Dans un entretien qu’il nous accordé, l’assistant du Programme Elevage Mali (PEM) à Goundam (Tombouctou), ce Kalansar bon teint, déplore la situation actuelle que nous vivons due à beaucoup de paramètres. Il regrette l’attitude de l’Algérie qu’il soupçonne de vouloir faire main basse sur nos richesses dans le septentrion du pays. Ambiance pour les intimes, tape le point sur la table en voyant certains tel Iyad Ag Aghaly, jouer à la taupe d’Alger ou d’autres pays (Libye, Mauritanie) et accuse l’Algérie et la France de manipulés les mouvements armés tel que le MNLA pour des raisons inavouées. Il faut rappeler que les Kalansar demeure l’une des communautés du nord du pays, à rester fidèles à la patrie. Discrète mais efficace, les Kalansar constituent un modèle de communauté respectueuse de sa parole et de l’Etat. Entretien.
Mali Demain : Que veut dire le mot « Touareg » ? Qui sont les Touaregs ? Que valent-ils ?
M. Mohamed Aly Ag Mohamed : le mot Touareg a une origine Arabe. Il s’agit de “Touarak” (mot berbère). Vous savez, les Touaregs parlent la langue « Tamasheq ». Il s’agit d’une catégorie de personnes qui s’habillent conformément aux aléas du désert. Donc du climat. Ils sont toujours voilés. Ce sont des gens de nature sauvages et vendals. Avec leur caractère de mobilité, enturbannés, ils parlent Tamasheq dont l’écriture « le Tifinagh » qui est un dérivé du Perse lorsqu’on remonte aux phéniciens.
Au Mali, il ya les grands noyaux
Au Mali, il y a les Grands noyaux qui sont constitués des Kalansar, les Oulimenden, les Ifoghas, les Idnane, les Chamanamas et les Imghad. Chacun de ces ensembles sont divisés en plusieurs fractions qui sont soumises à une gouvernance hérité du système traditionnel précolonial. C’est-à-dire une vie de société dirigée par des Chefs, des marabouts, des hommes de castes et des paysans. Au fil des années, ces ensembles ont éclaté puisqu’absorbé par la décentralisation. Le taux d’analphabétisme ainsi que la pauvreté aidant, ont conduit la jeunesse Touareg vers l’exode, la piraterie, les vols à mains armés, le trafic de drogue.
Mali Demain : C’est ce qui explique l’exode vers la Libye, l’Algérie ou la Mauritanie ?
Certains pays alimentent la rébellion
M. Mohamed Aly Ag Mohamed : Affirmatif. Et mieux, certains milieux se servent de ces jeunes qui deviennent du coup des taupes. D’où la direction des différents mouvements armés par ces taupes comme Iyag Ag Aghaly. Ces dirigeants ont été formé oun encore ont puisé leur idéologie en Libye, Algérie, Mauritanie. Aucune rébellion, ne tire sa source de l’intérieur du Mali. Elle relève d’une importation politique étrangère qui alimente ces mouvements armés. Les gouvernements de ces pays les alimentent pour des intérêts précis et sous le couvert aussi de relations bilatérales.
Mali Demain : Que pensez-vous de la crise actuelle ?
Alger se débat pour avoir la main mise sur nos richesses
M. Mohamed Aly Ag Mohamed: La crise actuelle est un moyen de déstabilisation du régime ATT. Et Alger se débat pour avoir la main mise sur nos richesses qui se trouvent à ses frontières. D’où son soutien aux populations qui habitent dans ces zones afin de els encourager à l’autodétermination dont elle profitera amplement. Et pour cause, 80% des populations du nord ont une double nationalité malienne et Algérienne. Nous ne sommes pas surpris, surtout moi, de voir certains aujourd’hui, parler d’autodétermination car ceux qui sont consultés, sont sans voix. Ils ne sont qu’un échantillon pour faire des démarches dans ce sens.
Mali Demain : Que faut-il faire donc pour sortir de cette crise ?
Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités
M. Mohamed Aly ag Mohamed : Il faut que le gouvernement prenne son courage et ses responsabilités dans ses deux mains. Et pour cause : – d’abord assurer la sécurité des personnes et des biens ; éviter de faire l’amalgame ; solliciter les partenaires au développement pour qu’ils nous donnent des moyens adéquats pour réinstaller les populations déplacées ; ramener ces personnes après la sécurisation de leurs villes et campagnes ; arrêter de médiatiser ces taupes du MNLA, MIA, MAA et autres ; faire la part des choses à partir d’enquêtes approfondies afin que tous ceux qui ont fauté, payent. De grâce, qu’un innocent ne paie pas à la place d’un bandit sous le prétexte qu’il est son parent.
Il y a deux axes prioritaires de développement…
Aussi, dans la région de Tombouctou par exemple, il y a deux axes de développement pour relancer l’économie de la région. Il s’agit entre autres de la remise en eau des lacs de Goundam ; réaliser la route Niono/Tombouctou ; sédentariser tous les Touaregs maliens ; désarmés tous els groupes armés et impliquer les Touaregs qui sont restés fidèles à la Nation.
Mali Demain : Que pensez-vous du MNLA, MIA, MAA/ l’intervention française au Mali ?
Ces groupes armés sont manipulés par l’Algérie et la France
M. Mohamed Aly Mohamed : Ces groupes sont manipulés par l’Algérie et la France pour des raisons que j’ignore. En tout cas, le MNLA ne vaut que par la France. Ils ne sont d’aucune légitimité. Le MNLA ? MAA, MIA, Ançar Eddine sont du pareil au même.
Mali Demain : On parle de rencontres communautaires en vue d’une réconciliation. Que réagissez-vous ?
Nous devons nous exprimer en malien
M. Mohamed Aly Mohamed : La culture malienne est variée. Elle doit être appréciée dans son ensemble au lieu que chaque club d’amis organise un festival. Ce sera mieux que l’Etat le fasse, de façon mobile afin d’amener les citoyens à échanger. Nous devons nous exprimer en malien et non pas sous l’étiquette ethnique. Il faut que le gouvernement cesse de penser selon la couleur ou l’ethnie car le pays est assez riche. D’ailleurs notre développement est freiné à cause de la gouvernance.
Mali Demain : Avez-vous un message particulier ?
L’Etat doit revoir sa copie…
M. Mohamed Aly Mohamed : L’Etat doit revoir sa copie par rapport au développement des régions du nord ; y apporter des corrections à la décentralisation pour l’adapter soit aux réalités géophysiques ou socio humaines et non créer des Communes n’importe où !
En guise de rappel, au départ de la décentralisation, les pouvoirs publics devaient transformer les 42 Cercles surtout les 233 Arrondissements en Communes au lieu de procéder à des découpages complaisants comme ceux-ci ont été fait.
L’Armée devra être refaite
Aussi, l’Armée devra être reformée, refaite, reconstruites pour qu’elle soit nationale et où le malien y va par vocation et non pour avoir un salaire ; instaurer le service militaire obligatoire pour tous les jeunes de 16 à 36 ans, après, chacun pourra opter de rester ou de quitter.
Propos recueillis par Bokari Dicko
SOURCE: Mali Demain du 9 mar 2013.
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