lundi 3 septembre 2012

Profanations : "la même école de pensée est à l'œuvre au Mali et en Libye" - Temoust.org

Profanations : "la même école de pensée est à l'œuvre au Mali et en Libye" - Temoust.org
le monde
mardi 28 août 2012
Samedi 25 août, des salafistes ont démoli à la pelleteuse une partie du mausolée d’Al-Chaab Al-Dahmani, à Tripoli, alors que des témoins indiquaient qu’un autre mausolée, celui du Cheikh Ahmed Al-Zarrouk, avait été détruit à Misrata. La veille, les intégristes avaient fait exploser, à Zliten (160 km à l’est de Tripoli) le plus grand mausolée du pays, celui du cheikh Abdessalem Al-Asmar, un théologien soufi du XVIe siècle. Des actes qui rappellent les destructions des mausolées en terre de Tombouctou dans le nord du Mali. Spécialiste de l’islam et professeur à l’Institut universitaire européen de Florence, Olivier Roy revient sur ce qui se joue actuellement en Libye.
Que visent les islamistes à travers ces destructions ?
Les intégristes salafistes ont une conception fondamentaliste de l’islam qui interdit de marquer les tombes et d’en faire des lieux de pèlerinage. Or, en Libye, le culte des saints est une très vieille tradition du soufisme, courant majoritaire dans le pays. Les soufis ont l’habitude d’honorer leurs leaders spirituels en se recueillant sur leurs tombeaux. En détruisant ces mausolées, les salafistes se positionnent comme les défenseurs d’un islam rigoriste. Pour eux, les soufis ne sont pas de bons musulmans, et détruire ces tombes est nécessaire pour les faire revenir vers le "vrai" islam. Ces destructions sont une pure provocation car ce n’est, bien évidemment, pas par ces moyens qu’ils y arriveront. Cela risque plutôt de se retourner contre eux, en les excluant de l’union nationale en vigueur dans le pays depuis la chute de Kadhafi.
Quels sont les points communs et les différences avec la situation au Mali ?
Il y a beaucoup de points communs. C’est exactement la même école de pensée qui est à l’œuvre. L’islam traditionnel, implanté depuis des siècles, est d’un coup vivement critiqué et directement visé par des éléments radicaux venus de l’extérieur. La seule différence entre le Mali et la Libye, c’est le jeu politique local dans lequel s’inscrivent ces attaques. Dans le cas de la Libye, les populations locales et le pouvoir politique – qui a condamné les faits – peuvent s’unir pour isoler les salafistes. La situation est plus critique à Tombouctou, où la population est prise au piège. Le pouvoir politique, chassé du nord du pays, est impuissant, le mouvement d’indépendance touareg a été balayé, laissant le champs libre aux intégristes.
Lire  : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/07/03/mali-pour-les-integristes-venerer-un-saint-c-est-porter-atteinte-a-l-unicite-de-dieu_1728525_3212.html
La situation échappe-t-elle au pouvoir libyen ?
Au niveau intérieur, ces attaques prouvent effectivement que l’armée n’est pas encore assez solide et équipée pour rétablir la sécurité et empêcher de telles attaques. En revanche, la démission du ministre de l’intérieur, accusé de laxisme, est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie. Faouzi Abdel A’al a reconnu sa responsabilité et celle des forces de sécurité, ce qui est un signe encourageant de maturité politique.

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