vendredi 22 mai 2015

La rebellion touareg du Mali au-dela des cliches

La rebellion touareg du Mali au-dela des cliches

La rebellion touareg du
Mali au-dela des cliches

By Tamoudre 12/5/15
May 22, 2015 - 8:28:56
AM
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Revendiqué par les «hommes bleus», le nord du Mali est peuplé principalement
de populations subsahariennes. Une zone enclavée, longtemps négligée avant
d’être favorisée par une politique de décentralisation dans les années 90. Une
terre où les identités sont en conflit persistant.

Avec la crise au nord
du Mali, beaucoup de lecteurs ont appris que l’Azawad est le berceau des
Touareg, un peuple dénigré par les gouvernements maliens depuis l’indépendance
du pays en 1960. Cependant, rares sont les médias qui approfondissent la
démographie du territoire de l’Azawad revendiqué par le Mouvement national de
libération de l’Azawad (MNLA).

Il est donc nécessaire de rappeler la
diversité culturelle de la boucle du Niger, les acquis de la IIIe République du
Mali et de souligner les conséquences néfastes de cette crise sur les relations
communautaires entre les autochtones arabo-berbères et subsahariens.

Les
peuples de la boucle du Niger

Le nord du Mali est une mosaïque de peuples
arabo-berbères et subsahariens où se mêlent Songhaï, Bella, Touareg, Peuls,
Haoussa, […] Arabes, Maures et Bambara. Cependant, mises à part les zones de
Kidal et de Ménaka, les Touareg sont minoritaires dans le carrefour de la boucle
du Niger. Pourquoi donc le MNLA revendique-t-il les villes de Tombouctou et de
Gao ainsi que la zone au sud du fleuve Niger jusqu’à Douentza comme parties
intégrantes de l’Azawad? Est-ce qu’il y a eu une récente colonisation du nord du
Mali par des peuples non autochtones qui menaceraient l’identité touareg de
cette région?

A l’exception des conquêtes marocaines sous les dynasties
des Almoravides et des Saadiens, la boucle du Niger fut principalement dominée
par des peuples subsahariens jusqu’à la colonisation française. Cette domination
se traduisit par la formation des grands empires du Ghana (IXe-XIIIe siècles),
du Mali (XIIIe-XVIe), et du Songhaï (XVe-XVIe), et plus récemment, par l’Empire
peul du Macina (1818-1862). Cette population majoritaire de peuples subsahariens
a côtoyé les Touareg provenant du massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas. Tout
comme les Touareg, ces peuples sont des autochtones du nord du Mali. Est-ce que
leur opinion a été considérée par le MNLA? En tout cas, le choix du mot «Azawad»
n’est pas innocent: il s’agit d’un mot d’origine tamasheq (la langue des
Touareg) qui signifie littéralement «la terre de transhumance» en référence à
leur tradition nomadique. Certains interpréteront les revendications
territoriales du MNLA comme une résurgence du projet colonial français de
l’Organisation commune des régions sahariennes(entre 1957 et 1963) car une terre
de transhumance se caractérise plutôt par un mouvement circulaire dans un espace
souple. Même si le MNLA se proclame protecteur des peuples de la région, Azawad
signifie avant tout un espace dans lequel se lit uniquement l’identité
touareg.



La décentralisation de l’Etat malien

Le nord du
Mali ainsi que la majeure partie de l’arrière-pays souffrent d’une lacune en
matière d’infrastructures, en comparaison avec les grands axes du sud du pays.
Ce déséquilibre est dû au poids démographique du Sud, à l’importance économique
de sa culture cotonnière d’exportation et à une politique post-coloniale de
désenclavement du Mali par le sud avec le goudronnage des axes routiers liant
Bamako aux grands ports ouest-africains.

Le délaissement économique du
nord du Mali est ressenti par tous les peuples qui y habitent. Face à
l’hypercentralisme de l’Etat malien, à la grogne des populations septentrionales
et aux revendications touareg, le gouvernement malien a mis en œuvre une
ambitieuse réforme de décentralisation dans les années 1990. Trois niveaux de
collectivités territoriales ont été créés (Communes, Cercles, Régions). De
nombreux services de l’Etat se sont installés dans les villes régionales et ont
contribué au développement local du pays. Dès lors, de nombreuses ONG et agences
gouvernementales (dont la coopération suisse) négocient une importante partie de
leur aide directement avec ces collectivités décentralisées sans passer par
Bamako. Avec les Régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal, le nord du Mali a
été favorisé, eu égard à sa faible démographie. En 2012, cette décentralisation
se vit à travers le troisième mandat de ses représentants démocratiquement élus.
Malgré sa jeunesse, son implantation auprès des populations locales s’accroît.
Une nouvelle réforme de cette décentralisation réfléchit sur la mise en place de
la Région de Ménaka. Suite au Pacte national de 1992, de nombreux anciens
rebelles touareg ont pu intégrer l’armée, la police et la gendarmerie et de
nombreux Touareg ont depuis occupé des postes importants au sein de l’Etat
malien. Malgré un résultat mitigé, la IIIe République du Mali a travaillé pour
le développement du nord du Mali et l’intégration des Touareg en son sein depuis
1991.

Une paix durable est-elle possible?

Si le MNLA revendique la
mosaïque culturelle de la boucle du Niger comme partie intégrante de l’Azawad,
c’est surtout pour des raisons économiques. La viabilité des zones maliennes à
dominance touareg serait vouée à l’échec sans son intégration à cet important
carrefour économique. Aussi convient-il de respecter le principe
d’autodétermination du peuple touareg avancé par le MNLA, en veillant toutefois
à ce qu’il n’empiète pas sur les droits des autochtones subsahariens qui se
considèrent maliens. De plus, toute revendication politique suivant ce principe
n’aura qu’une faible légitimité si elle est imposée par la force. Le problème
qui se pose au MNLA est que la souveraineté économiquement touareg n’a que peu
de chances d’aboutir par le biais de l’indépendance des zones maliennes à
dominance touareg. De plus, la réaction à long terme des Touareg de l’Algérie et
du Niger face à cette revendication est crainte dans ces pays même. Par contre
une autonomie locale renforcée des Touareg à travers une décentralisation plus
efficace pourrait être plus crédible sur la scène locale et davantage acceptée
par la Cedeao et la communauté internationale.

Le nord du Mali est une
région enclavée qui ne peut se développer durablement sans une harmonisation des
relations communautaires entre les autochtones arabo-berbères et subsahariens.
Au-delà de la menace «islamiste» discutée dans de nombreux médias à travers le
monde, cette zone ne peut se pacifier durablement sans une prise en compte du
cycle de vengeance engendré par les différentes rébellions touareg (années 1960,
1990, 2000 et 2012). Malheureusement, les débordements (pillages, viols, abus
d’autorité) subis par la population locale durant ces conflits n’ont fait
qu’enflammer l’identité raciale et son amalgame entre ces peuples arabo-berbères
et subsahariens. Lors de la rébellion touareg de 1990-1991, de nombreux Arabes
et Touareg pacifistes ont été pris pour cible par des populations noires
subsahariennes alors qu’elles avaient été elles-mêmes victimes des rebelles
touareg.

Ces amalgames continuent à l’heure actuelle et ont tendance à
prendre de l’ampleur depuis la conquête du nord du Mali par la rébellion dite
touareg. Même si l’Etat malien a souffert de problèmes de gestion et de
gouvernance qui ont miné son efficacité réelle auprès des populations locales,
il faut souligner que les mariages entre les autochtones noirs subsahariens et
touareg demeurent limités et qu’une partie de l’élite touareg n’a jamais accepté
d’être citoyenne d’un pays à majorité noire.

Le cycle conflictuel
affectant le nord du Mali ne puise pas ses sources dans des enjeux «islamistes»
contemporains. Il ne s’arrêtera pas sans une prise en compte de ses
ramifications raciales auprès des populations locales qui sont malheureusement
toujours les premières victimes des intrigues politiques mais aussi les
principaux garants de toute paix durable. Cette rébellion ne signifie pas que
les relations communautaires aient empiré au nord du Mali. L’OTAN a
sous-

estimé (voire complètement négligé) les conséquences de son
intervention en Libye sur une région ouest-africaine où le régime de Mouammar
Kadhafi avait accueilli, employé, financé et soutenu militairement de nombreux
groupuscules obscurs.

André Chappatte, anthropologue

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8967fdd4-8d71-11e1-a479-e28b447f27f4/La_r%C3%A9bellion_touareg_du_Mali_au-del%C3%A0_des_clich%C3%A9s
20/03/15
|

Oumar Ag Idouwal
14 avril 2015 à 22 h 59 min · Répondre


Depuis la publication de cet article en 1951 article par le journal le
monde à mon avis rien n’a changé.C’est toujours les maîtres qui font et
defont.Les responsabilités se situent là et non à Alger ni à
Bamako……………………………………………….Le SAHARA , TERRE FRANçAISE

Les hommes de ma
génération savent encore le nom, un instant sur toutes les bouches pendant leur
enfance, de Jacques Lebaudy, un homme d’affaires français qui, embarrassé par sa
fortune et emporté par l’esprit d’aventure, avait conçu le projet romanesque,
dont les journaux s’amusèrent alors, de fonder pour son propre compte un empire
au Sahara.
Quinze ans plus tard Pierre Benoit, tirant parti de légendes du
Hoggar et de la découverte archéologique du tombeau de la reine touarégue Tin
Hinane, imaginait son roman de l’Atlantide. De l’histoire à demi vécue de deux
officiers sahariens, il faisait sortir des solitudes du Hoggar le mirage d’une
mystérieuse principauté berbère défendue par la solitude contre les curiosités
de l’Occident.
En 1952 les choses ont bien changé. Un projet de loi vient
d’être déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale pour proclamer
l’intégration du Sahara au territoire national et décider de la création de «
départements français » au cœur du grand désert. En effet, depuis quelques mois,
des publicistes, des économistes et des financiers ont lancé l’idée, à la suite
d’entretiens, de discussions et de publications dont la presse a fait connaître
la teneur1, de favoriser par une telle décision gouvernementale l’exploitation
industrielle du Sahara. Il s’agirait essentiellement de placer une partie au
moins de ses territoires sous l’autorité unique et directe de la métropole, de
manière à pouvoir

donner une vive impulsion aux entreprises minières,
dans des conditions qui réserveraient à la France l’initiative qui lui revient,
puisque c’est elle-même qui a contribué, au prix d’un demi-siècle d’efforts, à
ouvrir l’accès de ces régions impénétrables. Les initiateurs de ce projet
avancent, avec quelque pertinence, que, si notre pays se désintéressait de cet
avenir, d’autres Puissances ne tarderaient pas à
prendre

____________________________________________
1. Hommes et
Mondes, mai 1951 et suivants ; Figaro, 5 et 6 octobre ; le Monde, 30 mai et 26
octobre.

Cette ouvre à leur compte. Le désert a, on le voit, cessé d’être
la terre du rêve pour devenir un des espaces du monde où peuvent se heurter les
convoitises des grands Etats en même temps que l’ambition des stratèges et
l’imagination des créateurs de Puissances industrielles.
Ce changement
d’attitude n’a pas été cependant aussi brusque qu’il peut paraître. Depuis qu’a
été achevée, en 1934,la pacification du grand désert d’Afrique, deux grands
projets, partiellement réalisés d’ailleurs, ont attiré l’attention des
économistes sur cette partie déshéritée du continent. Dans la boucle du Niger, à
la limite sud du désert, dans ce delta intérieur où se perdaient inutilement les
eaux du fleuve, la construction de grands barrages a permis avant la guerre
d’entreprendre de vastes travaux d’irrigation. Les initiateurs de cette œuvre
espéraient réussir ainsi à transformer le delta intérieur du Niger en une zone
aussi riche, par ses plantations de coton, que la Djezireh du Haut Nil dans le
Soudan anglo-égyptien. D’autre part, depuis 1932, le projet d’un chemin de fer
transsaharien _ de Gao à Nemours _ était étudié pour relier cette nouvelle zone
de peuplement de la boucle du Niger à la Méditerranée, en suivant la vieille
voie historique d’un itinéraire transdésertique de caravane. Certains pensaient
ainsi intéresser l’Algérie à la mise en valeur des richesses du Soudan et du
Tchad.

Ces vestes desseins, il est vrai, n’ont jamais séduit en France et
en Afrique qu’une partie de l’opinion. Certes, des événements internationaux
sont intervenus pour limiter considérablement la réalisation des plans
primitifs. Mais en même temps l’Office du Niger et la Transsaharien ont suscité
l’un et l’autre de furieuses contre-attaques. Certains redoutaient que les
irrigations du Niger ne consacrassent la mise en esclavage économique des
populations noires transplantées, alors que l’Office du Niger se proposait au
contraire de les libérer définitivement de la misère en les rattachant à
l’économie moderne. D’autres dénonçaient le gaspillage d’argent que serait
l’établissement d’une voie ferrée à travers le désert et qui resterait,
disaient-ils, sans trafic et sans utilité réelle. Les promoteurs du
Transsaharien répondaient, chiffres en mains, que les dépenses seraient réduites
et donnaient l’exemple des nombreux chemins de fer transdésertiques du monde.
Malgré les controverses, cependant, l’élan était donné. Le barrage de Sansanding
construit, les irrigations se développèrent sur un plan plus modeste qu’on ne
l’avait imaginé, mais dans des conditions qui, à tout prendre, se trouvèrent
heureuses. D’autre part, le chemin de fer Méditerranée-Niger partant de Nemours
poussant son avance au-delà de Colomb-Béchar se révélait, avant même d’avoir
atteint le cœur du désert, un moyen incomparable de pénétration dans une vaste
zone minière dont l’intérêt ne cosse depuis plusieurs années de s’accroître. Sur
son axe et dans son prolongement, se poursuivent en effet de nos jours d’une
manière continue des prospections, et des découvertes les plus engageantes se
succèdent qui retiennent aujourd’hui l’attention des
économistes.

Malheureusement ces deux projets avaient un instant
intéressé le gouvernement de Vichy. Ils se trouvèrent par là même, aux yeux
d’une opinion simpliste, entachés de cette réprobation qui, au lendemain de la
Libération, frappa indistinctement toutes les entreprises sur lesquelles
s’étaient reportés quelques espoirs pendant la difficile période de notre
détresse nationale. Mais il s’agissait sur ce point d’un discrédit trop
sentimental pour que la paralysie fût complète. Depuis trois ans, les recherches
géologiques amènent à considérer avec attention la vaste zone qui s’étend depuis
Fort-Gouraud en Mauritanie à 600 kilomètres à l’ouest de Villa Cisneros, en
passant par les confins du Dra, Beni Abbès, jusqu’au Hoggar et à l’Aïr ; entre
le Rio De Oro et la Libye. L’idée d’une « mise en valeur » du Sahara a ainsi
repris corps, débarrassée de la plupart des préjugés qui en avaient précédemment
limité la portée.

Nous trouvons intact en effet sur ces immenses
territoires le vieux socle primaire africain dont les grands plissements
tertiaires de l’Atlas maghrébin n’ont pas altéré la disposition. Les minces
apports de sable ou sable ou les maigres fossiles des rivières intérieures du
Sahara laissent presque partout à nu dans les régions centrales le squelette
géologique du continent et les prospecteurs découvrent chaque jour dans ses
fissures des indices de charbon, de cobalt de manganèse, de cuivre et
d’étain.

Le France a ; depuis un siècle, assumé le rude tâche de pacifier
ce continent désolé, et a fait l’effort d’y ouvrir des routes, d’y aménager des
points d’eau. Est-ce elle qui prendra l’initiative d’une exploitation moderne ?
Donnera-t-elle l’exemple des grandes entreprises conduites dans l’ordre et selon
une sûre méthode ? Ou bien verrons-nous au contraire s’abattre sur ce pays, au
hasard des circonstances, des sociétés puissantes de nationalités et d’attaches
diverses, aux vues limitées, aux calculs égoïstes ? Déjà des demandes de
recherches pétrolières, qui se paralyseront d’ailleurs les unes les autres, sont
adressées à la France par des compagnies étrangères. La presse britannique
elle-même, au lendemain de la découverte du riche gisement de fer de
Fort-Gouraud, n’a-t-elle pas lancé, comme un ballon d’essai, l’idée d’une
internationalisation du Sahara ? Il était naturel qu’en France l’opinion
éclairée s’inquiétât de l’avenir du Sahara français et qu’une discussion fût
instituée entre tous ceux que préoccupe l’intérêt national pour tenter
d’intéresser le gouvernement et l’opinion de notre pays à des problèmes qui ne
sont plus aujourd’hui colorés d’aucun romantisme. L’heure est venue, pour notre
pays, de prendre position.

***
Le Sahara africain n’est que le dernier
maillon de cette chaîne de déserts et de steppes de la zone subtropicale qui,
depuis la Chine, l’Inde et l’Iran, se prolonge par la péninsule Arabique, les
déserts d’Egypte et de Libye. A la vérité, la géographie comme l’histoire
unissent pratiquement, malgré les deux coupures de la mer Rouge et du golfe
Persique, en un seul bloc géographique tous les espaces vides qui s’étendent
entre le golfe Persique et l’Atlantique, entre les parallèles 16° et 32°
Nord.

La similitude du climat dans une région où les chutes de pluies
sont inférieures à 100 millimètres par an, la prépondérance de la vie pastorale,
la succession régulière des invasions de nomades berbères et arabes font de ces
régions une sorte de continent à part, qui a été par excellence la zone en
bordure de laquelle s’est faite_sur ses limites septentrionales et méridionales
_ l’expansion de l’Islam.

Mais en même temps, dans cet immense
territoire, le Sahara occidental, celui de ces déserts qui nous intéresse
particulièrement et qui a pour limites mêmes celles des territoires placés sous
l’autorité de la France dans le Sud algérien, l’Afrique Occidentale Française et
la Tchad, a eu des destinées historiques particulières qui lui confèrent une
originalité propre, sur lesquelles il nous faut réfléchir.

On sait qu’à
l’aube de l’histoire cette vaste zone, aujourd’hui dépeuplée, apparaissait, par
les races qui l’occupaient, comme un prolongement naturel de l’Afrique Noire.
Dans les oasis du Sahara algérien et la Libye se trouvaient des populations
foncées que les Grecs désignaient sous le nom de nubiens, et qui étaient
peut-être de même origine que les Haoussa et Toubbous ou appartenaient aux races
éthiopiennes, très différentes de celles qui occupent aujourd’hui le Soudan. Il
se peut que des débris de ces populations noires, refoulées ou détruites par les
invasions postérieures, aient subsisté jusqu’à nos jours dans les oasis du Touat
et du Dra. Ce sont elles qui formeraient le fond primitif de ces cultivateurs
noirs désignés généralement sous le nom de Haratine. Il est vrai qui la pratique
de l’esclavage introduisit par la suite dans ces régions d’oasis pendant de
longs siècles des éléments importés du Soudan ou même des régions bantoues, de
telle sorte que nous ne sommes plus en état de retrouver avec exactitude dans
les cultivateurs noirs des palmeraies sahariennes les descendants de ces
habitants primitifs du Sahara.

Plus tard, les invasions de nomades
berbères, dont nous ne pouvons préciser la date, mise qui sont bien antérieures
aux conquêtes romaines, aboutirent à l’unification presque complète, par les
premiers conquérants blancs, du désert et des zones méditerranéennes.

A
partir du dixième siècle de notre ère, apparaissent à leur tour, suivant la
périphérie du Sahara ; les envahisseurs arabes en Egypte, au Soudan
anglo-égyptien, puis en Libye. Leurs groupes se fixent dès ce moment dans le
territoire du Tchad. Puis avec les invasions puissantes des Soleim et des Beni
Hilal à partir du onzième siècle, et avec celles de Maqil au treizième siècle,
les vagues d’invasion déferlent sur la Tunisie, l’Algérie, le Maroc pour
s’infiltrer peu à peu sur la côte atlantique en partant de l’Oued Dra vers le
Sénégal. La conquête de la Mauritanie par les Arabes sur les Berbères s’achève
au dix-huitième siècle. Les Berbères nomades sont confinés ou refoulés. Leurs
descendants n’ occupent plus guère que le centre du désert autour de l’Aïr, du
Hoggar, débordant cependant en oblique vers le nord-ouest jusqu’aux confins de
l’Atlas marocain. C’est à ce moment que le peuplement ethnique du Sahara nous
apparaît comme stabilisé.

Mais c’est alors que l’intervention de
l’Occident va transformer les conditions de la via au désert. En dépit du
caractère dévastateur et souvent violent des conquêtes berbères, le Sahara avait
connu depuis le haut moyen âge une vie commerciale intense que nous n’imaginons
plus aujourd’hui qu’avec peine. Il était en effet traversé du nord au sud par
des grandes routes parallèles qui unissaient les royaumes noirs plus ou moins
islamisés du Soudan aux rives de la Méditerranée. Parmi ces grandes routes,
citons surtout celle du Tchad à Tripoli, celle du Niger à l’Oued Dra et celle du
Sénégal au pays du Sous. Ces itinéraires étaient les routes des esclaves, de
l’or, des cotonnades africaines ou des plumes d’autruche, parcourues du sud au
nord. Au retour, elles acheminaient les objets fabriqués venus du Maghreb ou
d’Europe, la poudre, les armes et la verroterie.

Dès la fin du
dix-huitième siècle le développement du commerce maritime moderne sur les côtes
du golfe de Guinée allait altérer le sens des échanges. Les productions de
l’Occident parviennent dès lors au Soudan par le Sud et les traitants établis
sur les comptoirs de l’Atlantique exportent directement par leurs navires le «
bois d’ébène », la poudre d’or et l’ivoire. Les routes transsahariennes
dépérissent. Bientôt les conquêtes occidentales en Afrique Noire vont achever
cette décadence, cependant qu’au Maghreb même l’administration moderne des Etats
rendra possibles les relations directes avec l’Europe.

Les dernières
années du dix-neuvième siècle précipitent la décadence et bientôt la
pacification totale des zones désertiques provoque un changement plus important
encore : l’effondrement politique de la société nomade.

Si l’on veut bien
comprendre les conditions dans lesquelles se pose aujourd’hui à la France et au
monde entier le problème de l’exploitation moderne du Sahara, Il faut en effet
tenir compte de l’immense transformation apportée à ces territoires par la
pacification définitive. Et pour saisir toute l’importance de ce changement, il
faut évoquer tout d’abord ce qu’était la situation politique des tribus
guerrières de l’intérieur de l’Afrique Blanche au temps où celles-ci vivaient
dans l’anarchie.

En Afrique, comme dans la péninsule arabique, la
domination du désert appartenait naguère à quelques grandes tribus guerrières,
extrêmement mobiles, utilisant pour leurs expéditions lointaines des chameaux
agiles qui leur permettaient d’échapper à toutes les poursuites. Les quelques
bases permanentes dont disposaient ces nomades chameliers au centre du Sahara
étaient ainsi inaccessibles aux forces des gouvernements périphériques qui
eussent tenté de les y atteindre. L’Empire du Maroc, l’Empire turc, les royaumes
du Soudan n’osaient pas s’aventurer à les combattre dans les solitudes
redoutables du grand désert. Aussi ces pasteurs guerriers capables de subsister,
lorsqu’ils le voulaient, dans la partie centrale, faisaient-ils sentir le poids
de leurs armes sur les tribus périphériques moins belliqueuses qui vivaient plus
près des marches du désert, où l’on pratiquait plus aisément un élevage
régulier. Souvent même leurs raids les menaient jusqu’aux zones sédentarisées
occupées dans le Sud par les Noirs, ou dans je Nord par les tribus arabes
stabilisées au pied de l’Atlas. En même temps, les maîtres du Sahara central
tenaient sous leur étroite domination les habitants des oasis, ces noirs
paisibles ravalés depuis des dizaines de siècles à la situation de sédentaires
asservis. De temps à autre l’une ou l’autre de ces grandes tribus, lorsqu’elle
était vaincue par une rivale, éclatait elle-même et se dispersait à son tour sur
les rives du Sahara. On trouve encore, en étudiant l’origine ethnique des petits
groupes qui sont fixée à la li,ite de la sédentarisation, des descendants de ces
anciens dominateurs berbères ou arabes, dont le no, faisait, dans les siècles
passés, trembler les commerçants ou les agriculteurs des confins. Ces grandes
tribus, dont celle des Reguibat, célèbre par ses combats contre la France et
l’Espagne il y a vingt ans, nous donne le dernier exemple, avaient cette double
particularité, étrange à nos yeux, d’être à la fois militairement puissantes et
matériellement très pauvres. La via au désert était pour ces guerriers une sorte
d’épopée permanente, entièrement occupée par des raids à grande distance,
remplie par l’exécution de vengeances entre clans rivaux, une sorte de misère
héroïque dans laquelle le dénuement allait de pair avec la noblesse et la
générosité fastueuse avec la pauvreté.

Lorsque la pacification des
confins eut été rendue possible par la création de troupes méharistes bien
organisées, pourvues d’armes modernes, appuyées par les liaisons automobiles et
soutenues par les progrès matériels d’une action continue exercée pendant des
dizaines d’années, le jour vint où cette société nomade guerrière du centre du
désert fut à son tour contrainte à signer la paix. En rendant leurs armes, ces
grands bédouins chameliers perdirent en quelque sorte leur raison de vivre. L’on
vit alors se précipiter avec une rapidité jusqu’alors inconnue le grand
mouvement historique, jadis assez lent, qui a toujours porté les populations
nomades du centre vers la périphérie. C’est ainsi que _ de 1900 à 1950 _ le
centre du désert s’est vidé peu à peu au détriment des rives du Sahara. Seuls
subsistent aujourd’hui, de ces puissantes confédérations guerrières de
l’intérieur, quelques groupes nomades évoluant autour de quelques points d’appui
naturels et limitant leurs déplacements aux nécessités économiques du pâturage.
Dans la région centrale, dont la superficie est huit fois et demie égale à celle
de la France, entre le Rio-de-Oro et l’Aïr, entre l’Adrar des Iforas et la
région de Beni-Abbès, on ne compte guère plus de 220.000 habitant1, parmi
lesquels d’ailleurs une faible part de sédentaires d’osais. Nous sommes donc là
devant une terre vide et les problèmes humains, si intéressants à résoudre
qu’ils soient encore, n’ont plus ici aucune importance politique. Cette terre,
déjà très pauvre, qu’habitaient seulement d’héroïques bandits, est aujourd’hui
presque abandonnée par l’homme. Le désert ne vivait que grâce à la guerre.
La
paix en a chassé la plupart de ses fils.

1 . L’ensemble du Sahara, en
comptant les zones périphériques où les nomades ont des relations avec les
sédentaires des pays côtiers, a onze fois et demie la surface de la France et un
million neuf cent mille habitants nomades, y compris les Peuls, nomades
sahéliens.

Observons qu’il s’agit ici d’une évolution naturelle dans
laquelle n’a joué, bien au contraire, aucun calcul d’éviction. Beaucoup
d’officiers s’étaient pris d’amitié pour ces nomades belliqueux, si attachants,
et ils eussent souhaité les voir, sur place, se transformer en paisibles
pasteurs. Mais avec l’édifice politique de leur puissance a disparu le système
social qui les faisait vivre. Par suite de l’établissement de la paix, les liens
qui unissaient les protecteurs aux protégés, les grands nomades aux petits
nomades et aux sédentaires, se sont trouvés brisés. L’attrait du rezzou, de
l’expédition de pillage, ayant disparu, l’idéal plus matériel de la vie
sédentaire s’est peu à peu imposé. Les nomades se sont rapprochés des centres
permanents. Leurs troupeaux, dont les parcours se sont amenuisés, ont diminué
peu à peu. Ceux qui vivaient sur les limites des pays agricoles en ont
délibérément passé la frontière et se sont enfoncés progressivement vers les
savanes herbeuses. Sur la rive sud du Sahara surtout on a observé une descente
presque générale des tribus qui, peu à peu d’ailleurs, au contact des
populations noires, se métissent et s’alourdissent.

Mais la paix avait
encore d’autres conséquences désastreuses jusque dans les zones de bordure
désormais surpeuplées. Sur les confins sahariens du Maroc, les grands nomades,
qui ont conquis les oasis du Bani il y a cinquante ans, se trouvent aujourd’hui
dépourvus d’autorité sur leurs sujets noirs ou sur les Berbères sédentaires
qu’ils opprimaient jadis. Leurs anciens vassaux vont aujourd’hui travailler dans
les mines et dans les ports, cependant qu’eux-mêmes, incapables de cultiver les
palmiers, tombent peu à peu dans la misère. Bientôt les pasteurs abandonneront à
leur tour ces marches frontières et s’en iront, en tentes isolées, se perdre
parmi les sédentaires du Maroc du Nord.
***
Ce vide progressif du Sahara
fait aujourd’hui du cœur du continent africain une terre presque sans hommes,
dont la situation devient analogue à tant de déserts chauds ou froids qui
parsèment la planète. Le Sahara central, avec ses richesses minières
potentielles, ressemble ainsi plus ou moins à l’Alaska ou au Groenland. Les
populations indigènes si dispersées qui y vivent encore en nomades ou en
sédentaires d’oasis ne peuvent naturellement pas revendiquer la propriété
éventuelle des mines ou des champs de pétrole hypothétiques, pas plus que les
Esquimaux du Grand Nord ne pourraient réclamer de droits sur la mise en valeur
de gisements d’uranium. Les problèmes changent de face. L’économie l’emporte sur
la politique. Nous entrons ici dans le régime de la technique industrielle et
dans le domaine presque sans partage de la puissante économie
moderne.

Dans ces conditions, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
et d’exploiter les ressources locales ne peut être invoqué puisqu’il n’existe
pratiquement pas sur place de peuples qui occupent le pays. Il subsiste
seulement çà et là de pauvres communautés humaines résiduelles, qui méritent
d’ailleurs de bénéficier d’une assistance économique et morale. L’Occident, qui
a ruiné leur puissance en leur imposant la paix, doit être aussi assez généreux
pour permettre à ceux qui sont restés de survivre dans un monde nouveau qui leur
est étranger.

A cet égard, la France est mieux placée qu’aucun autre pays
pour aborder cette tâche humaine, qui n’est pas sans grandeur. Elle peut exciper
d’une longue tradition d’humanité à l’égard des peuples de l’Afrique Blanche.
Elle dispose de cadres admirables, de spécialistes des tribus. Qui donc mieux
qu’elle pourrait apporter aux nomades Arabes, Berbères ou Teda, qui sont restés
sur place, une aide comparable à celle que le Danemark a su donner aux habitants
du Groenland et que l’Amérique du Nord accorde si généreusement aux Esquimaux du
La broder ?

Une autre conséquence inattendue de la création progressive
du « vide saharien » apparaît dans le domaine militaire. Il faut en effet
ajouter aux considérations générales précédentes que le centre de l’Afrique
prend aujourd’hui dans la stratégie mondiale un intérêt particulier. Au temps où
les grandes routes stratégiques sillonnent les continents, le cœur du désert
devient par lui-même d’une manière paradoxale une sorte de « plaque tournante »,
dont la nation qui l’occupe a naturellement le libre usage. Hier les grandes
puissances guerrières s’appuyaient sur la force industrielle des zones les plus
peuplées. Aujourd’hui elles recherchent en même temps je sûr abri que
constituent les espaces vides, là secret des mouvements est mieux gardé
qu’ailleurs, dans des zones où les armes secrètes trouvent des abris
inviolables. A cet égard, notre Sahara sans habitants apparaît d’une manière
inattendue comme une sorte de place d’armes en puissance et comme la clé de
voûte de la défense des Etats africains établis sur la périphérie. On sait déjà
le rôle que les zones désertiques de Libye et de Transjordanie ont joué depuis
vingt ans dans la stratégie mondiale. La France, par son passé saharien et son
expérience africaine, est en mesure de tenir avec fermeté cette forteresse
imprenable préservée par la solitude.
***
Notre pays a entrepris la
pacification du Sahara tantôt par l’Algérie, tantôt par la Sénégal et le Niger,
tantôt par le Tchad. D’où la dispersion apparente des efforts. La région
centrale n’a connu pendant cette période qu’une très brève période de
commandement unique, celle des années de pacification qui se sont succédé après
les années 1916-1917, au moment où la révolte des Touareg, encouragée en
sous-main par l’Allemagne et soutenue par l’action des confréries de la
Senoussiya en Cyrénaïque, a eu pour conséquence l’assassinat du P. de Foucauld à
Tamanrasset. C’est alors qu’une autorité militaire étendue fut confiée au
général Laperrine, qui put jeter les bases d’une action politique et d’une
pénétration méthodique grâce auxquelles furent rapidement brisées les
résistances suscitées par les « Empires centraux ». La mort prématurée du
général Laperrine, victime d’un accident d’avion en plein désert, mit fin à
cette coordination qui ne fut rétablie par la suite que sous une for,e limitée,
pour réussir à pacifier les confins algéro-marocains dans la région du Dra et de
Tindouf. En effet, les frontières sahariennes de l’Empire chérifien n’ayant
jamais été clairement tracées, une collaboration active algéro-marocaine à
l’intérieur d’un vaste commandement commun aux limites imprécises apparaissait
comme le seul moyen pratique d’engager la lutte avec efficacité contre les
redoutables pillards qu’étaient alors les Reguibat, les Aït Atta et les Aït
Hamou. Ce commandement des confins algéro-marocains devait subsister jusqu’après
la deuxième guerre mondiale. La pacification une fois acquise, cette
collaboration était naturellement amenée à se relâcher. Elle a tendance
aujourd’hui à disparaître, et l’on en revient lentement au morcellement du
commandement.

Ce retour à la dispersion s’explique aisément. La
pacification du désert avait, nous l’avons dit, pour conséquence naturelle un
glissement progressif des tribus guerrières vers la zone périphérique ; en même
temps s’étoffaient les administrations régulières appuyées sur les zones
habitées. Ainsi peu à peu, à la grande unité géographique de ce demi continent
se substitue, malgré la présence d’une seule nation, la France, établie sur tout
le continent, la répartition arbitraire de cet immense territoire. Le Maroc,
l’Algérie, l’Afrique Equatoriale et l’Afrique Occidentale Française se
partagèrent les déserts en les rattachant aux territoires peuplés et déjà
pourvus d’une administration puissante. C’est ainsi que la carte de l’Afrique
nous présente aujourd’hui ces tracés rectilignes et ce découpage qui
suggéreraient l’idée de partage d’un immense gâteau. Désormais chacun s’occupait
de son propre désert dans la mesure d’ailleurs où celui-ci l’intéressait. Il est
bien évident d’autre part que ces vastes territoires presque vides, pour
lesquels se passionnent les méharistes, n’offraient aux bureaucrates des
capitales lointaines qu’une attirance bien réduite.

Les zones désertiques
ne se rappelaient généralement à leur attention que par leurs demandes de
subsides et leurs besoins, le plus souvent mal satisfaits, de matériel moderne.
Il a fallu, depuis 1940, l’équipement de deux grandes routes transsahariennes
automobiles, l’une en Mauritanie, l’autre dans le centre par Bidon 5, pour
restaurer l’idée d’une liaison permanent. Dans les périodes d’isolement, de 1940
à 1945, ces pistes purent tant bien que mal suppléer à la quasi-disparition du
trafic périphérique en raison du blocus maritime de la guerre. Ainsi
reparaissaient quelques échanges commerciaux, surtout dans la partie centrale.
Aujourd’hui encore quelques milliers de tonnes de marchandises franchissent
chaque année, entre Alger, Gao et Zinder, le Sahara dans les deux sens,
cependant que des troupeaux de l’Adrar ses Iforas traversent le Tanezrouft et le
Tidikelt pour venir contribuer au ravitaillement des oasis du
Sud-algérien.

En dépit de ces maigres relations, de la publicité faite
autour des raids automobiles et des randonnées touristiques et cynégétiques, le
Sahara français demeure démembré, scindé arbitrairement en parties distinctes
rattachées aux gouvernements côtiers, comme s’il n’avait lui-même aucune
existence réelle. La création récente des assemblées locales en Algérie, en
Afrique Occidentale Française et en Afrique Equatoriale Française a eu enfin
pour conséquence dernière de faire apparaître une représentation élective des
habitants du Sahara dont l’importance est presque nulle dans chacun des
gouvernements. Mais ce fait consacre ainsi sous une forme politique le
rattachement des régions presque vides du grand désert aux zones sédentaires
administrées. Certes, aux regards des assemblées locales la vie des nomades
n’apparaît que comme une survivance pittoresque et paradoxale qui ne mérite pas
suffisamment qu’on fasse un effort pour la protéger. Mais les yeux s’habituent à
contempler les lignes frontières sur la carte, et ces arpents de sable sont
volontiers annexés comme un domaine en friche, dans l’esprit même de ceux-là qui
n’ont pas la moindre idée de leur intérêt.

On peut penser que cette
situation générale, si rien ne vient modifier le statut présent des territoires
sahariens, continuera à évoluer dans le sens d’une désagrégation générale de la
société nomade et d’une prépondérance constances rendront de plus en plus
difficile une coordination des efforts que la mise en valeur économique du grand
désert, l’utilisation de ses bases stratégiques, pourraient cependant rendre
nécessaire.

C’est sous ces aspects, quelque peu décourageants à première
vue, que se trouve posé aujourd’hui à la France le problème de l’avenir du
Sahara. Devons-nous accepter comme irréversible cette évolution administrative
et économique qui est bien plus le résultat des habitudes que celui d’une
volonté réfléchie ? Ou bien devons-nous essayer, dans ce monde moderne où se
posent sans cesse de nouveaux problèmes, d’adapter nos formules d’organisation
aux nouveaux besoins qui se font jour ?





Source:Ocnus.net 2015

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