AFP: Mali: l'armée tue 16 personnes dans le centre, Bamako ordonne une enquête
BAMAKO — Le gouvernement malien a ordonné une enquête après une fusillade dans laquelle 16 membres présumés d'une secte islamiste - 8 Maliens et 8 Mauritaniens - ont été abattus par l'armée dans le centre du Mali, au sud des zones du Nord occupées par des jihadistes.
L'armée - qui ne compte aucune perte dans ses rangs - a ouvert le feu dans la nuit de samedi à dimanche sur le véhicule de ces islamistes présumés qui refusait de s'arrêter dans la localité de Diabali (environ 175 km au nord de Ségou), ont expliqué à l'AFP plusieurs sources militaires, des gendarmes et un responsable au ministère malien de la Sécurité.
Située à 235 km au nord-est de Bamako, Ségou est largement au sud de la limite des zones du Nord contrôlées depuis cinq mois par plusieurs groupes islamistes armés, dont Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon des sources militaires, sécuritaires et officielle jointes par l'AFP, la fusillade a été déclenchée par le refus d'obtempérer, qui a poussé l'armée à traiter les islamistes présumés "comme des ennemis".
Dans un communiqué publié dimanche soir, le gouvernement malien a précisé le bilan: "8 Maliens et de 8 Mauritaniens tués par balle", et annoncé avoir "ordonné l'ouverture immédiate d'une enquête diligente dont les résultats seront" rendus publics au Mali et en Mauritanie, pays voisin.
Le Mali "regrette vivement ce douloureux événement" et a dépêché à Nouakchott son ministre des Affaires étrangères, Tièman Coulibaly, pour exprimer à la Mauritanie de "vive voix la compassion et les regrets du peuple malien".
Dimanche soir, l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle) a rapporté que 12 Mauritaniens appartenant à "un groupe exerçant des activités de prédication" ont été tués au Mali "par des forces de sécurité maliennes".
"Les autorités mauritaniennes sont en contact avec les autorités maliennes pour obtenir davantage d'informations (...) ainsi que pour rapatrier les dépouilles des Mauritaniens tués", rapporte l'AMI, citant une source officielle.
"Froidement tués"
Selon un responsable au ministère malien de la Sécurité joint par l'AFP, les 16 personnes tuées étaient des membres de la secte Dawa, originaire du Pakistan, et présente dans plusieurs pays du Sahel.
"D'autres personnes membres de cette secte, qui devaient (...) participer à une réunion la semaine dernière sur le territoire malien, ont été arrêtées", a-t-il dit.
"La plupart des hommes tués sont des prédicateurs de la Dawa (...) Ils allaient participer à une rencontre" au Mali, a de son côté déclaré une source sécuritaire sans plus de détails.
D'après des sources concordantes maliennes et mauritaniennes, les 16 personnes étaient dans un seul véhicule et n'étaient pas armées. "Elles avaient pour habitude de se rendre dans les campagnes et les villes pour prêcher la cause de l'islam", selon une source mauritanienne.
Un Mauritanien, Dedi Ould Mohamed Mokhtar Ould Bouely, a affirmé à l'AFP que son cousin, Oumane Ould Eleyat, faisait partie des morts. Selon lui, il s'agissait d'un groupe de 16 jeunes prédicateurs qui se rendaient à une réunion de confrères à Bamako lorsqu'ils ont été pris pour cible. "Ils ont été froidement tués par l'armée malienne", a-t-il accusé.
Cette fusillade survient dans un contexte de nervosité militaire au Mali, la ligne de partition du pays s'étant déplacée huit jours plus tôt. Le 1er septembre, le Mujao a en effet pris, sans combat, la ville de Douentza (région de Mopti, centre), proche du Nord.
Le Mujao, Ansar Dine, des rebelles touareg et d'autres groupes armés, qui menaient des attaques contre l'armée dans le Nord, ont profité d'un coup d'Etat le 22 mars pour accélérer leur offensive et prendre le contrôle de ces vastes zones entre fin mars et début avril.
Depuis, les islamistes ont évincé leurs ex-alliés rebelles touareg du Nord et menacent de représailles les pays et soutiens d'une force militaire que l'Afrique de l'Ouest se dit disposée à envoyer au Mali pour l'aider à recouvrer ses zones occupées.
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