Malgré les pertes subies, les dirigeants des rebelles touaregs affirment qu'ils continueront de lutter contre les terroristes qui occupent le nord du Mali.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 22/11/12
Les forces du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) ont entamé leurs opérations contre le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et ses alliés d'al-Qaida devant Gao vendredi dernier, le 16 novembre. Ces affrontements se sont ensuite poursuivis près des villes de Menaka et d'Ansongo, dans l'est du Mali.
Ces heurts ne sont que le début d'une longue guerre contre les groupes de trafiquants, de terroristes et du crime organisé dans l'Azaouad, a déclaré Ibrahim Ag Assaleh, l'un des responsables du MNLA et membre du bureau politique du groupe, à Magharebia mercredi dans la soirée.
"Les combats sont maintenant provisoirement suspendus, mais nous continuerons de lutter contre les terroristes et les trafiquants dans toutes les villes de l'Azaouad, pas seulement à Menaka. Nous marcherons contre eux à Gao, Tombouctou, Menaka et Ansongo, et dans tous les autres villages jusqu'à ce que nous nous débarrassions d'eux une fois pour toutes", a expliqué Ag Assaleh à Magharebia lors d'un entretien accordé depuis le champ de bataille situé à proximité de la frontière nigéro-malienne.
Ag Assaleh a également expliqué que les escarmouches de lundi près de Menaka avaient fait douze morts dans les rangs du MNLA, et dix-sept au sein du MUJAO, ajoutant que les deux groupes s'étaient retirés de la ville.
Cependant, Moussa Ag al-Said, l'un des responsables des médias du MNLA, a réfuté que les forces du MNLA se soient retirées sous la pression. Il a accusé le MUJAO, al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et le mouvement nigérian Boko Haram d'occuper des positions fortifiées à Menaka et d'empêcher les populations locales de quitter la ville, affirmant qu'elles étaient retenues comme boucliers humains.
Il a également déclaré que son groupe assiégeait Menaka et se préparait à lancer "une attaque décisive".
Certains analystes ont indiqué que cette nouvelle action du MNLA dans le nord du Mali reflète le désir du groupe de jouer un rôle dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
"Mais ce groupe aurait dû jouer ce rôle il y a plusieurs mois, lorsqu'il bénéficiait d'une forte présence dans les villes du nord du Mali", a commenté Amadou Diarra, journaliste au quotidien malien L'Essor.
"Nous ne pouvons ignorer les nouveaux développements qui ont incité ce groupe [le MNLA] à recourir à l'action armée contre les terroristes", a-t-il ajouté. "Cela comprend le sentiment du groupe selon lequel le monde a un intérêt à négocier avec les islamistes d'Ansar al-Din, et le mouvement touareg s'est donc empressé de prendre une ville importante dans le nord pour créer un nouvel équilibre sur le terrain lui permettant de négocier en position de force avec Ansar al-Din."
Les habitants de Menaka qui ont quitté la région ont indiqué à l'AFP que les combats avaient provoqué un bain de sang, un responsable de la sécurité les qualifiant de "véritables massacres". Des témoins ont également indiqué que le MNLA avait été mis en déroute après que le MUJAO eut reçu des renforts. Les combattants d'al-Qaida de Tombouctou auraient été envoyés pour aider le groupe islamiste lors des affrontements de ce week-end à Gao.
Les affrontements de lundi à Menaka ont eu lieu le jour-même où l'Union européenne a approuvé un plan d'envoyer 250 formateurs militaires à Koulikoro, près de Bamako, pour aider à remettre sur pied l'armée malienne.
L'expert militaire Deco Abderrehaman a déclaré à Magharebia que l'armée malienne souffrait encore des conséquences du coup d'Etat du mois de mars, et que certains officiers refusaient d'obéir aux ordres d'officiers plus jeunes et moins expérimentés.
"Ce soutien européen est certes très important, mais son importance dépend encore de la volonté des chefs militaires de l'armée malienne à travailler ensemble et à placer l'intérêt public au-dessus de leurs intérêts personnels étroits", a expliqué Abderrehaman.
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