lundi 18 mai 2015

L’Accord d’Alger, un cas d’école

L’Accord d’Alger, un cas d’école

Les Maliens ont écrit un nouveau chapitre de leur histoire. Un chapitre digne des grandes nations que les soubresauts de l’histoire plongent dans la violence et qui trouvent dans leur culture et leur expérience suffisamment de force pour emprunter le chemin de la réconciliation et de la paix après avoir succombé au langage des armes. Un chapitre supplémentaire pour ce pays qui doit ouvrir de nouvelles pages pour enraciner sur le terrain cette valeur de tolérance et du vivre ensemble même si les forces opposées à l’accord de paix, vont tenter de torpiller ce processus. L’histoire nationale de ce pays retiendra ce jour tout comme l’histoire régionale va inscrire sur ses tablettes la persévérance, la sagesse, et l’art diplomatique de la médiation internationale qui a accompagné les négociations de paix depuis presque une année. «Nous ferons tout pour réussir en vue du rétablissement de la paix, de la stabilité et de la prospérité au Mali et que le monde et l’histoire retiennent que l’Algérie n’a pas œuvré en vain», a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Plus que sa dimension historique, l’accord d’Alger est un cas d’école. C’est la première leçon. Un modèle transposable dans les tragédies similaires pour les populations qui ont vécu depuis des lustres sur un même territoire, à l’ombre d’un État et de ses institutions et que des forces destructrices (terroristes, narcotrafiquants…) tentent d’imploser. «Quand on a un marteau dans la tête, on voit en chaque problème un clou», dit un proverbe africain. L’Algérie qui privilégie la négociation politique et le dialogue inclusif dans le règlement des conflits a été le premier pays à mettre au service des Maliens sa machine diplomatique. Le résultat prouve qu’on peut semer les graines de la tolérance et de la démocratie sans avoir recours au tapis de bombes. L’engagement de l’Algérie en faveur de causes justes à travers le monde est une constante. Sa longue expérience dans la médiation internationale est ancienne. Elle n’a pas commencé avec la crise malienne. L’Union européenne, l’Union africaine, l’ONU et la totalité des États des deux rives de la Méditerranée ne se sont pas trompés en apportant leur soutien à la démarche algérienne et en acceptant, aussi, que la médiation internationale (qui comprend la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), l'Union africaine (UA), les Nations unies, l'Union européenne (UE) et l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.) soit dirigée par l’Algérie. Bien sûr aux Maliens de donner la forme qu’ils veulent à leur institutions. Le mérite de l’Algérie est d’avoir su trouver les arguments pour asseoir autour d’une même table des groupes opposés mais liés, par-delà leur différence, par une même destinée : celle de vivre dans un pays uni, démocratique et qui se construit sans violence.
La seconde leçon est celle qu’a dictée la clairvoyance de ceux qui ont signé cet accord conscients que l’escalade dans la violence et le basculement dans l’action militaire ne pouvaient que renforcer sur leur territoire la présence de groupes terroristes qui mettront au pas tous les autres groupes locaux qu’ils soient rebelles ou non, militaires ou civils. Quand on prend la peine de dérouler l’histoire récente de ce pays, inaugurée avec la rébellion touareg contre l’État central en 2012, suivie par l’irruption des groupes terroristes au Nord-Mali dans le jeu politique, les déclarations de partition du pays, le renversement du Président Amadou Toumani, l’intervention militaire de la France et, enfin, l’élection du Président Ibrahim Boubacar Keïta à la tête de l’État, on mesure l’importance et la portée stratégiques de ce texte. Un document qui réaffirme l’unicité, la laïcité, l’intégrité territoriale et le caractère républicain de l’État du Mali. Quatre dimensions cardinales qu’aucun groupe seul ne peut réaliser dans l’adversité.
In fine, il n’est que justice de reconnaître le mérite de la diplomatie algérienne dans cette mission. Le président du Ghana, John Dramani Mahama et président en exercice de la CÉDÉAO, de la Guinée, Alpha Condé, de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, le représentant de l’Union européenne pour le Sahel, Michel Reverend, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de la Commission européenne, Federica Mogherini, et d’autres encore ont déjà souligné le travail «remarquable» de l’Algérie dans la conduite de cette médiation.
Mohamed Koursi

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