L’ Algérie, qui réaffirme son attachement à une sortie de crise « négociée », a assisté à toutes les réunions de la Cedeao. Mais elle devrait fermer ses frontières en cas d’intervention militaire.
«Nous n’avons cessé de souligner qu’une sortie de crise par un dialogue à engager entre les autorités maliennes et les groupes de la rébellion au nord du Mali est tout à fait possible », affirmait lundi le porte-parole la diplomatie algérienne, Amar Belani. Après l’adoption par les chefs d’État de la Cedeao, dimanche à Abuja (Nigeria), d’un plan prévoyant l’envoi d’une force internationale de 3 300 hommes au Mali, Alger reste, officiellement, sur la ligne d’une issue « négociée » à la crise malienne. Toutefois les autorités algériennes, qui ont assisté aux réunions de la Cedeao préparatoires à une intervention militaire, devraient fermer les frontières en cas d’offensive au Nord Mali. Depuis plusieurs mois, déjà, le pays, qui partage 1 400 kilomètres de frontière avec le Mali, a pris des dispositions militaires pour éviter « un abcès de fixation d’insécurité », « un foyer d’insécurité qui risque de perdurer », selon les termes du premier ministre, Abdelmalek Sellal.Sur le terrain diplomatique, pourtant, Alger affiche toujours la volonté de dissocier les groupes armés avec lesquels le dialogue serait possible (Ansar Dine, MNLA) des groupes terroristes (Aqmi, Mujao). « Nous estimons que la décantation qui s’opère actuellement au niveau de ces groupes rebelles permet d’envisager une solution politique viable respectant la souveraineté, l’unité et l’intégrité du Mali », explicitait lundi Amar Belani. Décantation ? Si les islamistes d’Ansar Dine, au terme de longues tractations à Alger et Ouagadougou, ont affirmé le 7 novembre dernier rejeter « toute forme d’extrémisme et de terrorisme », ses dirigeants cultivent toujours l’ambiguïté sur les relations qu’ils entretiennent avec les djihadistes d’Aqmi. Promesse voilée de neutralité ou menace d’une union des groupes armés sous la bannière djihadiste en cas d’intervention militaire ? «Aqmi est composée de musulmans, comme nous. Nous demander de combattre d’autres musulmans, ce n’est pas dans notre éthique », affirmait Mohamed Ag Aharib, porte-parole d’Ansar Dine, au quotidien algérien El Watan, vendredi. Eux aussi sous pression des menaces d’intervention militaire, profondément divisés, chassés de Gao et de Tombouctou par les djihadistes, les indépendantistes touaregs du MNLA peinent de leur côté à revenir dans le jeu. Un facteur vient encore compliquer la « décantation » sur laquelle parie Alger : la porosité et les incessants renversements d’alliances entre les différentes factions armées en présence.
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