L’armée malienne se venge sur les Arabes et les Touareg Ces exactions soulèvent un tollé - Liberté Algérie , Quotidien national d'information
L’armée malienne se venge sur les Arabes et les Touareg
Par : Merzak Tigrine
Devant la multiplication des informations faisant état d’exactions de soldats de l’armée malienne, dont notamment des exécutions sommaires, de nombreuses voix se sont élevées pour appeler les autorités de Bamako à faire preuve de retenue.
Les informations faisant état d'exactions commises par l'armée malienne se multiplient. Réagissant à ces pratiques inadmissibles, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a accusé des soldats maliens d'avoir perpétré “une série d'exécutions sommaires” et au moins 11 personnes ont été tuées à Sévaré. Dans la région de Niono, deux Maliens d'origine touarègue ont été exécutés par des soldats maliens, a ajouté la FIDH, qui a rapporté également “des informations crédibles sur une vingtaine d'autres cas d'exécutions à Sévaré où les corps auraient été enterrés en toute hâte, notamment dans des puits”.
De son côté, l’ONG Human Rights Watch (HRW), qui a réclamé l'envoi d'observateurs de l'ONU, a dit enquêter sur des “allégations d'exactions graves impliquant des membres de l'armée malienne”. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, a appelé l'encadrement de l'armée malienne à être “extrêmement vigilant” envers les risques d'exactions.
“L'armée doit être irréprochable et il ne saurait être question pour nous de cautionner des actes que nous reprochons aux terroristes”, a déclaré le gouvernement malien dans un communiqué mercredi soir.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui avait salué l'intervention “courageuse” de la France au Mali, avait fait part mardi de ses craintes concernant l'impact de l'opération sur les civils et les droits de l'homme. L’Union européenne s'est également déclarée mercredi “très préoccupée” par de possibles exactions au Mali. “Nous sommes très préoccupés par des rapports qui évoquent la possibilité de luttes et de combats ethniques, d'exactions commises à titre de revanche”, a indiqué à Ouagadougou la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva.
Par ailleurs, l’un des trois groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali, Ansar Eddine (Défenseurs de l'islam) s'est scindé en deux, une partie de ses membres appelant jeudi à une “solution pacifique”, au quatorzième jour de l'intervention militaire française au Mali. Le nouveau groupe se présente comme le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), l'Azawad étant le nom que les Touareg donnent au Nord du Mali, en proie à des tensions indépendantistes depuis des années. “Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu'il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d'extrémisme et de terrorisme et s'engage à les combattre”, affirme-t-il dans un communiqué reçu par l'AFP. “Composé exclusivement de nationaux (Maliens), le MIA réaffirme son indépendance et sa volonté à aller vers une solution pacifique” à la crise au Mali, ajoute-t-il. Le nouveau groupe dit “occuper” la région de Kidal, à plus de 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière nigérienne. Le MIA demande à Bamako et à Paris un “arrêt des hostilités” pour entamer un “dialogue politique inclusif”, après le début, le 11 janvier, de l'intervention militaire française au Mali pour aider l'armée malienne à reconquérir le nord du pays, devenu en 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda et où ils ont commis de nombreuses exactions au nom de la charia. Ce nouveau mouvement, dont le secrétaire général Alghabasse Ag Intalla est issu d'une des grandes familles touareg de la région de Kidal, ancien négociateur pour Ansar Eddine lors de la médiation burkinabé fin 2012, dit être issu de “l'aile modérée” d'Ansar Eddine, groupe dirigé par un ex-rebelle touareg malien, Iyad Ag Ghaly.
Depuis des mois, des médiateurs ouest-africains et algériens tentaient de dissocier Ansar Eddine des deux autres groupes islamistes armés présents dans le nord du Mali, en grande partie composés d'étrangers : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
M. T./Agences
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