jeudi 19 mars 2015

Processus de paix: le MNLA et consorts marquent le pas

JournalDuMali.com: Processus de paix: le MNLA et consorts marquent le pas

Par Dédé F. - 18/03/2015

La médiation est revenue bredouille de Kidal, après avoir passé des heures à parlementer avec les cadres des mouvements rebelles. Pas de paraphe à l’horizon, pas de nouvelle négociation non plus.

La médiation a quitté Kidal ce mardi. Elle s’y était rendue pour tenter de faire entendre raison aux mouvements séparatistes qui refusent de signer l’accord d’Alger du 1er mars. Depuis le paraphe de l’accord de paix entre Bamako et les différents groupes armés sur le terrain au nord du pays, les regards sont tournés vers la Coordination des Mouvements de l’Azawad qui avait demandé à « consulter sa base » avant de pendre une décision. Suite à la concertation du lundi à Kidal, l’annonce est tombée : c’est non. Pour le moment. Or, c’est en principe en cette fin du mois de mars que devrait être signé officiellement l’accord de paix. Le temps presse.

Que veut la CMA ?
C’est comme une épée de Damoclès au dessus de la paix au Mali. Alors que la pression internationale s’accentue depuis l’attentat terroriste du 07 mars à Bamako, les mouvements rebelles jouent les prolongations pour le processus de négociation. Pour eux, l’accord d’Alger, du 25 février, tel que proposé et approuvé par les autres parties, ne reflète pas la satisfaction de leurs revendications. Quelles sont-elles ? Il s’agit entre autres de la reconnaissance officielle de I’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique, de la création d’une assemblée interrégionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni, dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques à l’Azawad, de la mise en place de zones de défense et de sécurité dont le commandement reviendra à des ressortissants de I’Azawad, etc…Ces éléments se retrouvent dans un document intitulé « Points essentiels à introduire dans le projet d’accord produit par la médiation » et remis à cette dernière ce mardi.
    © Rfi.fr
    Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA, s'exprime à Alger, le 16 juillet 2014
En bref, pour la CMA, alors que les parties s’étaient entendues pour ne plus remettre en cause la souveraineté de l’Etat malien sur toute l’étendue de son territoire, leurs « exigences » qui foulent au pied tout ce qui avait été discuté des mois durant, doivent être reposées sur la table pour un nouveau round. En perte de vitesse, sans plus d’influence que sur une poignée de personnes retranchées dans la ville de Kidal, le MNLA et alliés auraient-ils été faire du tourisme à Alger ? C’est bien la question qui se pose, puisque les différents points (presqu’une quinzaine de revendications difficiles à satisfaire par un Etat souverain qui veut le rester) n’ont pas bougé d’un iota. On pourrait également se demander ce qui s’est finalement passé à Alger pour que des participants de la première heure à ces discussions ramènent ainsi le processus au point de départ…

Plus de négociations
La visite éclair des médiateurs qui mène les pourparlers « intermaliens » est en tout cas la preuve de la volonté d’avoir un accord le plus inclusif possible. La délégation a d’ailleurs été claire dan le communiqué émis à l’issue de la visite à Kidal. « La Délégation a indiqué que[ tout en prenant bonne note de ces demandes et de la position de la Coordination], elle rappelle que la procédure du paraphe engagée à Alger le 1er mars, signifie bien que la négociation est parachevée » peut-on lire dans le texte. Pas question donc de rouvrir un énième round de discussions dans les salons feutrés en Algérie ou ailleurs. Le gouvernement malien, par la voix de son porte-parole a également opposé une fin de non recevoir quand à l’ouverture d’une nouvelle négociation.
De plus, et toujours selon le communiqué, « l’Accord n’a pas la prétention de résoudre à la fois et dans l’immédiat tous les problèmes posés », « il offre un cadre évolutif de réponses aux défis auxquels est confronté le peuple malien », « certaines des observations formulées par la Coordination pourraient être valablement prises en charge dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord ». Pourvu que les cadres de la CMA puissent expliquer tout ceci « à la base » afin qu’elle comprenne et les aide à décider de privilégier le vivre-ensemble, pour aller de l’avant. Parce que le Mali n’a plus les moyens de laisser traîner cette situation de « ni paix, ni guerre ». Parce que les ennemis, ceux venus d’ailleurs, attendent le moindre signe de faiblesse pour nous frapper à nouveau.

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