jeudi 7 mars 2013

La presse anglo-saxonne s'inquiète de l'élargissement du conflit malien

La presse anglo-saxonne s'inquiète de l'élargissement du conflit malien
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Le directeur de Statoil, Helge Lund, lors de la conférence de presse informant de la situation sur le site gazier algérien In Amenas, le 17 janvier.
Le directeur de Statoil, Helge Lund, lors de la conférence de presse informant de la situation sur le site gazier algérien In Amenas, le 17 janvier. | AP/Kent Skibstad

Au lendemain de la prise d'otages en Algérie d'au moins une centaine de personnes, la presse anglo-saxonne s'accorde à dire que le conflit malien commence à prendre une dimension internationale. Le quotidien britannique The Independent va jusqu'à évoquer "la peur que le conflit malien puisse déclencher une guerre contre l'Occident dans le désert nord-africain".

Pour le quotidien britannique The Guardian, "l'attaque du site gazier en Algérie laisse craindre que le conflit au Mali ne devienne une bataille internationale se diffusant à travers les frontières poreuses du Sahel et de la région saharienne". Pour étayer ses propos, le journal cite également Jon Marks, un des associés du think tank britannique Chatham House : "Même dans la sanglante histoire de l'Algérie, c'est la première fois qu'il y a une attaque de cette ampleur dans une installation d'hydrocarbures. Cela montre à quel point les événements au Mali sont un problème sahélien et saharien. Ces preneurs d'otages sont internationaux, incluant des Maliens, des personnes issues du conflit libyen, mais aussi d'Algérie et de Mauritanie."
Dans un article du New York Times, les journalistes Adam Nossiter and Scott Sayar renchérissent : la prise d'otages a mis au jour la menace qui pèse sur les expatriés de tous les pays qui travaillent dans cette région d'Afrique. "La prise d'otages diffuse potentiellement ce conflit au-delà des frontières maliennes et accentue la possibilité d'impliquer directement un nombre grandissant de pays étrangers", soulignent les journalistes, évoquant surtout que "les expatriés [qui] deviennent des cibles". "Cela double également, au moins, le nombre d'otages non africains que les islamistes du nord et l'ouest de l'Afrique ont utilisés comme monnaie d'échange pour financer leurs actions ces dernières années grâce aux millions de dollars amassés par leurs rançons", écrivent-ils.
"MENACE POUR LES ÉTATS-UNIS"
L'analyse menée par les journalistes Mark Mazzetti et Eric Schmitt dans le même New York Times évoque le bouleversement de la position des Etats-Unis qu'a entraîné cette prise d'otages. En effet, pour le journal, avant l'intervention française, les autorités américaine, française et africaine s'accordaient sur un point : "Ce sont les troupes africaines, pas américaines ni européennes, qui vont mener l'opération au Mali." Selon eux, l'assaut lancé par la France vendredi 11 janvier "a bouleversé ces plans et amorcé une série d'événements qui a culminé mercredi avec le raid de militants [islamistes] sur un site gazier en Algérie. Cette attaque menace d'élargir la violence dans une région appauvrie, et d'embourber les gouvernements occidentaux dans l'insurrection naissante."
Quelques journaux posent la question de la position que vont prendre les Etats-Unis dans le conflit. "Jusque-là, la précipitation des événements a masqué le fait que les autorités américaines n'ont toujours qu'une compréhension très impressionniste des groupes militants qui ont établi leur refuge au Mali, et sont divisées sur la question de savoir si ces groupes représentent une menace pour les Etats-Unis", peut-on lire dans le New York Times. Une citation reprise par le Financial Times, pour qui la France a eu raison de lancer une opération militaire au Mali, afin de stopper l'avancée des djihadistes maliens. Pour le journaliste James Blitz, "la prise d'otages en Algérie montre clairement la menace que représentent les djihadistes", pour ceux qui se posaient encore la question, notamment parmi les hauts responsables américains.

"LA FRANCE A REDYNAMISÉ AL-QAIDA"
The New York Times commence à envisager que les Etats-Unis puissent devenir directement la cible des djihadistes maliens. "La prise d'otages au Mali n'a fait que rehausser les craintes qu'une intervention militaire occidentale puisse transformer des groupes militants avec un but uniquement régional en ennemis des Etats-Unis – en d'autres mots, que la réaction n'empire la menace originale", peut-on lire dans le journal. Une inquiétude que Time ne reprend pas à son compte, puisque le journal affirme qu'après le lancement surprise de son opération militaire, "la France a remplacé les Etats-Unis à la première place de la liste des cibles des terroristes".
Le quotidien californien Los Angeles Times n'hésite pas, lui, à accuser "l'action précipitée de la France", d'avoir "peut-être élargi le conflit et redynamisé Al-Qaida". Une mise en cause directe du choix du président Hollande d'intervenir au Mali en prenant quelques libertés avec la résolution 2085 de l'ONU qui prévoyait un soutien occidental à une intervention menée exclusivement par des troupes africaines.

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