriotique. Il est bon également qu’elle sache qu’il y a d’autres Maliens patriotes. Si nos soldats décident d’aller libérer le Nord, nous la nouvelle génération d’hommes politiques maliens sommes prêts à accompagner nos soldats au front. Nous sommes volontaires et beaucoup de jeunes Maliens le sont.
Ouagadougou ne doit pas devenir le Munich malien !
Madani Amadou Tall, président du parti ADM
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