lundi 3 décembre 2012

Mali : ces milices hors de contrôle à Mopti - ouest-france.fr

Mali : ces milices hors de contrôle à Mopti - ouest-france.fr

Mali : ces milices hors de contrôle à Mopti

lundi 03 décembre 2012



Censés préparer la libération du Nord, aux mains des islamistes, ces groupes civils d'autodéfense échappent au contrôle des forces de sécurité. L'État hésite sur le sort à leur réserver.
Mopti. De notre correspondant
La scène est devenue familière. Entassés sur un banc du poste de police de Sévaré, un faubourg à l'est de Mopti, dix jeunes en tenue débraillée se font rappeler à l'ordre par le commissaire.
« Ici il y a l'armée, la gendarmerie et la police. Vous ne ferez pas la loi ici. Alors, soit vous rentrez chez vous, soit vous restez au camp ! », tonne l'officier. À Sévaré et dans ses environs, les éléments indisciplinés des milices civiles d'autodéfense sont devenus un enjeu de sécurité publique pour les autorités. « Les vols, les viols sont en recrudescence depuis avril. Les miliciens qui ont pris leurs quartiers ici côtoient une foule de déplacés de plus en plus vulnérables », explique un policier.
« Expulser, désarmer ou tuer »
Les quatre milices basées dans la localité rassemblent entre 3 000 et 5 000 individus, venus des quatre coins du Mali « pour préparer la libération du Nord ». D'abord saluée pour son élan patriotique, l'initiative est aujourd'hui un facteur d'inquiétude pour les observateurs internationaux.
Ces groupes, parfois armés, agissent en électrons libres, et rejettent l'idée d'une solution pacifique à la crise et tout dialogue avec les rebelles. « Hors de question de négocier avec les bandits narcotrafiquants qui occupent notre pays », scande Harounah Touré, le chef politique des milices.
« L'ennemi numéro un, c'est le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) », explique Ibrahim Issa Diallo, gendarme et « chef d'état-major » des Ganda Izo (les « Fils de la Terre » en langue songhaï). Objectif : « Libérer le Nord, puis occuper un secteur pour assurer la sécurité des populations sédentaires. » Entendre : hors de question de déposer les armes après la guerre.
Dans la cour des locaux publics qu'ils ont investie, les hommes d'Ibrahim s'entraînent au « combat rapproché pour expulser, désarmer ou tuer » les nationalistes touaregs et les groupes islamistes armés. « On n'intégrera jamais un Touareg dans nos rangs », jurent les combattants, qui ne cachent pas leur aversion pour la communauté nomade.
« Ils possèdent une liste de noms. Chez certains d'entre eux le discours est quasi-génocidaire », s'inquiète un responsable humanitaire à Bamako. Une fois libérées, les régions de Gao, Tombouctou et Kidal « seront le théâtre de règlements de compte au sein des populations », anticipe Adama Diakité, représentant des organisations de la société civile.
Parmi les responsables du gouvernement, les avis divergent quant au sort qu'il faut réserver aux milices. De son côté, le capitaine Amadou Haya Sanogo, ex-putschiste et désormais responsable du suivi de la réforme des forces de défense, assure pouvoir mobiliser les miliciens « sous contrôle étroit de l'armée ».
Pas sûr que l'idée séduise les 250 instructeurs militaires envoyés par l'Union européenne pour participer à l'entraînement des forces de sécurité maliennes.
François RIHOUAY

Aucun commentaire: