Mali : les risques de la vengeance
Dans tout le Nord Mali, après un an d’occupation, de sévices et d’humiliations, la peur a laissé la place à un fort désir de vengeance.
Diakaridia Dembele/AP/SIPA
C’était écrit, diront les bons esprits, hostiles dès le premier jour à l’intervention française au Mali : pas de guerre sans bavures ! Or voilà qu’à peine remise sur pieds, les forces de sécurité malienne sont soupçonnées de graves exactions contre des civils. Pour Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major français, aucun indice ne permettrait de l’affirmer. Mais plusieurs reportages évoquent chasse à l’homme et exécutions sommaires de supposés rebelles islamistes dans la région de Mopti et les environs de Niono, au sud de Diabali, la ville reconquise aux djihadistes le 21 janvier dernier.
Dans tout le Nord Mali, après un an d’occupation, de sévices et d’humiliations, la peur a laissé la place à un fort désir de vengeance. Contre les combattants d’Aqmi, du Mujao mais aussi contre les touaregs islamistes d’Ansar Dine et leurs frères ennemis, laïcs et indépendantistes, du MNLA (Mouvement national de libération de l’ Azawad). Bien qu’en rupture avec les djihadistes, ces derniers sont tenus pour premiers responsables de la déroute de l’armée malienne en janvier 2012 et accusés aussi d’être les principaux auteurs du massacre d'Aguelhok en février 2012 : plus de 80 soldats et gendarmes maliens égorgés ou exécutés d’une balle dans la tête. « Il ne fait guère de doute que des éléments de l’armée entendent régler leurs comptes » estime le chercheur du CNRS André Bourgeot, un des meilleurs spécialistes du Mali. Mais ce n’est pas toute l’armée, de même que tous les touaregs ne se reconnaissent pas dans le MNLA ou, à fortiori, Ansar Dine. »
Pourtant la tentation de l’amalgame menace. Nées autrefois en réaction aux diverses rebellions touaregs, plusieurs milices d’auto défense composées de Peuls ou de Songhaïs, ont été réactivées ces derniers temps. Certains de leurs chefs veulent en découdre avec les touaregs et d’une manière générale avec les « Rouges », en clair toutes les populations d’origine méditerranéenne présentes dans le pays. Le danger est encore limité. Pour combien de temps ?
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