Mali-Onu : La résolution, pas la guerre - maliweb.net
Pas de calendrier précis, trop de conditions avant de se lancer dans une quelconque offensive. Il faut dire qu’à travers la résolution 2085, adoptée jeudi dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies est resté très prudent sur une intervention militaire au Mali.
Elle était très attendue au Mali et même au-delà. Elle a finalement été adoptée à l’unanimité, le 20 décembre, par les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu. Mais, il n’y a aucune raison de jubiler car, loin d’être une autorisation de guerre, cette résolution vise plutôt à obtenir un accord politique entre les autorités maliennes et les rebelles non terroristes. En effet, même si l’Onu autorise le déploiement d’une force régionale dans notre pays, la guerre n’est pourtant envisagée qu’en dernier recours. D’ailleurs elle n’aura probablement pas lieu avant septembre 2013 comme l’avait prédit Romano Prodi, envoyé spécial des nations unies pour le Sahel. Ceux qui déclaraient, il y a peu, que le Mali et ses amis n’attendront pas cette date pour aller à la reconquête du Nord devront donc chercher d’autres arguments pour convaincre les Maliens.
En effet, au-delà du fait qu’il n’avance pas de calendrier précis, le Conseil de sécurité, à travers cette résolution, retient un chapelet de conditions, préalables à une intervention armée dans notre pays. D’abord, il n’accorde qu’un an à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), celle-ci ne se bornant, dans un premier temps, de former les troupes maliennes. Ce n’est qu’en cas d’échec du volet politique, autrement dit les négociations, que la Misma interviendra dans le Nord du Mali, à condition que l’Onu soit satisfaite de la préparation des troupes. Aussi, l’Onu réclame l’instauration d’un pouvoir légitime à Bamako à travers l’organisation des élections présidentielle et législatives d’ici à avril 2013. Autre condition posée, l’organisation mondiale demande que l’Etat malien engage des négociations avec les groupes armés qui se seront dédouanés de tout lien avec les bandes terroristes. Il est donc clair que l’intervention dans le nord du Mali est désormais hypothéquée au profit de négociations politiques du reste dénoncées par beaucoup de Maliens. Il faut dire que cette situation était prévisible au regard des divergences de vue que les grandes puissances, notamment la France et les Usa, ont affichées, depuis, sur ce dossier. A défaut de faire totalement échec au vote de la résolution en question, elles ont vraisemblablement impacté son contenu. Pire, la France, jadis prompte à brandir la carte de l’intervention militaire au Mali, se faisait de plus en plus réservée. Cette résolution est donc un signal fort pour notre pays, surtout son armée. Une chose est claire, c’est que le peuple malien est, dans sa grande majorité, réticent à la tenue des élections générales avant la délivrance des régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Les autorités de la transition l’ont d’ailleurs réaffirmé à plusieurs reprises. Or, à l’analyse de la résolution que le Conseil de sécurité de l’Onu vient de voter, on comprend aisément que la communauté internationale est demeurée encore une fois sous le joug des Usa. En effet, le pays de l’oncle Sam, depuis le début de la crise, n’a jamais caché son désir de voir un pouvoir légitime à Bamako avant toute action militaire dans le nord de notre pays.
La gravité de la situation qui prévaut au Mali aurait voulu que nos forces armées soient appuyées par des troupes étrangères. Mais, il faut en convenir, il ne sert à rien d’implorer une communauté internationale qui a, jusque là, dessus sur le dossier Mali. Il importe de nos jours que le peuple malien et son armée tirent toutes les leçons de la résolution 2085 et prennent enfin leur destin en main. A cet effet, chaque Malien devra faire preuve d’engagement citoyen aux côtés des forces armées et de sécurité pour que nous nous engagions véritablement dans la voie de la reconquête de nos terres. Mais, quoiqu’on dise, il reviendra à l’armée de notre pays et à elle seule d’administrer la correction militaire souhaitée pour qu’enfin le peuple fier et digne du Mali puisse relever la tête.
Bakary SOGODOGO
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