jeudi 10 juillet 2014

Rencontre d’Alger : que peut obtenir le Mali ?

Rencontre d’Alger : que peut obtenir le Mali ?



La réticence de IBK a été préjudiciable à la paix.
La réticence de IBK a été préjudiciable à la paix.
La rencontre entre le Gouvernement du Mali et les groupes d’opposition armés arabes et touaregs est prévue pour le 16 juillet prochain à Alger. Cette rencontre qui devra aboutir à un accord de paix définitive au Mali s’annonce difficile. Le retard pris dans le calendrier établi par l’accord préliminaire aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, signé à Ouaga en juin 2013, les affrontements armés de Kidal des 17 et 21 mai 2014 ont considérablement compliqué une situation qui était largement favorable à la partie malienne.

C’est par l’intermédiaire du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye DIOP, que le Gouvernement communique sur le futur dialogue avec les groupes armés du nord à Alger. Après avoir longtemps mis en veilleuse l’Accord préliminaire de Ouaga, le Gouvernement revient à ce qui est incontournable dans la résolution de la crise malienne. En déclarant que « L’objectif pour le Mali est d’aboutir à un Accord de paix global et définitif qui respecte l’Unité nationale du Mali, son intégrité territoriale et le caractère laïc de la République », le ministre malien reconnaît que l’accord de Ouaga est incontournable.

C’est la réticence inexpliquée du Président Ibrahim Boubacar KEITA à aller au dialogue prôné par Ouaga qui est à la base de la situation plus que délicate où s’est mis le Gouvernement. Pendant les six mois accordés au Mali pour préparer ledit dialogue, le Président malien a régulièrement tenu un langage guerrier dont la suite logique a été l’attaque de Kidal du 21 mai dernier. On connaît la suite.

Depuis les événements de Kidal, le MNLA a haussé le ton. Il n’est plus question d’autonomie mais de « large autonomie », de fédération voire d’indépendance. Et comme il existe des oreilles bienveillantes, principalement en Europe, à ce message porté par des radios et télévisions internationales, le groupe armé touareg est convaincu que son heure est arrivée.

Et maintenant ?

Difficile de dire ce qui va se passer à Alger. En effet, les groupes armés s’assiéront confortablement à la table, convaincus qu’ils sont que le Mali n’a que le dialogue comme option. Pour renforcer leur situation, ils sont en train d’occuper toutes les positions maliennes abandonnées par les Forces armées du Mali (FAMa) sans qu’aucune voix gouvernementale ne s’élève pour protester contre cette violation du cessez-le-feu.

En fait, il ne reste plus au Mali que l’espoir que les Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO exigeront l’application à la lettre de l’accord préliminaire de Ouaga et les résolutions des Nations Unies. La récente visite au Mali du Président burkinabé participe de cet espoir, lui qui avait été ignoré par IBK depuis son élection en août 2013.

C’est donc avec beaucoup d’appréhension que les Maliens attendent l’ouverture du dialogue inter-maliens d’Alger. Nul doute que la partie gouvernementale devra se préparer à faire des concessions. Il lui sera difficile de convaincre les Maliens d’accepter le fédéralisme qui serait la création de fait d’un Etat de l’Azaouad. L’autonomie apparaît donc comme la solution à même de réconcilier les esprits, une autonomie dans le cadre de la décentralisation.

Reste au Gouvernement un atout. Le MNLA englobe dans l’Azaouad les régions de Tombouctou et de Gao. Ces deux villes, sans lesquelles l’Azaouad n’est pas viable, sont actuellement sous la protection de l’armée malienne et de la Minusma. Les deux cités historiques du Nord sont loin d’être favorables aux groupes armés touaregs et arabes. Il appartient au Gouvernement du Mali de profiter de cette situation.



Ousmane THIÉNY KONATÉ
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