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C’est à la Une de tous les sites de la presse ce mercredi 30 janvier: l’armée française a pris position sur l’aéroport de Kidal, la dernière grande ville du Nord du Mali sous le contrôle de groupes armés. Des « éléments français ont été mis en place cette nuit à Kidal », à 1500 km de Bamako, près de la frontière algérienne, a affirmé à Paris le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le Colonel Thierry Burkhard.
Il confirmait ainsi les témoignages faisant état de l’atterrissage sur l’aéroport de Kidal d’un avion français, dans la nuit de mardi à mercredi. Toutes les sources d’information confirment également que les militaires français y sont allé sans en aviser leurs collègues maliens.Ce qui est le plus déplaisant dans cette affaire, c’est que l’armée française a collaboré avec le MNLA et le MIA pour débarquer à Kidal. Ce qui est choquant, c’est que ces deux mouvements ont affirmé leur hostilité à la présence de soldats maliens. Ce que les Français ont accepté sans coup férir, tandis qu’à Tombouctou et à Gao, les soldats français ont pris soin d’apparaître aux côtés des militaires maliens, les laissant patrouiller les rues.
Alors, que s’est-il passé pour que Paris change de tactique? La question lancinante des otages européens, notamment français, y est-elle pour quelque chose? On peut en douter, dans la mesure où le MNLA ne détient aucun otage. De plus, il a des rapports exécrables avec les ravisseurs, qui ne sont autres que le MUJAO et AQMI.
Alors, quelle autre motivation peut amener Hollande à emprunter la voie de la trahison, après avoir été félicité, adulé, béni par les Maliens, les Africains et tous les pays épris de paix et de justice sociale? Son récent voyage au Qatar et la longue amitié que Paris a toujours tissée avec les hommes bleus pourraient expliquer la nouvelle donne.
Le Qatar est l’un des pays qui finance et soutient l’idéologie des djihadistes au Nord du Mali. Or, il se trouve que Paris court derrière les pétrodollars qataris, sollicite ses investisseurs pour fortifier son économie, malade de la crise internationale, avec à la clé un chômage record. La visite de Hollande dans ce pays, au moment où les français bombardaient les positions des islamistes au Mali, n’était pas fortuite. Elle a probablement des liens avec la situation au Mali et a peut-être influé sur la suite des évènements. On peut donc penser que Hollande joue sur un double registre.
Le Qatar et son allié, l’Egypte, ont même condamné l’intervention française. Voilà un pays riche, l’un des rares, qui n’a pas participé à la conférence des donateurs pour le Mali et n’a toujours pas délié les cordons de sa bourse.
L’amitié entre Paris et les Touaregs ne date pas du temps de Sarkozy. Elle est lointaine et remonte à la tentative ratée de la France coloniale de créer l’Organisation des Communautés Riveraines du Sahara (OCRS). Depuis, l’Hexagone a un faible envers ces hommes. Le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, a récemment déclaré «les Touaregs sont nos amis». C’est dire qu’il ne faudra pas attendre de la France qu’elle bombarde les positions d’Ansar Dine, du MIA et du MNLA, qu’on a remis en selle.
C’est vraiment dommage pour le Mali. Parce que le mal de notre pays, c’est bien ces organisations terroristes, c’est bien Kidal. Ce n’est ni Tombouctou ni Gao. En épargnant de façon complaisante les terroristes de Kidal, le mal reste entier. Car, c’est bien Kidal le fief du banditisme armé, des narcotrafiquants, des narco- djihadistes, des criminels de tout acabit.
Il est vraiment dommage qu’on leur donne le temps de cacher l’armada dont ils disposent dans les collines de Kidal et dans des trous insoupçonnés. Ce qui équivaudra à un éternel recommencement.
Il est aussi dommage qu’au même moment, Laurent Fabius, ministre français des Affaires Etrangères, presse Bamako d’aller sans délai à des négociations avec les groupes armés non terroristes. Le Quai d’Orsay sait peut être qui sont ces «groupes armés non terroristes» mais pour nous, Maliens, ils sont tous les mêmes, des terroristes.
Maintenant, avons-nous le choix de se soumettre ou non à ce diktat français? Allons-nous vers un néocolonialisme, comme l’avait craint l’ancien Président français, Valéry Giscard d’Estaing? Le vin est tiré, avons-nous d’autre choix que de le boire?
Chahana Takiou
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