jeudi 7 mars 2013

La question touareg, enjeu central de la guerre au Mali

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LE MONDE -Christophe Châtelot – Bamako, envoyé spécial
  Allongé sur son canapé, Hominy Belco Maiga ronge son frein dans une maison de Bamako. « Je dois rentrer chez moi, et vite », lâche-t-il. Crâne rasé, moustache poivre et sel coupée court, l’homme a le regard las. Et le mal du pays. Ce président du conseil régional deKidal a quitté sa ville en avril 2012. Les groupes islamistes et les indépendantistes touareg renforçaient alors leur emprise sur le Nord, trois mois après le début de leur offensive. Depuis, la situation a radicalement changé. L’armée française a repris Kidal, le 30janvier, puis Aguelhok et Tessalit, un peu plus loin encore vers le nord. « Il faut maintenant passer à la phase suivante: entamer le dialogue entre nous, les Touareg. C’est un préalable à toute sortie de crise, avant même de discuter avec les autorités maliennes. Sans solution au nord, les mêmes problèmes resurgiront tôt ou tard », avertit-il.

En un an, Hominy Belco Maiga n’est retourné que deux fois chez lui. C’était l’été dernier. Depuis, il passe son temps au téléphone, à écouter ses administrés se plaindre des mauvaises conditions de vie, aggravées par la fermeture de la frontière algérienne distante de quelque 250 kilomètres et d’où arrivaient pétrole et nourriture il y a quelques semaines encore. Et puis, Hominy Belco Maiga en a marre de Bamako. « Ici, il n’y a pas de violences directes contre nous, mais on est victime de vexations. Les gens nous regardent de travers et les autorités ne s’intéressent pas à nous », estime-t-il.

Située à 1500 kilomètres de la capitale malienne, Kidal, principale ville de l’extrême Nord malien, fut l’un des principaux objectifs de l’armée française une fois reconquise la ligne de démarcation virtuelle épousant, d’est en ouest, la boucle du fleuve Niger, de Gao à Tombouctou. Les soldats de l’opération Serval ont pris pied sur l’aéroport de la ville le 30janvier et annoncé contrôler l’ensemble de la localité cinq jours plus tard. Prudemment. Car, à la différence de Tombouctou ou de Gao, l’armée française a débarqué là en plein pays touareg, dans l’Adrar des Ifoghas, ce massif montagneux de tout temps rétif à la colonisation française tout d’abord, puis au pouvoir central de Bamako après l’indépendance.

« BONNE INTELLIGENCE »

« Kidal a toujours été l’épicentre des multiples rébellions touareg du Mali. Elles sont toutes parties de là et, si elles sont nées ailleurs, elles y sont ensuite venues pour s’y renforcer », rappelle le président du conseil régional. Ainsi, le Mouvement national de l’Azawad (MNA) fut créé à Tombouctou début 2011. Mais c’est à Kidal, le 16octobre de la même année, qu’il s’est transformé en Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), lançant, trois mois plus tard, l’offensive contre l’armée malienne. Le MNLA, seul contre tous, proclama l’indépendance du nord du Mali (l’Azawad) avant d’être débordé par les djihadistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), associés aux islamistes touareg d’Ansar Eddine, un mouvement créé début 2012 à Kidal pour contrer l’influence des laïcs du MNLA.

« Nous sommes à Kidal dans une situation particulière, reconnaissait récemment le ministre français de la défense, Jean-Yves LeDrian, parce que la population ethnique n’est pas la même que celle du Sud et nous avons fait en sorte d’avoir avec les représentants du monde touareg sur Kidal des relations de bonne intelligence. » Cette « bonne intelligence » a d’ailleurs froissé quelques officiers à Bamako. « Nous n’avons pas été prévenus de l’opération française sur Kidal. Ils ont joué tout seuls », regrette l’un d’eux. A Tombouctou et Gao, notamment, les Français avaient pris soin d’associer des Maliens à la reconquête.

Peu importe si cette participation relevait davantage d’un habillage politique que d’une réalité opérationnelle. « Ici, explique Hominy Belco Maiga, l’armée malienne est en territoire ennemi. » Non loin de Kidal, au début de l’offensive de 2012, Aguelhok fut le théâtre du plus important massacre de la guerre. Plusieurs dizaines de soldats maliens y avaient été exécutés par la coalition islamo-touareg. « Il y avait donc des risques de vengeance », confirme un militaire malien.

SITUATION HAUTEMENT VOLATILE

Mais, surtout, la situation à Kidal est hautement volatile en raison des divisions, luttes et ressentiments entre les tribus touareg. C’est un champ de bataille où s’opposent, d’un côté, les Ifoghas et leurs alliés (Kounta, Tagat Mellet, Idnan, Ifergoumessen…) et, de l’autre, les Imrad, associés à des tribus arabes ainsi qu’aux Touareg Kel Khala et Tel Gat Rat. « Tant que l’on ne fera pas la paix entre les Ifoghas et les Imrad, l’instabilité perdurera », affirme Hominy Belco Maiga, issu quant à lui d’une autre tribu touareg, religieuse et pacifique (les Ijawanjawatan). Schématiquement, les Ifoghas sont dans Ansar Eddine et les Imrad au MNLA.

Depuis l’indépendance en 1960, l’Etat malien ne s’est pas privé de jouer avec ces divisions, favorisant alternativement l’un ou l’autre groupe. Invariablement, cette politique a débouché sur des soulèvements conclus par de mauvais accords de paix qui ne réglaient rien jusqu’au réveil suivant. « Tout le monde est armé dans le Nord. Les « kalachs » se trouvent plus facilement que les petits pains », rappelle Hominy Belco Maiga.
L’apparition, au début des années 2000, d’AQMI, chassé de l’Algérie voisine, a encore compliqué la donne. L’organisation a profité des dissensions entre Touareg et de la déliquescence du pouvoir à Bamako pour s’enraciner au nord du Mali. « L’argent de la drogue et des rançons d’otages leur a permis de recruter chez les Touareg, principalement parmi les Ifoghas », affirme un policier étranger.

A supposer que l’intervention française relayée par le contingent africain de la Misma neutralise AQMI et le Mujao, restera donc à pacifier le monde touareg. « Le MNLA est la source de tous les maux, mais il faudra les associer à la recherche d’une solution, tout comme Ansar Eddine, à l’exception de ceux qui ont du sang sur les mains. Mais il faudrait d’abord que les autorités maliennes nous associent aux discussions. Pour l’instant, elles nous ignorent », regrette Hominy Belco Maiga.

« Les élus ne sont pas les plus mal placés pour revendiquer une représentativité, explique un diplomate français. Mais la France ne sera pas médiatrice. C’est aux autorités maliennes de mener ce dialogue. » Ce qui n’est pas encore à l’ordre du jour.

Christophe Châtelot – Bamako, envoyé spécial,http://abonnes.lemonde.fr/
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Le Sahel, ce « ventre mou » devenu si stratégique

DANIEL BASTIEN | Les Echos Un mois après le début de l’intervention française au Mali, le Sahel inquiète. Les Etats s’y sont montrés impuissants face au terrorisme islamiste. Tour d’horizon d’une région dont l’instabilité menacerait la sécurité du monde.Maintenant que l’armée française a tapé dans la fourmilière des groupes islamistes et libéré les villes du nord du Mali, qu’est-ce qu’on fait ? » s’interroge-t-on dans les chancelleries. Car au-delà de la stabilisation du Mali, le problème de la région dans son ensemble reste entier. Un mois après le lancement de l’opération surprise de soutien à Bamako lancée par Paris, le Sahel suscite toujours autant d’interrogations et apparaît comme une sorte de « ventre mou », sur lequel il est bien difficile de s’appuyer. Il représente pourtant un enjeu capital pour les espaces qui l’entourent… et bien au-delà. Souvent qualifié de « zone grise » sans unité, voire de « chaos » après l’« Afrique inutile » de l’époque coloniale, le Sahel vaut en effet beaucoup plus que cela : l’historien Fernand Braudel ne désignait-il pas le Sahara comme « l’autre Méditerranée », alors que l’OCDE, dans une étude récente, estimait qu’« on ne peut aborder les enjeux stratégiques méditerranéens en faisant l’impasse sur la géopolitique du Sahel », « cet espace charnière entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne » ? Les voies de passage, qu’on croit s’être évanouies avec les caravanes, appartiennent bien au présent, et les flux migratoires y sont plus vigoureux que jamais. Ironique consécration, d’ailleurs : depuis les années 2000, « le Sahel est perçu comme un espace dont l’instabilité menacerait la sécurité du monde », rappelle le politologue Frédéric Deycard, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde, de Bordeaux.
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Les faiblesses politiques, institutionnelles, économiques et militaires de la région en font à l’évidence un terrain miné. « Sur le fond, tous les pays y vivent un peu les mêmes difficultés que le Mali, et tout le monde peut sauter », résume crûment un haut responsable diplomatique européen. « Fragilité », « vulnérabilité », résonnent en leitmotiv chez les experts du Sahel. Elles sont multiformes, et ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

En son temps, déjà, la décolonisation n’a su léguer ni paix ni fonctionnement démocratique à des Etats qui, bien plus que des agressions extérieures, ont depuis eu à souffrir de handicaps internes précipitant désordres politiques, coups d’Etat, partitions, et conflits ethniques et religieux. Avec pour résultat une sous-administration chronique des territoires et la stérilisation de l’émergence de toute gouvernance. Les plans d’ajustement structurels et le désendettement imposés à ces pays par les institutions internationales n’ont pas non plus aidé : en asséchant leurs déjà chiches budgets sociaux, ils ont ouvert un véritable boulevard à la prolifération d’organisations non-étatiques nouvelles et puissantes, souvent radicales, réduisant d’autant l’emprise de l’Etat sur la société, relèvent les experts. En matière de décomposition étatique, dont le Mali ne constitue hélas pas un contre-exemple, « le Sahel semble en passe de succéder à la région des Grands Lacs », estime Serge Sur, rédacteur en chef de « Questions internationales ». Faiblesse économique, encore, de pays parmi les plus pauvres du monde, qui ont souffert de la dévaluation du franc CFA de 1994 ; dont les budgets nationaux, auparavant quasiment exclusivement alimentés par la fiscalité portant sur l’import-export, ont cruellement souffert de la libéralisation des échanges mondiaux ; et dont les grands commerçants, très liés aux pouvoirs politiques, ont toujours cherché à freiner la modernisation de l’économie. L’arc sahélien dispose pourtant d’un riche sous-sol : à l’or et au sel, qui ont traversé l’histoire, se sont ajoutés le pétrole, le gaz, le fer, l’uranium, les phosphates, le cuivre, la bauxite, le cobalt et le nickel. On parle même désormais d’un « hub énergétique » sahélien. Mais cette rente, que se disputent les puissantes multinationales ainsi que les opérateurs chinois, européens et arabes, n’a jamais permis aux Etats de consolider leur autorité… Elle a en revanche enrichi nombre de ses « serviteurs ».

Un climat d’insécurité généralisé

Faiblesses physiques et géographiques, enfin, que partagent tous les pays sahéliens : une explosion démographique (150 millions d’habitants prévus en 2040, le Niger enregistrant une croissance démographique sans précédent dans l’histoire de l’humanité), l’exceptionnelle mobilité des individus et des groupes et la dilution des frontières, l’immensité des territoires, et la circulation massive d’argent et d’armes rendent impossibles l’exercice des fonctions régaliennes des Etats, créant un climat d’insécurité généralisé. Sans surprise, la région a ainsi fait le lit des activités criminelles, de trafics (de drogue notamment, en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe), et d’une véritable « conflictualité endémique », comme le souligne l’OCDE, où les groupes djihadistes et terroristes ont trouvé une place. C’est sur ces bases bien branlantes que se pose aujourd’hui la question du devenir de l’intervention armée africaine contre les groupes armés islamistes au Mali. Que les soldats français entament rapidement leur retrait du Mali, que les forces africaines de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) deviennent pleinement opérationnelles, ou que l’aide militaire au Mali se transforme en une opération de maintien de la paix sous l’autorité des Nations unies, les armées de la région seront nécessaires. Jusqu’où sont-elles capables d’aller pour éradiquer les islamistes de la région, et pas seulement les refouler du Mali ? « Le Niger, la Mauritanie ou l’Algérie sont-ils prêts à sortir de leurs frontières ? A un moment donné, la question va se poser, car on a là affaire à une logique continentale, qui va de la Mauritanie à la Somalie des shebabs ! » estime un diplomate français de haut niveau.

Tous les experts s’accordent sur le rôle d’« acteur-clef » qu’aura l’Algérie voisine sur cette question. Mais au coeur même du Sahel, les ressources politico-militaires ont d’abord quelques caractéristiques communes peu encourageantes : « Aucune ne peut répondre, comme la France, à des problématiques de terrorisme », souligne le consultant béninois Oswald Padonou. « Depuis la fin de la Guerre froide, et donc la fin des « sponsors », les équipements militaires lourds sont en ruine », rappelle le colonel Michel Goya, de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire ; ces armées sont faibles et plutôt « faites pour l’intérieur, au service du pouvoir politique, car, pour les opérations extérieures, il y avait la France. C’est par ailleurs un vrai problème d’envoyer ce qu’on a de mieux à l’étranger ! » souligne un autre expert ; « Le gros souci, c’est le renseignement. Largement utilisé contre les opposants politiques, il est très peu partagé dans la région », ajoute un observateur africain. On ne manque pourtant pas, parfois, ni de moyens ni de motivations pour agir… Petite revue de détail.

Le Tchad

« C’est la superpuissance militaire de la région », affirme Michel Goya. « C’est une armée qui s’est aguerrie pendant des années lors des conflits avec le Soudan, et qui s’est rôdée dans le désert lors de l’intrusion de la Libye au Tchad », souligne Oswald Padonou. Son « plus » : le niveau de son armement autorisé par ses revenus pétroliers au cours des dernières années, et le nombre - et surtout la qualité professionnelle - de ses troupes, de surcroît proches de l’armée française. Non-membre de la Misma, le Tchad a rejoint la France au Mali et « est partant pour l’éradication du terrorisme islamiste », précise un diplomate.

Le Niger

Vu d’Europe, c’est plutôt un « bon élève », qui « a dépêché des troupes sur le front terroriste dès la première heure ». Le gouvernement, qui bénéficie d’une forte légitimité politique, « a conscience de sa fonction régalienne pour faire face aux vraies menaces », observe Oswald Panodou. « On constate un vrai effort de la part de Niamey. Le budget 2012 a été réaménagé en faveur de l’armée face à l’expansion terroriste et en direction d’infrastructures sociales, afin de couper l’herbe sous les pieds des islamistes. A leur retour de Libye, les combattants touareg ont été soigneusement désarmés [contrairement aux Maliens !] et gratifiés de programmes de réinsertion professionnelle », ajoute le consultant. Une démarche « intelligente » largement soulignée. « Le Niger peut constituer un exemple pour la résolution du problème malien », estime Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur et chercheur associé à l’Iris.

Le Nigeria

Le géant économique africain possède un énorme budget militaire et une armée « importante en nombre », mais qui a fort à faire sur le front intérieur et souffre de « problèmes de qualité de la chaîne de commandement » : « l’élite est déconnectée de la base », explique un expert africain. Sur la question malienne, le Nigeria est resté quelque peu en retrait face au tandem Ouattara (président de la Cédéao)-Compaoré (médiateur avec les groupes du nord du Mali), mais les contacts avérés entre Aqmi et le groupe terroriste islamiste Boko Haram, qui sévit au nord du Nigeria et envers lequel Abuja a choisi la manière forte, mais sans autres résultats que de le radicaliser, ont visiblement changé la donne. « Sans le Nigeria, il sera difficile de bouger », estiment les observateurs.

Le Burkina Faso

Médiateur actif et clef des grandes crises régionales, le président Blaise Campaoré, à la tête d’un régime hyper-autoritaire, a toujours été le partisan ambigu d’une solution négociée au nord du Mali, au risque de relations dangereuses avec les islamistes. En appui des aspirations stratégiques régionales de Ouagadougou, l’armée burkinabée a développé des capacités importantes, et elle est considérée comme « bien équipée, bien préparée, et bien renseignée ». Mais elle a été secouée par des rébellions en 2011.

La Mauritanie

Frappé ces dernières années par plusieurs attentats, attaques et prises d’otages d’Aqmi, Nouakchott est monté en première ligne contre le terrorisme islamiste, et est considéré comme un solide allié de Paris et Washington. Victime de coups d’Etat récurrents, fragile économiquement malgré son pétrole, traversée de courants très conservateurs de l’islam et travaillée par des tensions interethniques, la Mauritanie n’est pour le moment pas « chaude » pour rejoindre une intervention collective au Mali.

Les points à retenir
Espace charnière entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, le Sahel est une voie de passage importante pour la région.L’immensité des territoires, la dilution des frontières, la mobilité des groupes sont autant de facteurs rendant difficile toute tentative de contrôle de cette « zone grise ».Désordres politiques, coups d’Etat, conflits éthniques et difficultés économiques compliquent la capacité des pays à coordonner leur lutte contre les groupes terroristes.
DANIEL BASTIEN
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Le grand jeu sahélien

Luc Torreele-.wordpress.com


Tout était en place pour que le Mali s’effondre et que le Sahel explose. Affaibli par les politiques d’austérité du FMI, longtemps paralysé par la Françafrique, victime du réchauffement climatique et de multiples sécheresses, le Mali est devenu l’une des pièces centrales du nouveau grand jeu sahélien. Revendication touarègue, djihadistes enrichis par le narcotrafic, déstabilisation libyenne et ambiguïtés algériennes, financements occultes saoudiens, stratégie à court terme des États-Unis et de l’Union européenne… Voici toutes les raisons de la guerre.



Nous sommes en 1960, le Mali accède à l’indépendance. Le premier président malien, Modibo Keïta, instituteur et panafricaniste, élu démocratiquement, a à peine le temps d’entamer une profonde réforme agraire avant d’être renversé en 1968 lors d’un coup d’état mené par Moussa Traoré, soutenu par la France. Durant les vingt-trois ans d’un règne sanglant, ce dernier bénéficiera constamment du soutien de tous les gouvernements français. La Françafrique dans toute sa laideur. Moussa Traoré recevra également le soutien du FMI et de la Banque Mondiale dont il appliquera les directives de « plans d’ajustement structurel ». Aggravant ainsi la situation économique et sociale de son pays.

Sécheresses, sous-développement et rébellion dans le nord

Moussa Traoré ne se contente pas d’appauvrir et d’affamer son peuple, il mène aussi une forte répression contre la minorité Touareg du Mali. Les Touaregs représentent environ 2 % de la population malienne [1]. Ils sont également présents au Niger, au Burkina-Faso, en Mauritanie, en Libye et en Algérie. Ils connaissent parfaitement toute la bande sahélienne et gardent, pour un grand nombre d’entre eux, un mode de vie nomade. Ils refusent d’être incorporés dans des structures étatiques et restreints par des frontières nationales qu’ils contestent. Et revendiquent le Nord Mali – l’Azawad – comme territoire indépendant. Une spécificité niée par le découpage des frontières coloniales. Les principales organisations armées touarègues sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et un tout récent groupe issu de la scission de ce dernier, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont le leader se revendique « malien et contre toute forme de terrorisme » [2]

Le réchauffement climatique

La longue lutte du « peuple du désert » s’analyse aussi par les enjeux climatiques : un siècle de détérioration des terres arables, grignotées par le désert malgré les « ceintures vertes », et de longues sécheresses, qui ont bouleversé le modèle pastoral des Touaregs. Les sécheresses de 1968, 1974 et 1985 affamèrent des milliers de Touaregs et les poussèrent dans les villes du sud du Mali. L’année 2012 n’a pas manqué à la règle et a été marquée par une grande sécheresse, amplifiée par le dérèglement climatique.

Peu de temps après le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue de 1990, le dictateur Moussa Traoré est renversé par un autre militaire, Amadou Toumani Touré, dit ATT. Il met fin à la dictature ainsi qu’à la guerre contre la rébellion touarègue en signant les accords de Tamanrasset de 1992, qui prévoient la démilitarisation du nord, une décentralisation de l’État et des investissements pour aider au développement de la région, délaissée depuis deux décennies.



La dette et le FMI

C’était oublier la dette. La jeune démocratie malienne, menée par Alpha Oumar Konaré, est empêtrée dans le remboursement d’une dette de près de 3 milliards d’euros, équivalente au PIB annuel du pays. Une dette largement héritée de la dictature militaire : de 1968 à 2001, elle a été multipliée par 30 ! Près de 60 % des recettes fiscales du Mali servent à payer le service de la dette (l’emprunt et les taux d’intérêt) au FMI, empêchant le paiement des salaires, aggravant les inégalités territoriales et la pauvreté. Il faut attendre 2005, pour que le G8 décide d’annuler la moitié de la dette du Mali. Trop tard…

Les fourches caudines du FMI et de la Banque mondiale déstabilisent profondément la société malienne et ses paysans. Le pays perd sa souveraineté alimentaire : il importe les trois quarts des céréales qu’il consomme. Les maliens sont systématiquement poussés à l’exode : des villages vers les villes, du Mali vers la France. La diaspora malienne à l’étranger représente la première source de devises étrangères au Mali.

Malgré un Programme de soutien au développement du nord, doté de 300 millions d’euros, le gouvernement malien ne peut tenir ses engagements. Et en dépit de nouveaux accords de paix signés à Alger, les troubles s’intensifient à nouveau en 2006, puis en 2009. La rébellion touarègue, désormais alliée de circonstance de groupes armés islamistes venus d’Algérie, s’emparent de Kidal (Nord-est) et Menaka (région de Gao), entraînant le redéploiement des forces maliennes au Nord. L’escalade commence.

L’arrivée des djihadistes

De nouveaux acteurs contribuent à fragiliser encore davantage une région déjà explosive. Aux indépendantistes touaregs « laïcs », s’ajoutent des groupes « salafistes » et « djihadistes ». Le plus connu se fait appeler Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Essentiellement composé d’Algériens et de Mauritaniens, AQMI est né sur ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Un mouvement initialement algérien, né pendant la guerre civile, encore plus radical que le Front islamique du salut, et dont les liens avec les services secrets de ce pays ont toujours été troubles. AQMI et ses satellites se déplacent avec de l’essence qui ne peut venir que d’Algérie. Les mêmes routes voient transiter armes et matériel. Dont des missiles issus des arsenaux libyens après la chute du régime de Kadhafi en 2011.

Le Sahel : arrière-cour de Kadhafi et des généraux algériens

Le régime des généraux algériens considère le Sahel comme l’un de ses prés carrés stratégiques. Il n’a jamais stoppé son influence, directe ou indirecte, sur les 1 400 kilomètres de frontière que l’Algérie partage avec le Mali. Certains analystes comparent le double jeu des services secrets algériens dans le Sahel à l’attitude des services secrets pakistanais, vis-à-vis des talibans afghans.

L’Algérie n’est pas seule au Sahel. Elle s’est confrontée à l’influence de la Libye de Kadhafi. Pendant des années, le défunt colonel a poussé ses pions dans la région. Recevant par vagues successives une partie des combattants touaregs qu’il a soit intégrés à des unités spéciales libyennes, soit structurés autour de groupes touaregs spécifiques. En 1981, Kadhafi est à l’origine du mouvement fantoche « Front populaire pour la libération du Sahara ». « Pour manipuler les Touaregs, dont le MNLA, il suffisait à Kadhafi d’héberger dans ses hôtels quelques leaders touaregs pendant quelques jours, de boire un thé et du lait et puis de leur remettre des enveloppes pleines de dollars », raconte un ancien du mouvement.

Quand l’Europe finance indirectement les groupes armés

La Libye de Kadhafi a signé des accords avec l’Union européenne en vue de contenir les dizaines de milliers de migrants africains qui transitaient par la Libye pour tenter d’accéder aux côtes européennes. Avec l’aide de Frontex, l’agence quasi-militaire européenne de gestion des migrants, Kadhafi a non seulement créé des camps de rétention, mais il a généralisé les expulsions des migrants africains vers le désert. Du pain béni pour les filières de trafic humain, majoritairement contrôlées par les groupes armés et djihadistes sévissant dans le Sahel. Ce trafic demeure une source majeure de leur financement. Ces groupes ont ainsi pu continuer de s’armer au su et au vu des services de sécurité français, allemand ou italien présents légalement sur le territoire libyen.



Accaparement de terres : un facteur de guerre ?

Kadhafi et son régime, ne se sont pas contentés de distribuer des dollars à quelques chefs touaregs. Ils ont également investi dans de nombreux projets au Mali. Investissements qui ont créé de profonds déséquilibres au sein de l’économie malienne : du fait de la dépendance qu’ils instituent, et des dégâts sociaux et environnementaux qu’ils causent. En 2008, Kadhafi utilise un fonds d’investissement libyen « dédié » à l’Afrique pour créer la société Malibya Agriculture. Celle-ci achète secrètement plus de 40 000 hectares le long du fleuve Niger, dans la région de Ségou, entre Bamako et Mopti. Objectif : y cultiver du riz et des agrocarburants. Avec l’aide de contractants chinois, des canaux d’irrigation de dizaines de kilomètres sont construits, mettant en danger la biodiversité et la survie des paysans locaux, à la fois privés de leurs terres et de leur eau.

Les conséquences non maîtrisées de la chute de Kadhafi

En plus de ces investissements lourds, Kadhafi multiplie les financements à petite échelle : écoles, dispensaires ou routes dans l’ensemble du Mali. Lorsque Kadhafi et son régime disparaissent, ce sont d’un côté de très nombreuses armes et des centaines d’hommes aguerris qui s’exilent dans le Sahel ; et de l’autre, des flux de plusieurs centaines de milliers d’euros qui se tarissent. Pour un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, c’est une importante manne qui s’envole. Après avoir appuyé militairement le renversement du régime libyen, les puissances de l’Otan auraient dû prévoir ce vide causé par la chute du colonel et le combler. Cela n’a pas été fait.

Le business des prises d’otages

Une partie des mouvements opérant au Sahel compensent cette perte de ressources en accroissant leur implication dans les trafics. Aux filières clandestines de migration, se substitue le kidnapping. Toujours en 2008, près de cinq millions d’euros sont versés à AQMI en échange de la libération de deux touristes autrichiens (une rançon démentie officiellement par le gouvernement autrichien). La même année, deux diplomates canadiens sont kidnappés et libérés dans les mêmes conditions. Un chantage que n’accepteront plus la France, après avoir négocié la libération de Pierre Camatte en 2010, encore moins l’Algérie comme on l’a vu lors de la prise d’otage du site gazier d’In Amenas. « Les procédures algériennes et françaises s’unifient de plus en plus dans le refus de sauver les otages et d’accepter de les sacrifier en refusant le chantage des djihadistes », note Alain Joxe, chercheur en géopolitique et directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes).

Les narcotrafiquants latino-américains

Au kidnapping s’ajoute un important trafic de drogue, d’une envergure phénoménale. En 2008, les forces maliennes ont réussi à saisir 750 kilos de cocaïne, dont la revente équivaut à plus d’un tiers du budget de l’armée malienne ! En novembre 2009 c’est carrément un Boeing 727 plein de cocaïne qui se crashe en tentant de re-décoller du désert malien. Avec un équipage composé de nigérians, l’avion, enregistré en Guinée-Bissau, a effectué de fréquents vols entre l’Afrique de l’Ouest, le Mexique, la Colombie et le Venezuela [3]. Les narcotrafiquants latino-américains ont fait de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic de stupéfiants vers l’Europe. Selon certains experts, près de 60 % de la cocaïne consommée en Europe occidentale – d’une valeur marchande de près de 18 milliards de dollars – transiterait par l’Afrique de l’Ouest. Avant que ne soit fantasmée et utilisée la crainte d’attentats terroristes perpétrés sur le sol français par AQMI, le gouvernement français, l’Union européenne et les États-Unis auraient du tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène.



Les pétrodollars saoudiens et qataris

Une dernière source de financement des acteurs de la région – et un autre facteur de déstabilisation – est l’argent qui vient du Golfe persique. Des intérêts saoudiens et qataris soutiennent financièrement des djihadistes salafistes du Sahel. Comparée au kidnapping, à l’arsenal libyen et au trafic de drogue, cette ressource n’est pas la plus importante. Elle pose cependant la question fondamentale de la politique différenciée des États occidentaux. L’Arabie Saoudite et le Qatar sont présentés par les États-Unis et la France comme des alliés stratégiques, notamment dans la lutte contre le régime tyrannique syrien, ainsi que dans le maintien du système financier international, sensiblement alimenté par les milliards des fonds souverains des puissances pétrolières. De l’autre, des membres de ces deux pays financent sans scrupules des groupes « salafistes djihadistes surarmés » comme les qualifie Alain Joxe. Des groupes qui déstabilisent, notamment, le Mali, le Niger, le Nigeria, voire la Tunisie.

Leur objectif : soutenir partout – de l’Indonésie au Nigeria – une vision wahhabite de l’Islam. Elle s’oppose ainsi à la vision de l’Islam majoritairement syncrétique des Maliens. Les fortunes saoudiennes et qataries qui financent ces groupes salafistes ont aussi été profondément perturbées par les révolutions arabes. Elles ont eu des effets jusque dans le golfe persique. Où, comme à Bahreïn, les soulèvements ont été réprimés dans le sang et une quasi-indifférence médiatique [4]. Ils sont résolus à tout mettre en œuvre pour empêcher qu’émerge un modèle démocratique et musulman qui marquerait la fin des régimes dictatoriaux et monarchiques. Avec, de fait, l’aval implicite des États-Unis et de la France.

Une corruption généralisée

Au Mali, ni le président Konaré, ni le président Touré n’ont lutté contre la corruption généralisée du pays. Pire, il semble qu’ils aient entretenu la corruption au sein de l’armée comme de l’Etat. En 2011, dans le rapport de l’ONG Transparency International sur l’état de la corruption dans le monde, le Mali se retrouve à la 118ème place, sur 184 pays analysés, pour l’indice de perception de la corruption, reculant de 22 places. C’est d’abord face à cette corruption généralisée que le capitaine Bakary Sanogo a justifié le putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président malien, sous l’œil plutôt compatissant de la société civile et des partis politiques maliens, et alors que les soldats maliens étaient mis en déroute au nord du pays.

L’échec du modèle français et américain de sécurité

Pourtant, France et États-Unis ont sensiblement investi dans l’armée malienne. Elle bénéficie de programmes spécifiques pour se moderniser. Depuis 1998, la France, suivi par l’Union européenne, a mis en œuvre l’initiative Recamp (« Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix ») en Afrique en général et au Mali en particulier. Recamp était censé « soutenir des actions de formation de cadres et d’unités en vue d’opérations de maintien de la paix, organiser des exercices au profit de ces unités africaines formées et entraînées, et enfin fournir équipements et matériels aux forces africaines qui seraient réellement engagées pour une opération de maintien de la paix sur le continent africain », explique le général de division Michel Klein, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dépit des millions d’euros, et alors que Recamp a longtemps été vanté comme un modèle de stabilisation, les capacités de l’armée malienne ne se sont pas renforcées. Loin de là.

Les États-Unis ne sont pas en reste. Le 11 septembre 2001 et l’émergence de la Chine accélèrent l’implication états-unienne en Afrique de l’Ouest. L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative » [5]. Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

A l’instar de l’exemple français, le modèle américain de sécurité pour le Mali est un échec. Pire, il est peut-être à l’origine de l’accélération du conflit. Car, dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…



Le Mali, au cœur d’un nouveau « grand jeu » ?

Le Mali semble être l’un des terrains de prédilection d’un nouveau « grand jeu » en matière de lutte d’influences, en vue de conquérir et de maintenir des points stratégiques. A l’instar des alliances et des retournements d’alliances au sein des forces qui avaient conquis le nord du pays, les puissances s’allient et se concurrencent conjoncturellement. La France depuis l’époque coloniale, l’Algérie, la Libye du temps de Kadhafi, les États-Unis et la Chine s’intéressent aux richesses maliennes ou à celles auxquelles le contrôle de son territoire donne accès : en particulier les gisements présumés d’uranium et de diamants situés dans les sous-sols de Kidal au Nord, les terres arables du Sud, les importantes ressources en fer mauritaniennes, ou l’uranium nigérien, exploité par Areva et désormais protégé par les forces spéciales françaises. Et plus loin le pétrole nigérian et tchadien ou le gaz algérien.

Si la France n’était pas intervenue, que ce serait-il passé ? Nombre de Maliens reconnaissent que les rebelles djihadistes auraient marché sur Bamako et se seraient emparés du pouvoir. Mais la France intervient pour éteindre un feu qu’elle a en partie contribué à allumer et alimenter. Maintenant qu’une partie du Nord est sous contrôle malien et français, que va-t-il se passer ? « Cette opération devrait être accompagnée d’une proposition de mutation dans l’aide proposée au Mali. Le discours purement militaire ne saurait suffire, souligne Alain Joxe. Si Hollande veut réellement rompre avec la Françafrique, il va devoir démontrer qu’il va, au-delà du discours de lutte contre le terrorisme, se donner les moyens pour lutter contre les narcotrafics et le financement international des djihadistes. » Seul un scénario qui permettra au peuple malien de renouer le dialogue, notamment en vue de régler la question touarègue, et de reprendre un contrôle sur ses institutions – politiques, judiciaires et militaires – permettra de sortir durablement de cet effondrement.

Eros Sana

Photo : ministère de la Défense

Notes

[1] Et 10 % au Nord, où vivent également Belas, Songhaïs, Peuls, Maures et Arabes.

[2] Dans un rapport, Amnesty international décrit l’ensemble des exactions et graves violations des droits humains dont sont responsables le MLNA et Ansar Dine : http://www.amnestyusa.org/news/news

[3] The Globe and Mail, 13 avril 2012

[4] Bernard Dréano, La perle et le colonel, éditions Non lieu.

[5] Qui devient ensuite Trans-Sahel Counterterrorism Partnership.

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En images, l'arsenal de guerre des djihadistes

EXCLUSIF – Le JDD publie les photos de l'important stock d'armes des forces narco-djihadistes, récupéré par l'armée française au Mali.

Des obus, des produits chimiques ou encore des engins explosifs. Voilà un aperçu de l'arsenal de guerre que les combattants islamistes s'étaient constitué au Mali. Les photos de ces matériels, récupéré depuis par les troupes françaises, sont publiées en exclusivité dans le Journal du dimanche. Les clichés pris dans les villes de Konna, au centre du pays, et à Gao, au nord, donnent un aperçu des actions que préparaient les narco-djihadistes.

Un hangar de l'aérodrome de Gao, repris par l'armée française il y a trois semaines, s'était ainsi transformé en atelier de fabrication d'explosifs, comme le montre cette photo. Des produits chimiques ou encore une seringue qui cachait un détonateur artisanal (en haut à droite de l'image) ont notamment été retrouvés.


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Au total, plus de deux tonnes de matériel ont été découverts dans la ville de Gao. Des tonneaux de charges explosives (sur la photo suivante, quatre charges de 75 kg) et des obus de 122 mm, assemblés ensemble pour former une charge plus puissante, ont par exemple été saisis cette semaine.


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A Bandiakara, à 20 km au nord de Gao, les combattants avaient à disposition un stock d'EEI, des engins explosifs improvisés, comparables à ceux des insurgés en Irak et en Afghanistan. Selon nos sources, des Pakistanais auraient formé des djihadistes du Mujao à la fabrication de ces engins. Ci-dessous, des extincteurs anti-incendie piégés :


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Les djihadistes possédaient en outre de grandes quantités de munitions pour leurs actions offensives…


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… et des dispositifs plus sophistiqués, relevant davantage d'une logique de guerre asymétrique. La première photo montre ainsi un gilet explosif destiné à une attaque-suicide, découvert à l'aéroport de Gao fin janvier. L'autre gilet de combat, sur la seconde photo, est quant à lui piégé par un système antidéplacement. Il explose dès qu'on le soulève.


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A.F. (avec F.C.)

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