jeudi 6 septembre 2012
Curieusement, le président intérimaire de la République du Mali, Dioncounda Traoré, a demandé officiellement à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à la communauté internationale d’une façon générale, d’intervenir militairement dans son pays pour en libérer les 2/3 du envahis par les islamistes.La requête adressée au président en exercice de la CEDEAO Alassane Ouattara, « s’inscrit dans le contexte des idées à trois phases, c’est-à-dire de la sécurisation des autorités de la transition (NDLR : dont le président intérimaire Dioncounda Traoré), de la restructuration des forces armées maliennes et de la restauration de l’intégrité territoriale du Mali sur l’ensemble de son territoire ». Paradoxe, peut-on s’étonner.
Car les Maliens, dont Dioncounda lui-même, qui avaient refusé l’intervention de la CEDEAO dans leur pays pour des raisons de patriotisme, d’orgueil et de nationalisme, ont mis sous l’éteignoir ces valeurs, pour tendre la main à la CEDEAO. Est-ce bien vrai ? Dioncounda, pour ne parler que de lui, avait déclaré à son retour de convalescence en France, qu’il préférait être sécurisé par les forces de sécurité maliennes. Que s’est-il passé entre temps ? Sans doute que sous la pression internationale et celle de ses pairs de la sous-région, il a fini par comprendre que le problème malien dépasse les frontières de ce pays. On comprend alors pourquoi les Maliens sincères sont revenus à la raison et applaudissent enfin cette requête.
Mais en face, le capitaine Haya Sanogo et ses hommes opposent un refus catégorique : « Nous ne voulons pas de forces étrangères sur notre sol. Nous avons les hommes qu’il faut pour faire face aux islamistes. Nous voulons seulement de la logistique et du renseignement », a lancé le porte-parole du capitaine, soutenant que certains pays bloquent chez eux des armes que le Mali aurait achetées pour reconquérir le Nord du pays. Parallèlement, une certaine presse pro-putsch accuse des pays comme le Burkina de laisser passer des armes pour le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). D’où la connivence de ce pays avec ce Mouvement. Qu’est-ce à dire ?
Que le problème malien, c’est la CEDEAO ; que le problème malien, ce sont les pays voisins, qui, par tous les moyens, veulent intervenir au Mali. A la limite, il reste à faire croire que des troupes ouest-africaines combattent aux côtés des troupes islamistes. C’est dans un tel contexte, suffisamment confus, que les troupes de la CEDEAO devront intervenir. Autrement dit, ces troupes auront en face d’elles dans un premier temps les troupes maliennes. Comment combiner un tel attelage au moment où les troupes maliennes sont hostiles aux troupes ouest-africaines ? Ensuite, il faut aller sur le front au Nord. En rangs dispersés ? N’est-ce pas que cela profitera davantage aux islamistes ? Qui, de leur rôle, affichent une sérénité imperturbable face à une éventuelle intervention militaire au Nord Mali.
En effet, l’expérience a montré que partout, en tous cas dans la plupart des cas où des forces étrangères sont intervenues militairement, le conflit a pris d’autres proportions pour ne pas dire qu’il y a eu plus ou moins des échecs. Les cas en Irak, en Afghanistan en sont des témoignages. L’armée malienne demande un soutien logistique. Donnez-lui, ces moyens, si vous en avez ! A défaut, donnez-les leurs armes s’il est vrai que vous les avez bloquées ! Dans ces conditions, il restera à chaque pays, limitrophe ou non, de sécuriser ses frontières pour ne pas recevoir des islamistes chez lui. L’armée malienne se chargera, comme elle le dit, de régler le problème à l’intérieur. Véritablement, il ne serait pas souhaitable que des pays africains envoient des forces militaires au Mali pour les y exposer à des tueries inutiles. Ce n’est pas le début qui est compliqué, mais la suite et la fin. On ne contraint pas quelqu’un à accepter de l’aide.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso
Car les Maliens, dont Dioncounda lui-même, qui avaient refusé l’intervention de la CEDEAO dans leur pays pour des raisons de patriotisme, d’orgueil et de nationalisme, ont mis sous l’éteignoir ces valeurs, pour tendre la main à la CEDEAO. Est-ce bien vrai ? Dioncounda, pour ne parler que de lui, avait déclaré à son retour de convalescence en France, qu’il préférait être sécurisé par les forces de sécurité maliennes. Que s’est-il passé entre temps ? Sans doute que sous la pression internationale et celle de ses pairs de la sous-région, il a fini par comprendre que le problème malien dépasse les frontières de ce pays. On comprend alors pourquoi les Maliens sincères sont revenus à la raison et applaudissent enfin cette requête.
Mais en face, le capitaine Haya Sanogo et ses hommes opposent un refus catégorique : « Nous ne voulons pas de forces étrangères sur notre sol. Nous avons les hommes qu’il faut pour faire face aux islamistes. Nous voulons seulement de la logistique et du renseignement », a lancé le porte-parole du capitaine, soutenant que certains pays bloquent chez eux des armes que le Mali aurait achetées pour reconquérir le Nord du pays. Parallèlement, une certaine presse pro-putsch accuse des pays comme le Burkina de laisser passer des armes pour le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). D’où la connivence de ce pays avec ce Mouvement. Qu’est-ce à dire ?
Que le problème malien, c’est la CEDEAO ; que le problème malien, ce sont les pays voisins, qui, par tous les moyens, veulent intervenir au Mali. A la limite, il reste à faire croire que des troupes ouest-africaines combattent aux côtés des troupes islamistes. C’est dans un tel contexte, suffisamment confus, que les troupes de la CEDEAO devront intervenir. Autrement dit, ces troupes auront en face d’elles dans un premier temps les troupes maliennes. Comment combiner un tel attelage au moment où les troupes maliennes sont hostiles aux troupes ouest-africaines ? Ensuite, il faut aller sur le front au Nord. En rangs dispersés ? N’est-ce pas que cela profitera davantage aux islamistes ? Qui, de leur rôle, affichent une sérénité imperturbable face à une éventuelle intervention militaire au Nord Mali.
En effet, l’expérience a montré que partout, en tous cas dans la plupart des cas où des forces étrangères sont intervenues militairement, le conflit a pris d’autres proportions pour ne pas dire qu’il y a eu plus ou moins des échecs. Les cas en Irak, en Afghanistan en sont des témoignages. L’armée malienne demande un soutien logistique. Donnez-lui, ces moyens, si vous en avez ! A défaut, donnez-les leurs armes s’il est vrai que vous les avez bloquées ! Dans ces conditions, il restera à chaque pays, limitrophe ou non, de sécuriser ses frontières pour ne pas recevoir des islamistes chez lui. L’armée malienne se chargera, comme elle le dit, de régler le problème à l’intérieur. Véritablement, il ne serait pas souhaitable que des pays africains envoient des forces militaires au Mali pour les y exposer à des tueries inutiles. Ce n’est pas le début qui est compliqué, mais la suite et la fin. On ne contraint pas quelqu’un à accepter de l’aide.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso
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