jeudi 31 janvier 2013

La presse algérienne, très critique sur l'intervention de la France au Mali - Visa pour l'Algérie

La presse algérienne, très critique sur l'intervention de la France au Mali - Visa pour l'Algérie
Par Mélanie Matarese le 13 janvier 2013 10h42| 47 Commentaires
Il fallait s'y attendre : la presse algérienne, déjà très critique à l'égard de l'intervention militaire en Libye, dénonce l'option choisie par François Hollande au Mali.
Photo.jpgImage provenant d'un site islamiste montrant des combattant d'Aqmi se préparant au combat dans le nord du Mali. Crédits photo : -/AFP
"L’intervention militaire française au Mali a été baptisée du nom de code Serval. Pour ceux qui ne le savent pas, le serval est un petit félin africain qui a la particularité d’uriner trente fois par heure pour marquer son territoire, peut-on lire dans l'édito de Liberté. La France ainsi décidé de faire l’impasse sur les résolutions onusiennes pour partir en guerre contre le terrorisme au Sahel. Toute seule, comme le serval, elle n’a pas résisté à la tentation épidermique de revenir dans son ancien précarré pour montrer à tout le monde qu’elle est la seule qui connaît le mieux les intérêts des Maliens. Leurs anciens colonisés".
Et de conclure : "Pour le 50e anniversaire de la diplomatie algérienne, qu’on fêtera dans une semaine, le Quai d’Orsay vient de faire un cadeau empoisonné au MAE algérien. Plus d’une année d’efforts afin de favoriser le dialogue malien est parti en fumée sur la route de Konna".
L'Expression n'est pas plus tendre : "On constate que les propos de Sarkozy hier, de Hollande aujourd’hui, n’était que tactique destinée, notamment, à rassurer Alger. Laquelle a constamment privilégié la solution politique appelant à la négociation pour une sortie de crise sur les intentions de la France dans son ancien pré carré malien. Or la France n’est pas totalement exempte dans la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel en général, au Mali en particulier, et la décision d’intervention dans ce pays ne fait que confirmer a posteriori ce fait".
Dans la presse arabophone, Echorrouk accuse carrément la France, en soulignant "l'ancien colonisateur", d'"avoir mis à feu et à sang le Mali." "Après l’ingérence en Libye et en Côte d’Ivoire, et après avoir inondé la région du Sahel en innombrables armes lourdes, la France récolte les fruits de la crise."

Plus nuancée, La Tribune écrit : "Au plan politique, l’intervention militaire aura donc fait capoter tous les efforts, non seulement de neutralisation militaire d’Ansar Dine et du MNLA mais de les rallier à une lutte efficace contre Aqmi et le Mujao. Ansar Dine et le MNLA sont des Touaregs, enfants de l’Azawad, qui ont des porlongements de filiation au sein des tribus de la région et des lien sd’alliance avec d’autres ethnies comme les Arabes et les Peuls. Leur maîtrise du terrain et leur connaissance de la composante, la structuration et l’emplacement des éléments d’Aqmi et du Mujao auraient été d’une grand apport pour combattre les groupes terroristes.
Enfin, une analyse dans Le quotidien d'Oran souligne que "Cette guerre à nos portes fait partie de la séquence non refermée de la Global War qui trouve une justification à tout dans l’action des djihadistes. Le discours français sur le risque d’un Etat terroriste sur le mode taliban est éloquent. L’autre élément à relever est la persistance des Occidentaux – malgré l’échec patent en Afghanistan – à croire que la supériorité technologique assure automatiquement la victoire miliaire.
Hier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a réitéré le soutien de l'Algérie au dialogue dans la région du Sahel appelant à la prudence à l'égard de "l'impact direct" de la crise malienne sur la région, notamment en ce qui concerne la propagation et la circulation des armes. Il a affirmé que "la position de l'Algérie est connue concernant la situation au Sahel. Nous avons soutenu au maximum le dialogue et continuerons à le faire mais en cas d'atteinte à la sécurité et d'utilisation d'autres moyens, nous sommes appelés à être prudents". Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a souligné de son côté la "décision souveraine du Mali", rappelant que c'est ce dernier qui "a demandé l'aide de puissances amies pour renforcer ses capacités nationales de lutte contre le terrorisme".

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