En voulant jouer au plus malin : Iyad Ag Ghali piégé par la France - maliweb.net
Depuis des semaines Iyad Ag Ghali, le renard du désert, préparait l’offensive vers le sud du Mali pour pourrir la situation et décourager ainsi les velléités d’intervention d’une part non négligeable de la communauté internationale. Ses propositions de négociations, faisant fi de se démarquer de ses alliés jihadistes n’était qu’une ruse pour endormir la vigilance des autorités maliennes. Mais ce qu’il avait oublié, la France le surveillait comme du lait sur le feu.
Depuis plusieurs mois, la France a pris une position radicale vis-à-vis des groupes armés terroristes déclarés comme des ennemis de la France. Il s’agit de tous les mouvements alliés à Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) que le monde en général et la France en particulier, abhorrent à tel point qu’ils les considèrent comme le Satan des temps modernes.
En effet, qu’il s’agisse de Boko Haram, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), d’Ansar Eddine, tous alliés d’Aqmi pour former la coalition du mal ayant pris pour cibles principales les Européens dans la chasse effrénée aux otages, la France leur a réservé depuis longtemps le même traitement : les abattre pour les mettre hors d’état de nuire.
Les prises d’otages se faisaient au départ dans le désert et concernaient quelques rares touristes qui avaient la témérité de s’aventurer dans ce no man’s land. Lorsque la France et les autres pays européens ont attiré l’attention de leurs ressortissants, mis en demeure de ne plus s’aventurer dans cette zone, les chasseurs d’otages, qui voyaient dans cet acte une activité lucrative à cause des rançons versées, ont commencé à s’intéresser à des localités du nord du Mali pour y enlever des travailleurs de l’humanitaire venus apporter leur expertise aux organisations non gouvernementales (Ong) qui sont nombreuses à s’activer dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
L’enlèvement d’un Français à Diéma, au sud-ouest du Mali, est la preuve que les ravisseurs sont capables d’agir n’importe où au Mali. Dès lors, le Mali devenait un cauchemar pour les Français. Chose inacceptable, si l’on sait l’importance des intérêts français au Mali.
Après la formation de la grande coalition Aqmi-Ansar Eddine-Boko Haram-Mujao, la menace s’est étendue à tous les pays de la bande sahélo-saharienne. Au Niger, au Nigeria et partout ailleurs les Européens sont traqués et enlevés, les empêchant ainsi de se mouvoir et donc de travailler dans le sens de la gestion et de la préservation des intérêts économiques de la France. Cela vaut déclaration de guerre et naturellement, on ne s’attaque pas impunément aux intérêts et ressortissants des Français à qui le Général de Gaulle a bien appris qu’un Etat n’a pas d’amis, mais des intérêts.
Mais comment agir, était la grande question et la saisine du Conseil de sécurité de l’Onu était la meilleure trouvaille pour, au détour d’une opération militaire internationale contre les narco trafiquants déguisés en terroristes, en finir avec cette menace qui porte atteinte aux intérêts stratégiques de la France. C’est pourquoi le Président François Hollande, qui a pris conscience qu’un mal il faut y remédier en l’attaquant à la racine, c’est-à-dire la cause au lieu de se borner à lui apporter toujours un palliatif, s’est engagé résolument aux côtés des pays africains pour décrocher cette résolution des Nations unies, porte ouverte pour aller casser du jihadiste.
Entre temps, les pays africains en général et ceux de la Cédéao en particulier, ont prouvé leur impréparation pour affronter ce genre de situations. En effet, les réunions se multipliaient sans apporter rien de concret. Pendant ce temps, les groupes terroristes se massifiaient et se préparaient à la riposte, sachant qu’un déluge de feu allait leur tomber sur la tête.
C’est pourquoi, lorsque Iyad Ag Ghali, fort de complicités jusqu’au cœur de la capitale, Bamako, comme l’a dénoncé un député de la Codem à l’Assemblée nationale, a pensé pouvoir bien agir en prenant de cours l’armée malienne en train de parfaire sa préparation pour la récupération des localités occupées, le fondateur d’Ansar Eddine s’est finalement brûlé les doigts à force de jouer avec le feu.
En effet, selon une source bien introduite dans les milieux sécuritaires, les services de renseignements français, bien introduits dans la zone, avaient décrypté toutes les intentions du chef de guerre Iyad Ag Ghali mais n’ont pas bronché. Selon toujours notre source, informer les autorités maliennes présentait le risque d’un retour de l’information vers les islamistes qui reçoivent des informations stratégiques sur le Mali, sans que l’on sache comment. De toutes les façons, on fait état de complicités de certains hommes politiques qui avaient scellé une alliance avec le diable pour déstabiliser l’ancien régime et qui se trouvent ainsi coincés dans un étau. C’est ce qui expliquerait, en partie, la déclaration du Mujao qui menaçait de dévoiler les noms de ceux qui les soutiennent à partir de Bamako. Mais en saura-t-on davantage ? Mystère et boule de gomme !
Mais lorsque le Président François Hollande déclare que l’opération Serval a été préparée depuis plusieurs semaines avant l’intervention des troupes françaises à Sévaré, cela corrobore la thèse selon laquelle la France était au parfum de ce qui se tramait, mais y a trouvé l’occasion rêvée d’intervenir. En effet, selon le Président français: «L’opération a été préparée depuis des semaines, mais il fallait attendre l’opportunité pour intervenir». Sûr ! Parce que des troupes françaises au Burkina, donc à quelques km de Mopti, étaient déjà en état d’alerte avant l’attaque de Konna.
Et il semble aussi que le nom de baptême choisi par les autorités militaires françaises pour cette opération armée n’est pas un hasard. En effet, le Serval est un félin qui est connu comme jaloux de la préservation de son territoire qu’il délimite en urinant plusieurs fois par jour pour le délimiter. La France serait-elle aussi en train de retracer son territoire d’influence dans la bande sahélo-saharienne ? C’est un autre débat.
Mais en attendant, reconnaissons que le renard du désert, Iyad Ag ghali a été piégé et dompté comme un agneau abandonné et qui peine à trouver un protecteur sur une éventuelle verte prairie. En effet, tel est pris qui croyait prendre. Surveillé de très près, son plan d’attaque des positions avancées de l’armée à Konna lui a été fatal parce que contré par la France qui a usé de gros moyens, notamment avec les avions «Rafale» dont la demande de la part des pays africains risquerait de doper l’industrie française, après cette démonstration de capacité et de performance bien réussie.
Birama FALL
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