SAHEL • Niger-Tchad : sous la menace | Courrier international
Frontaliers des zones d’influence de Boko Haram et d’Aqmi, les deux Etats veulent à tout prix éviter le syndrome malien.
Le Pays |
Mahorou Kanazoe |
24 janvier 2013
Les démons du terrorisme, de l’intégrisme et de l’insécurité sont lâchés dans le Sahel. Ils ont pour le moment élu domicile au Mali, mais, comme l’appétit vient en mangeant, rien ne prouve qu’ils n’étendront pas leurs tentacules à tous les pays de la bande sahélo-saharienne. Si Boko Haram [L’Occident est un péché] a pu prendre naissance au Nigeria et essaimer jusqu’au Mali, c’est que le péril est réel.Le Tchad semblait en retrait des différents conclaves régionaux tenus jusque-là autour de cette problématique. Peut-être se considérait-il immunisé contre tous ces mouvements intégristes qui écument la bande sahélo-saharienne ?En tout cas, il lui faut aujourd’hui reconsidérer cette position d’attentisme. A ses frontières, son géant voisin, le Nigeria, a maille à partir avec la terrible secte Boko Haram. Et, depuis que celle-ci a fait jonction avec Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) et d’autres organisations intégristes au Mali, le Tchad a compris qu’il n’était guère à l’abri de la menace, et ce d’autant que certains de ses ressortissants, à tort ou à raison, ont été expulsés du Nigeria pour collusion avec Boko Haram. Toutes les conditions semblent donc réunies pour que le Tchad se retrouve dans le club peu enviable des pays affectés ou à risque.Et c’est tant mieux si le président Idriss Déby, qui s’y connaît en matière de guerre, s’attelle aujourd’hui à contrer cette nouvelle menace à ses frontières. Pendant de longues années, en effet, le maître de N’Djamena a concentré ses efforts sur un autre front, pour faire face aux multiples rébellions qui lui ont mené la vie dure. Cette page sombre, on peut le dire, est pratiquement tournée, depuis qu’Idriss Déby et Omar El-Béchir, du Soudan, dont le pays servait de base arrière aux rebelles tchadiens, filent le parfait amour. Reste la question du terrorisme, à sa frontière avec le Nigeria et accessoirement avec le Niger. Ce dernier pays s’avère un allié sûr.Le pays de Mahamadou Issoufou, en effet, a toujours fait montre de détermination dans la lutte contre Aqmi. Certes, avec des résultats encore mitigés, puisqu’il n’a pu éviter des enlèvements spectaculaires sur son sol ; mais les preneurs d’otages n’ont jamais réussi à s’implanter en territoire nigérien. Ils viennent du nord du Mali, qu’ils considèrent comme leur sanctuaire. Cependant, le Tchad et le Niger ne peuvent à eux seuls forger un rideau de fer contre Aqmi et toutes ses succursales.En ce qui concerne Boko Haram, ils devraient commencer par travailler main dans la main avec le Nigeria. De façon plus générale, ils doivent inscrire leur politique dans une dynamique globale, qui va d’Alger à Abuja, la capitale du Nigeria. C’est en cela qu’apparaît la principale faiblesse des actions de lutte contre le terrorisme au Sahel : le manque d’unité et de coordination dans la riposte.La cacophonie semble toujours de mise. Contre un phénomène transfrontalier, un front unique et solide réunissant tous les pays concernés est indispensable. Cela permettra aux différents Etats de la région de passer enfin de la “réunionite” aux actions concrètes sur le terrain.
Le Pays |
Mahorou Kanazoe |
24 janvier 2013
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