dimanche 2 septembre 2012

Menaces de partition, rumeurs d’intervention : Effondrement du rêve démocratique au Mali

AFRICATIME -Menaces de partition, rumeurs d’intervention : Effondrement du rêve démocratique au Mali
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(Le Monde diplomatique Septembre 2012)
Naguère modèle de démocratie africaine, le Mali s’enfonce dans l’instabilité politique tandis que la rébellion au Nord, dominée par des groupes islamistes radicaux, coupe le pays en deux. Depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier, le président de transition, M. Dioncounda Traoré, tente de concilier partisans et opposants du putsch. Cette crise révèle d’anciennes fractures.
Le Mali est-il menacé d’une généralisation de la charia ? Depuis le 27 juin, le nord du pays se trouve aux mains des groupes islamistes radicaux qui ont pris le contrôle des régions de Kidal, puis de Gao et de Tombouctou, soit au total près des deux tiers du territoire. Leur domination mêle exactions perpétrées au nom d’Allah et assistance aux populations démunies, celles du moins qui n’ont pas pris la fuite. Les salafistes installés dans les trois grandes régions septentrionales distribuent argent et secours, et n’ont pas de mal à recruter parmi les jeunes chômeurs sans perspectives d’avenir. A Gao, ils fournissent carburant et denrées à prix coûtant, équipent les centres de santé, payent leurs agents… Un élu du Nord raconte qu’il a tenté de joindre le chef du mouvement islamiste radical Ançar Dine, M. Iyad Ag Ghali, pour le rencontrer. Réponse : « Je te verrai quand tu auras démissionné de ton poste. Les députés n’ont aucune légitimité face à la loi de Dieu. »
Cependant, dans un pays grand comme deux fois et demie la France, le Nord reste loin. Loin du pays « utile », où se concentre 90 % de la population. A Bamako, sous les changements de ciel de l’hivernage, en plein ramadan, la tolérance traditionnelle reste de mise : restaurants ouverts, alcool disponible et quelques fumeurs en pleine rue. S’il implique une majorité des habitants, le mois du jeûne (achevé à la mi-août) se vit « à la malienne », avec une piété sans contrainte publique (lire « Un islam tiraillé »).
Première source d’anxiété : le travail. A cause de la crise, l’économie est en lambeaux. De nombreuses entreprises, notamment de services, ont fermé ou mis leur personnel en chômage technique. Après l’hôtellerie et la restauration, frappées d’emblée, l’ensemble des secteurs fonctionnent désormais au ralenti. De gros employeurs licencient, telle la compagnie Air Mali. Seul le secteur minier semble tirer son épingle du jeu, et l’Etat continue à payer les salaires.
Autre motif de désarroi : l’effondrement politique d’un pays jusque-là érigé en modèle démocratique. (...)
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Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique de septembre 2012, actuellement en kiosques, et dans l’édition électronique.

Jacques Delcroze
Journaliste

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