lundi 3 septembre 2012

Les islamistes ne s'arrêteront pas au Nord-Mali | Slate Afrique

Les islamistes ne s'arrêteront pas au Nord-Mali | Slate Afrique

Les «fous d'Allah» qui ont envahi le nord du Mali ont, en réalité, des visées expansionnistes dans toute la région sahélienne. Mais pourquoi personne ne fait rien pour stopper leur avancée?

Convoi du médiateur burkinabè, Dijibril Bassolé, dans la crise malienne, lors d'une visite à Gao, 7 août 2012. ©Reuters/ String
l'auteur
«L’objet de la guerre, c’est la victoire; et l’objet de la victoire, c’est la conquête.»
Ainsi indiquait l’écrivain français Charles-Louis de Secondat, plus connu sous le nom de Montesquieu.
Cette maxime, pour ceux qui doutaient encore de sa pertinence, trouve son sens dans l’attitude et le comportement des islamistes du Nord-Mali.
Car, après avoir traqué et chassé les membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ces fondamentalistes qui, visiblement, n’avaient aucune vision indépendantiste, s’étaient claquemurés dans le septentrion du Mali, où ils ont étendu leurs tentacules.
Leur vision, disaient-ils à qui voulait les entendre, était d’imposer la charia (loi islamique) dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Avait-on besoin d’être spécialiste en herméneutique pour comprendre qu’on ne peut pas prétendre imposer la charia à toute l’Afrique de l’Ouest sans être animé de velléités expansionnistes?

Le Nord-Mali, mais pas seulement

En tout cas, la preuve que les nouveaux maîtres du Nord-Mali n’entendent pas se limiter à Gao, Tombouctou et Kidal est désormais là. La localité de Douentza (à 170 km de Mopti) est tombée dans leurs mains.
Telle une araignée qui tisse sa voile, les islamistes avancent lentement, mais sûrement, si bien que l’on se demande si Bamako ne finira pas un jour par tomber dans leur giron, tant les autorités restent muettes comme des carpes et inertes comme des téléspectateurs devant un crime abominable.
Jusqu’à quand donc durera cet attentisme qui dénote d’une faiblesse vis-à-vis de l’ennemi envahisseur? D’autant qu’après avoir conquis Douentza, personne ne peut prévoir la trajectoire de ces fous d’Allah.

Mais pourquoi personne ne fait rien?

Pauvre Mali! Jadis un havre de paix, aujourd’hui une pègre où la liberté d’expression fait partie des interdits sociaux les plus élémentaires.
Au fait, on a parfois envie de dire que ceux qui soutiennent qu’il faut négocier avec les islamistes et qui clament que ces derniers sont ouverts aux négociations, ressemblent à des otages malheureux qui jubilent dans les bras de leurs ravisseurs, dans l’espoir de les émouvoir.
Et, au final, on ne sait plus finalement qui de ces partisans du dialogue ou des islamistes fardent souvent la vérité.
Car, on se rappelle que pas plus tard que la semaine dernière, des émissaires d’une coalition formée de partis politiques et d’organisations de la société civile claironnaient que les nouveaux maîtres du Nord-Mali avaient accepté le redéploiement de l’administration.
A peine a-t-on eu le temps de réfléchir à cette donne qu’on parle de conquête de Mopti. Comment peut-on concéder le retour des fonctionnaires, signe d’ouverture au dialogue, tout en allant à la conquête de nouveaux territoires?
Il y a une sorte de contradiction, à moins que les vis-à-vis des islamistes n’aient choisi de se chatouiller pour rire.
Boundi Ouoba (Le Pays)
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