Mali – La « plateforme politique » d’Ansar Dine remise au médiateur Compaoré
« AU NOM D’ALLAH, LE TOUT MISERICORDIEUX, LE TRES MISERICORDIEUX » ANSAR EDDINE : PLATEFORME POLITIQUE Avant-propos : « Ceux qui, si nous leur donnons la puissance sur terre accomplissent la salat, acquittent la zakat, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable. Cependant l’issue finale de toute chose appartient à Allah » sourate le Pèlerinage, verset 41.
Depuis que le colonisateur a octroyé son indépendance au Soudan français rebaptisé « Mali » pour la circonstance, l’Azawad a toujours été une zone grise habitée par des citoyens de seconde zone et dont le lancinant triste sort n’a jamais cessé d’être méprisé par les pouvoirs fascisants qui se sont succédé à Bamako. De nombreuses révoltes ont ainsi épisodiquement éclaté.
Elles ont été toutes mâtées impitoyablement dans le sang. Suite à la stupeur que la gestion barbare de ces insurrections à chaque fois provoqué, plusieurs accords ont été conclus sous la pression et l’égide de la communauté internationale pour tenter d’apporter une réponse adéquate à la question récurrente de l’Azawad mais, la mauvaise foi manifeste des autorités maliennes, n’a malheureusement pas permis d’aboutir encore à des avancées significatives sur le sujet.
Le régime récent d’ATT s’est montré le plus pernicieux de tous. En effet, fort des conseils perfides de certains de ses sbires généralement ressortissants du Nord, il a concocté un projet diabolique visant l’autodestruction totale de la société arabo-touarègue du Mali. Il a créé des rivalités à mort entre les grandes tribus, entre les Kel Tamacheq noirs et blancs, entre arabophones et berbérophones, entre arabes et kountas, etc. Ses séides attisaient continuellement la flamme de la discorde et distribuaient publiquement armes et argent aux camps qu’ils instrumentalisaient et ne manquaient aucune occasion pour précipiter la région dans le chaos.
Les groupes qui pensaient être dans ses grâces ne se doutaient pas que le plan machiavélique qu’ils contribuaient ainsi à mettre placidement en œuvre avait prévu de les occire eux aussi, à leur tour, le moment venu. Il était évident que pour prolonger abusivement son mandat, ATT avait sciemment décidé d’embraser le pays pour rendre impossible la tenue d’une quelconque consultation électorale.
Il croyait donc faire d’une pierre deux coups : compromettre l’organisation du scrutin présidentiel et éradiquer définitivement le « fléau » de l’irrédentisme touareg. C’est donc par légitime instinct de conservation que les populations du Nord se sont à nouveau soulevées à partir du 17 janvier 2012 pour combattre avec l’énergie du désespoir cet acharnement aux allures génocidaires. Et aujourd’hui, elles sont convaincues d’une chose : ne plus avoir aucun avenir dans le cadre de l’Etat unitaire du Mali, plus nombriliste que jamais.
C’est aussi dans la foulée de ces évènements qu’est née l’organisation Ansar Eddine pour qui l’observance stricte de la loi islamique sur tout le territoire de l’Azawad est un impératif non négociable. C’est pourquoi le Mali, pour une sortie durable de la crise, doit absolument opérer un choix non équivoque entre préserver son intégrité et vivre sa laïcité.
Sauver les deux à la fois est hors de question pour Ansar Eddine car l’islam interdit formellement à un pays musulman de s’organiser en dehors des règles qui en découle. La question de l’Azawad : Les populations – surtout nomades – de l’Azawad ont toujours végété dans le dénuement, l’exclusion, les brimades et les exactions de toutes sortes. La communauté internationale n’a cependant pas cessé de se montrer sensible à cette détresse et d’apporter une aide multiforme au gouvernement du Mali en vue de l’atténuer.
Malheureusement, cet élan de générosité n’a aucunement profité à ses destinataires désignés. Les fonds conséquents qu’il a mobilisés au fil des décennies ont, pour l’essentiel, servi plutôt à abonder les comptes numérotés des princes du jour qui trônent à Bamako. Le monde entier doit aujourd’hui prendre conscience de la vérité axiomatique suivante pour se faire une idée du désarroi chronique dans lequel croupissent les populations de l’Azawad : c’est dans les camps des réfugiés qu’elles ont connu les meilleures conditions de leur existence depuis 52 ans.
En effet, c’est là qu’elles ont mangé à leur faim, qu’elles ont eu accès à l’école, à l’eau potable, aux médicaments essentiels, à la sécurité, à un semblant de dignité… Incroyable mais vrai ! C’est dire que les réalités infernales de l’exil sont un luxe pour ces populations comparativement à l’affreux train de vie qui est leur lot quotidien dans leurs terroirs habituels. Depuis le retrait de la France coloniale de cette région, la méthode cynique des gouvernements de Bamako a consisté dans la propulsion de 02 ou 03 arabo-touaregs à des postes importants pour faire croire à l’opinion internationale que la communauté est bien intégrée.
Et généralement ces pantins jouent parfaitement leur rôle : ils enroulent autour de leurs têtes des chèches kilométriques pour rendre ostensible leur vénale « targuité » et ne manquent aucune tribune pour répéter à l’envi que leurs congénères, au lieu d’être rejetés, sont plutôt « les enfants gâtés de la République ». Pendant ce temps : – De pauvres bergers sont sommairement exécutés rien qu’à cause de leur appartenance ethnique ; – Des enfants meurent comme des mouches suite à des épidémies facilement évitables ; – Des mères trépassent en donnant la vie faute de maternités ; – Des familles entières ne survivent que grâce à la cueillette, au racolage, à la mendicité et à l’aide étrangère ; – L’eau infecte des mares et puisards fait des ravages irréparables, etc.
Pendant ce temps aussi : – Des touristes éberlués viennent tous les jours se délecter sadiquement de l’agonie d’un peuple en voie de disparition ; – Des chinois, australiens, européens, etc débarquent tous les matins avec une armada impressionnante de moyens pour prospecter les ressources naturelles de la région sans que ses malheureux autochtones en espèrent la moindre retombée parce que le pactole est resté entièrement à Bamako ; – Des administrateurs véreux et dépaysés exigent arrogamment de leurs usagers de ne s’adresser à eux qu’en langue « bambara », etc.
Bref, après plus d’un demi-siècle de citoyenneté théorique malienne, les communautés de l’Azawad n’ont connu que désolation, frustrations, injustice, répression aveugle et rejet systématique. Aujourd’hui, elles revendiquent irréversiblement leur droit inaliénable à prendre en main leur destinée manifestement en péril à tous égards. L’autonomie de l’Azawad, une revendication légitime : Vers la fin de l’occupation coloniale du Soudan français, les autorités métropolitaines ont perçu la nécessité d’en détacher la partie saharienne afin de mieux l’administrer en tenant plus compte de son excentricité et de ses nombreux particularismes.
Une loi a même été votée par l’Assemblée Nationale française en 1957 pour consacrer ce statut. Cependant, malgré une pétition dans ce sens adressée au Général De Gaule par plus de 300 notables du milieu, ce projet a été torpillé par une poignée de chefs de tribus trop inféodés au parti indépendantiste US-RDA. C’est la myopie politique de ces leaders qui est la principale cause de l’enlisement actuel de la question de l’Azawad. Certains ténors de cette impardonnable politique de l’autruche sont encore vivants et ont aujourd’hui admis leur erreur historique monumentale. Si c’était à refaire, ils auraient sûrement adopté une position diamétralement opposée…
L’Azawad couvre la portion du territoire de l’ex-soudan français, contrôlée par les touaregs et alliés, au moment de la pénétration coloniale. Il correspond approximativement aux trois provinces actuelles du Nord du Mali. L’histoire de cette région a toujours fait l’objet d’une littérature tronquée et fallacieuse de la part des chroniqueurs maliens. Ces derniers oublient impudemment une chose : tout comme l’Azawad, le Mali dans ses limites actuelles n’a jamais été avant la colonisation une entité politique homogène. Ceux qui ont proclamé l’indépendance du Soudan français ont donné à ce dernier le nom « Mali » en référence à un fabuleux Etat du moyen-âge (dont les frontières les plus fantaisistes n’ont jamais franchi la boucle du Niger), à l’instar de la Gold Coast qui a accédé à la souveraineté sous l’appellation « Ghana ».
Il y a donc lieu de se méfier de l’historiographie tendancieuse en vogue au Mali si on veut cerner objectivement la problématique de l’Azawad. Les épopées épicées, les panégyriques des griots, les chants des cantatrices, etc ne sauraient avoir la moindre valeur scientifique : légendes de Soundiata Keita né infirme et qui se lève subitement pour arracher tout un baobab, du serpent du Ouagadou-bida, de la disparition mystérieuse de Soumangrou Kanté, etc. C’est de ce genre d’histoires que les maliens ne cessent de s’enivrer pour se donner une gloire et une grandeur absolument imaginaires.
Pour rétablir la vérité des faits historiques, il importe d’éviter de se perdre dans les méandres d’un passé lointain et insondable, faute de tout support écrit. Il faut se contenter des temps modernes et faire, par exemple, parler les archives coloniales. Qui dominait effectivement l’espace que ses ressortissants appellent Azawad avant sa conquête par la France ? Que disent les récits des explorateurs, les notes des officiers et médecins de troupe, les rapports des premiers administrateurs et magistrats coloniaux ? Tout le reste n’est qu’affabulations et vue de l’esprit. L’honnêteté commande de se plier au verdict de l’histoire et en tirer toutes les conséquences de droit plutôt que de chercher obstinément à galvauder le passé par des écrits volontairement apocryphes.
Les populations qui se battent aujourd’hui pour un Azawad musulman et libre tiennent à ce territoire plus qu’à la prunelle de leurs yeux. Elles l’ont intrépidement défendu toutes les fois qu’il a été agressé. L’envahisseur français peut en témoigner, lui qui a perdu de vaillants colonels et nombre de leurs hommes dans des batailles sanglantes contre les touaregs, lorsque vers la fin du 19ème siècle il a cru pouvoir l’occuper sans coup férir. C’est pourquoi, après la longue et douloureuse parenthèse qui s’est ouverte à partir de la colonisation, les populations de l’Azawad exigent que ce territoire pour lequel elles ont versé tant de sang leur soit enfin véritablement restitué.
Elles sont d’ores et déjà péremptoirement convaincues que si elles ne se démarquent pas à temps de l’Etat jacobin du Mali, elles s’acheminent inexorablement vers un déclin brutal. En plus de leur mal développement à corriger, elles ont des croyances religieuses fortes, une identité propre ainsi qu’une culture millénaire à préserver. Tout cela ne fait que péricliter sous leurs yeux. L’Etat du Mali est lui-même en faillite sur tous les plans. Il est miné par la corruption, le mensonge, la cleptomanie de ses élites, la lubricité de ses mœurs, etc.
Aussi, l’Azawad souhaite-t-il se mettre en marge de cette chienlit pour tenter de sauver sa société de la dérive et ce, par la mise en place sans plus tarder d’une gouvernance vertueuse, respectueuse de son histoire et de ses valeurs. Il faut se rappeler qu’il y a longtemps que Paul Valery a prévenu et démontré que les « civilisations sont mortelles » ; celle de l’Azawad est déjà moribonde et, au risque de la perdre, il urge de la soigner pendant qu’il est encore temps. Par ailleurs, il faut également rappeler que depuis l’indépendance du Mali et le déclenchement de la première insurrection dans l’Adrar des Iforas seulement trois années plus tard, tout aura été tenté pour que l’Azawad trouve véritablement sa place dans l’architecture sociopolitique et institutionnelle de cet Etat.
Au lieu de cela, des crimes abominables n’ont cessé d’être perpétrés contre les communautés arabo-touarègues sans qu’il soit possible pour elles d’espérer un jour que justice soit faite. Ce n’est qu’au début des années 1990, alertée par la cruauté avec laquelle l’Armée malienne a fait face à la résurgence du problème, que la communauté internationale a commencé timidement à se préoccuper de la question.
Et suite à cette légère implication une panoplie d’accords ont été signés mais qui sont malheureusement en grande partie restés lettre morte faute de réelle volonté politique de la part du gouvernement malien : accords de Tamarasset en 1991, Pacte National en 1992, Accords d’Alger en 2006, etc. Pourtant, la rébellion de 1990 a été incontestablement le détonateur de la révolution malienne de mars 1991 qui a renversé le régime dictatorial du Général Moussa Traoré.
Les Mouvements armés qui la portaient, malgré quelques dissidences dans leurs rangs hostiles à tout rapprochement avec Bamako, avaient joué franchement la carte de la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali.
Pendant que l’Armée malienne massacrait aveuglément des populations civiles innocentes uniquement à cause de la couleur de leur peau, ils ont accepté de participer à tous les grands chantiers de la reconstruction du pays. Leurs délégués ont pris part à la Conférence Nationale ainsi qu’au cycle de négociations (Mopti, Ségou, El Golea I, El Golea II, etc) qui a abouti à la signature du Pacte National dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle d’avril 1992. Sur le terrain aussi, les combattants des MFUA (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad) ont œuvré farouchement, en tandem avec l’Armée malienne, à la pacification des zones demeurées en proie à des troubles résiduels.
Cependant, dès que la situation s’est stabilisée, le Gouvernement malien a rangé dans les tiroirs l’essentiel des engagements auxquels il a souscrit. Le Statut Particulier du Nord du Mali et la Commission d’enquêtes sur les atrocités commises pourtant expressément prévus dans le Pacte National ont été renvoyés aux calendes grecques, l’aide internationale – au lieu de prendre le chemin de l’Azawad – a servi à construire ce qu’il convient d’appeler « les gratte-ciel de la rébellion » après « les villas de la sécheresse » de 1973, les cadres et combattants issus des MFUA qui ont intégré l’Armée et l’Administration nationales ont toujours été traités en parias et regardés comme de dangereux corps étrangers à surveiller de près, des leaders fantoches sont bien souvent imposés aux populations par le biais d’élections truquées, les valeurs qui fondent l’identité des populations locales sont reniées et bafouées, une Justice aux ordres ne cessent d’accumuler spoliations et frustrations explosives, etc.
Aussi, au lieu de se retirer comme stipulé dans tous les accords susmentionnés, l’Armée n’a cessé surtout ces dernières années de s’y redéployer en multipliant ses effectifs et ses casernements. C’est tout le sens du Programme dit « PSPSDN » financé à coup de milliards par l’Union Européenne, cette même Union Européenne qui est encore aujourd’hui au chevet de l’Armée malienne en vue de renforcer ses capacités pour détruire ce qui reste de l’Azawad et de ses habitants.
Il ressort de tout cela que toutes les tentatives de greffer l’Azawad au reste du corps social malien se sont soldées par un rejet sans appel et qu’il est impérieux de lui accorder une autonomie à la mesure de ses attentes légitimes. Quid de Ansar Eddine ? Ansar Eddine (AE) est un mouvement politico-militaire composé de maliens majoritairement ressortissants de l’Azawad et qui prône une application conforme des commandements et préceptes islamiques.
Il compatit au sort de tous les musulmans du monde qui sont persécutés à cause de leur croyance religieuse ou qui consentent des sacrifices énormes pour fortifier et étendre la foi en Allah. Il privilégie la lutte politique pacifique pour aboutir à ses objectifs. Il condamne le terrorisme sous toutes ses formes et considère que le recours à la force doit toujours être un regrettable pis-aller.
C’est pourquoi, face à la duplicité belliqueuse du régime de Bamako, il n’a eu d’autre choix que d’engager des actions armées d’envergure pour libérer l’Azawad des forces d’occupation qui l’accablait. Par la grâce d’Allah, il a mené cette guerre aussi promptement et proprement que possible : les civils ont été méticuleusement épargnés et tous les militaires qui sont tombés l’ont été exclusivement au cours des violents affrontements qui sont malheureusement intervenus. De centaines de combattants ennemis ont été capturés.
Ils ont été dignement traités et rendus à leurs familles sans aucune condition ni contrepartie. Ainsi, le Mouvement AE dispose d’une Armée de moudjahidines aguerris, pétris des valeurs d’humanisme mais déterminés à défendre par le fer et le feu l’Azawad et sa religion contre toute nouvelle forme d’agression, d’où qu’elle vienne. Pour AE, le « vouloir vivre ensemble des populations du Nord et du sud du Mali » s’est avérée très difficile.
Il est grand temps de le reconnaitre et d’y mettre fin d’un commun accord. La perte totale de repères et le délitement sans précédent des valeurs actuellement perceptible au Sud, doublé du rejet dont font l’objet les minorités du Nord ont fini par persuader AE de la nécessité pour ces dernières de faire enfin « chambre à part ». Bamako et certaines grandes autres agglomérations du sud du Mali sont, en effet, par les temps qui courent devenus pires que les cités antiques de Sodome et Gomorrhe.
Le crime, le vice et la débauche y sont légion. L’argent du contribuable et des donateurs, lorsqu’il n’est pas crapuleusement détourné, ne sert plus pratiquement qu’à combattre le sida et d’autres maladies du même acabit. Les vrais musulmans sont martyrisés, les faux ne prient que de façade, ignorent leur zakat, déshéritent et maltraitent des orphelins…Les bars dits « chinois », hauts lieux de la prostitution et d’un alcoolisme débridé, prolifèrent sans que personne ne trouve à y redire. De dangereux malfrats, assurés d’avance de l’impunité, sèment mort et terreur. La toxicomanie et le trafic lucratif des stupéfiants gagnent la jeunesse et gangrènent les cercles politiques les plus en vue.
Tout se règle par l’affairisme, le népotisme et la prévarication. Les services de la Justice écrasent sans remords les faibles et magnifient sans vergogne les puissants. Sait-on seulement que c’était à Bamako que la première rencontre des homosexuels africains a eu lieu et que c’est là aussi qu’un réseau de production de films pornographiques mettant en scène des maliennes qui s’accouplent à des chiens avait été récemment mis à nu ? Sans commentaire ! Pour AE, l’Azawad déjà malheureusement affecté doit s’éloigner d’une telle décadence morale et une application assez rigoriste de la loi islamique sera pour lui la seule voie du salut. Aussi, il est hors de question de récuser les châtiments qu’Allah lui-même a prescrits dans le saint coran.
On peut rallonger les procédures ou différer tant que possible l’exécution des sentences prononcées mais sans jamais se hasarder à les remettre en cause. On sait, par exemple, que les lois de nombreux pays modernes prévoient la peine capitale pour réprimer certains crimes odieux. Cependant, les condamnés à ce supplice restent généralement dans le couloir de la mort jusqu’à la fin naturelle de leurs jours. De la même manière en droit musulman, de nombreux garde-fous existent pour que les prévenus soient mis à l’abri d’erreurs judiciaires fatales ou de punitions injustes. En effet, le prophète lui-même commande dans un hadith authentique d’épargner aux justiciables toute peine corporelle tant que le moindre doute subsiste sur la véracité des charges qui pèsent sur eux : « n’infligez aucun châtiment non basé sur des preuves irréfutables ».
AE défend donc le retour aux sources authentiques de l’islam mais s’engage à rester collé à l’air du temps notamment dans la mise en œuvre de certaines dispositions de la législation pénale islamique. Encore une fois, pour AE, c’est seulement par une application stricte et raisonnable de la charia que l’Azawad peut sortir la tête haute de l’ornière. Lorsque le minuscule Etat de Zamfara au Nigéria a décidé à la fin des années 1990 de se soumettre à la loi islamique, l’amélioration du bien être de ses habitants ne s’est pas fait attendre. Avant, c’était la corruption endémique, la criminalité organisée, la fragilité extrême des institutions étatiques. En un rien de temps, le droit, la sécurité, le développement et la transparence ont repris le dessus.
Les investisseurs nationaux et étrangers se sont rués vers ce nouvel eldorado. De grands travaux ont pu y être très vite réalisés et le chômage y a grandement reculé. Ce territoire est rapidement devenu une vitrine du Nigéria et d’autres n’ont pas tardé à l’imiter. Par conséquent, AE ambitionne d’instaurer la charia sur toute l’étendue de l’Azawad. Contrairement aux informations mensongères généralement relayées par des médias occidentaux, les populations de cet espace la réclament également à cor et à cri. On ne peut, en effet, pas être musulman et fouler aux pieds les prescriptions coraniques. C’est seulement dans un tel cadre stable, apaisé et juste que la communauté internationale en général et la « ouma » islamique en particulier seront à même de l’aider à connaitre enfin des moments de prospérité et de rayonnement.
Il faut remarquer que c’est seulement depuis quelques mois qu’AE contrôle partiellement l’Azawad. Pourtant, les progrès en matière de sécurité, de stabilité et même de bien-être des populations sont déjà manifestement perceptibles. Les citoyens vaquent à leurs occupations sans aucune contrainte autre que celles qu’impose le respect des règles intangibles de leur religion. En dépit de l’état de guerre qui prévaut, les principaux services de base sont assurés à moindres coûts (eau, électricité, santé, etc.) et même le panier de la ménagère se porte mieux avec la baisse sensible des prix des produits de première nécessité consécutive à la suppression des taxes et autres prébendes qui en renchérissaient avant les coûts de revient. Les organisations humanitaires qui souhaitent assister les couches défavorisées ne rencontrent aucun obstacle pour cela.
Des couloirs sécurisés sont, chaque fois qu’elles en expriment le besoin, mis à leur disposition pour atteindre leurs cibles. Les campagnes agricoles se déroulent sans que les paysans ne soient écrasés par de lourdes redevances et les parcours pastoraux sont exploités par les éleveurs locaux ou transhumants sans qu’on ne déplore la moindre rixe entre eux. Tout cela réconforte fortement AE dans sa conviction inébranlable que l’Islam est paix, justice et développement et que sa pratique fidèle est la seule clé qui peut ouvrir des perspectives radieuses pour l’Azawad. La communauté internationale et les maliens ne doivent pas se laisser dérouter par les clichés et stéréotypes que l’Occident et ses réseaux tentaculaires ont un malin plaisir à véhiculer sur les valeurs musulmanes. Elle n’est pas un monstre qui ne sait qu’amputer, flageller ou tuer.
En quelques mois, elle a appréhendé des centaines de meurtriers, de coupeurs de route, de violeurs, de voleurs, de couples adultérins, de toxicomanes, d’alcooliques, etc. Tous ces faits délictueux ont toujours été traités au cas par cas professionnellement et avec discernement par des cadis compétents, probes et profondément humanistes. Ceux qui ont été élargis ne l’ont pas été parce qu’ils ont payé des dessous de table et les très rares cas qui ont été sévèrement sanctionnés l’ont été uniquement parce que la charia, à cause de la gravité de leurs fautes, n’a pas prévu la moindre échappatoire pour eux.
En tout état de cause, AE reste persuadé qu’une société sans foi et sans justice est condamnée à une déchéance certaine dans ce monde comme dans l’autre et que, exiger de vivre librement sa croyance religieuse, est pour tout musulman digne de ce nom à la fois un droit absolu et un devoir sacré. Le saint coran stipule en effet : « ô les croyants ! Entrez en plein dans l’Islam, et ne suivez point les pas du diable, car il est certes pour vous un ennemi déclaré » sourate la vache, verset 208.
Quel statut pour l’Azawad ? Les populations arabo-touarègues et alliés du Sahara central ont été écartelées par les découpages arbitraires de la colonisation entre plusieurs Etats modernes : Algérie, Mauritanie, Niger, Libye, Burkina Faso et Mali. Mais, c’est surtout dans ce dernier pays que leur intégration au reste majoritaire de l’ensemble national s’est soldée irrémédiablement par un échec patent. Dès 1963, des crises dramatiques à répétition ont surgi et dont l’ampleur est allée crescendo jusqu’aux derniers événements de 2012. Et tout laisse croire que ce choc ultime a été celui de la rupture.
Après quelques tragiques batailles, la soldatesque malienne a fui précipitamment l’Azawad et les fonctionnaires civils lui ont immédiatement emboité le pas dans une sorte de sauve-qui-peut frénétique. C’est plus le manque d’attachement à cette terre, qu’ils considèrent en fait comme étrangère, que la peur bleue de la mort qui a poussé ces bidasses à s’esquiver de la sorte.
Cette thèse a d’ailleurs été prouvée très vite puisque quelques jours après leur débandade, ils se sont engagés dans des combats fratricides féroces à l’occasion du putsch et du contre-putsch respectivement en mars et avril 2012. Il apparait ainsi clairement que les soldats maliens ne sont enfin plus prêts à mourir bêtement pour défendre ce « bled perdu » contre ses propres fils décidés plus que jamais à en découdre.
Ainsi, la quasi-totalité de l’Azawad est aujourd’hui contrôlée militairement par des moudjahidines locaux soucieux naturellement plus que quiconque de sa sécurité, de sa stabilité et de son plein épanouissement. L’objectif d’AE est donc d’ériger ce vaste territoire en Région Autonome viable, dynamique, compétitive et attrayante. Pour AE, une simple sécession est, pour le règlement définitif de la question de l’Azawad, la solution que ses propres ressortissants ne se sont à aucun moment lassés de revendiquer depuis leur phagocytose forcée dans le jeune Etat du Mali en 1960.
Après tout, le Soudan britannique a fini par se disloquer sous le poids de ses irréductibles contradictions, pourquoi pas le Soudan français ? Pour AE, le Mali et l’Azawad doivent « divorcer » par « consentement mutuel » afin d’épargner aux générations futures les traumatismes consécutifs aux effroyables scènes de ménage que leurs ainés issus de ce mariage putatif ont permanemment enduré. Cependant, devant l’intransigeance de la communauté internationale fermement hostile à toute partition du Mali et surtout face à l’insistance des médiateurs, AE propose – comme il est de coutume pour les couples en difficulté – d’aller d’abord à l’étape de la « séparation de corps » pour que chaque entité se refasse les idées et se réconcilie véritablement avec elle-même.
Mais avant toute chose, il faut que le caractère islamique de l’Etat du Mali soit proclamé solennellement dans la constitution. En effet, le peuple malien est musulman à plus de 95%, il ne saurait donc être aberrant de revendiquer un tel statut pour la forme de son gouvernement. Le Saint Coran stipule dans la sourate la consultation, verset : « Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait enjoint en Noé, ce que Nous t’avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : « Etablissez la religion ; et n’en faites pas un sujet de divisions » » .
Partant, il faut accorder à l’Azawad une large autonomie dans le cadre d’un Etat refondé du Mali se démarquant sans ambiguïté de la laïcité, moins interventionniste et plus respectueux des différences. Ainsi, l’Azawad mettra librement en place les institutions qui correspondent aux aspirations profondes de ses citoyens. Un Conseil largement représentatif déterminera souverainement le mode de gouvernance administrative et de distribution de la justice le plus approprié. Bien entendu, AE milite activement pour que les commandements et enseignements de l’islam soient l’unique référence de la constitution et des lois locales qui seront adoptées.
En attendant, la charia sera la norme fondamentale qui régira la vie politique, sociale, culturelle et économique ; les forces militaires d’AE assureront l’ordre, la sécurité et la défense de la région. Ses combattants feront office de sentinelles infatigables pour préserver les acquis et formeront le noyau dur de la future Armée Nationale de l’Azawad. Beaucoup d’expériences de ce genre ont déjà été explorées, souvent avec succès, sous la bannière de la communauté internationale, afin d’aider des minorités menacées d’extinction à s’exprimer décemment et à s’épanouir à l’intérieur des grands Etats qui les abritent.
Aussi, après avoir passé en revue les cas les plus saillants, la Région Autonome du Kurdistan irakien est, pour AE le modèle le plus proche de la construction politique qu’il préconise pour l’Azawad. Pour lui, conférer un tel statut à l’Azawad est la voie minimale acceptable pour sauver l’unité territoriale du Mali. Dès que cette autonomie sera officiellement reconnue, AE s’engage à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que la paix, la stabilité, la sécurité et la justice règnent sur toute cette vaste enclave dont il aura désormais de jure la responsabilité à titre principal.
Aucun étranger, autorisé à fouler le sol de l’Azawad et respectueux de ses lois n’y sera plus inquiété, un cadre particulièrement propice à l’investissement sera créé et les criminels de grand chemin, barons du narcotrafic, qui écument cet espace depuis des lustres avec la complicité flagrante de l’Etat du Mali, seront pourchassés et traqués sans ménagement.
ANSAR EDDINE
ansaraddine.be
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