dimanche 9 décembre 2012

La palabre malienne continue entre guerre et paix...

JOURNAL DU JEUDI - CETTE SEMAINE
La palabre malienne continue entre guerre et paix...
Même si «trop parler, c’est maladie», il y a palabre pour la guerre et palabre pour la paix. Alors qu’on poursuit activement la palabre de la guerre pour libérer le nord du Mali, l’enfant terrible de Ziniaré, lui, a réussi le coup de maître de réunir les enfants terribles de la crise malienne sous l’arbre à palabre de Kosyam...
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a jeté un gros seau d’eau fraîche sur la braise à peine incandescente de la «guerre du Mali». Dans son rapport au Conseil de sécurité, le chef de l’institution onusienne s’est en effet exprimé contre l’option de l’intervention militaire, soutenant plutôt la nécessité d’une solution politique négociée à la crise. «Je suis tout à fait conscient que si une intervention militaire dans le Nord n’est pas bien conçue et exécutée, elle pourrait aggraver une situation humanitaire déjà extrêmement fragile et entraîner aussi de graves violations des droits de l’homme», a-t-il souligné dans son rapport. Et puis, foi de Ban Ki-moon, la solution militaire risquerait de «ruiner toute chance d’une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d’assurer la stabilité à long terme au Mali».
Si cette sortie de SG de l’ONU n’est pas pour plaire à ceux qui veulent la guerre ici et maintenant, elle apporte de l’eau au moulin de ceux qui militent, ouvertement ou en sous-main, pour que tout le monde emprunte le train du dialogue et de la négociation. En tout cas, le Numéro un de l’ONU fait un pont d’or à Docteur Honoré, médiateur officiel de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui n’a jamais fait mystère de sa position pour une solution négociée. Il n’a d’ailleurs pas hésité à s’en ouvrir sur France24 en prenant les Corses et les Québécois à témoin. «Il y a des Corses qui demandent l’indépendance, mais on ne les attaque pas. Il y a des Québécois qui demandent l’indépendance, on ne les attaque pas non plus. On discute d’abord pour voir si on peut les intégrer dans la République», avait-il alors soutenu. Alors, pour le Mali aussi, il faut mettre tout le monde dans un panier à crabes et essayer de démêler les pinces.
Dans la forme, l’homme des «difficilitations» aiguës vient de réussir son coup. Ansar Eddine est sorti de sa boîte de sardine pour venir tchatcher à Simonville avec des Azawadiens finalement pas plus indépendantistes que cela, et même en compagnie des «légalistes» de Bamako. Premier face-à-face entre ces trois parties d’une crise qui cristallise les attentions et des intentions de l’Ouest-africain mais aussi de la «communauté internationale», ces proses de langue «techniques» et «exploratoires» devraient déboucher par la suite sur de véritables négociations. Reçu par l’enfant terrible de Ziniaré, le ministre malien des Affaires étrangères, plutôt optimiste, se dit «confiant» dans la médiation de Blaise Compaoré. «Le moment est venu d’examiner les possibilités d’amorcer un dialogue entre tous les fils et filles du Mali, pour que ce pays retrouve sa quiétude, son intégrité territoriale et toute son unité, afin de combattre la menace terroriste et rechercher les voies et moyens de développement du Mali», a diplomatiquement indiqué le chef de la diplomatie malienne.
On avance donc à grands pas... Ban Ki-moon juge une intervention militaire «risquée» au nord du Mali? Pas grave! La France, qui ne dénie pas l’importance d’«un véritable dialogue» entre les autorités maliennes et les groupes rebelles non terroristes du Nord-Mali, promet d’introduire un nouveau projet de résolution auprès du Conseil de sécurité pour réaffirmer «l’urgence d’une intervention armée dûment autorisée par l’ONU». Chacun en aura donc pour son compte...

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