Berne voudrait jouer les "facilitateurs" entre Bamako et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) dans le conflit qui mine le pays.
De notre correspondant à Genève, Ian Hamel
Le Point.fr a révélé cette semaine que deux députés de l'Union démocratique du centre (UDC), une formation appartenant à la coalition au pouvoir, avaient interpellé le gouvernement suisse, affirmant que, "selon une source sûre", des soldats d'une unité d'élite suisse auraient séjourné deux mois au Mali. L'information a été démentie par un fonctionnaire, mais ni par le ministre de la Défense ni par son homologue des Affaires étrangères.
Pourtant, la piste suisse ne relève pas du fantasme. Les 25, 26 et 27 juillet 2012, le département fédéral (ministère) des Affaires étrangères (DFAE) a effectivement financé une réunion politique des rebelles touareg indépendantistes du MNLA à Ouagadougou, au Burkina Faso. Quelques semaines après cette réunion, le quotidien genevois Le Temps avait interrogé Moussa Ag Assarid, le porte-parole du MNLA, qui déclarait : "La Suisse était là pour promouvoir la paix dans cette région du monde."
La Suisse a de l'argentBilal Ag Acherif, le président du mouvement rebelle, aurait même chaleureusement remercié le "gouvernement suisse" de son travail de "facilitation". Embarrassé, le département fédéral des Affaires étrangères ne souhaite pas commenter ce soutien, mais il ne cherche pas non plus à le démentir. Il renvoie à un message de Didier Burkhalter, le ministre suisse des Affaires étrangères, du 26 septembre 2012 : "Le gouvernement du Mali le sait : la Suisse l'encourage et l'accompagne dans sa recherche d'une fin négociée au conflit."
Didier Burkhalter, ancien maire de Neuchâtel, ajoute que l'"engagement suisse fait suite à la demande des autorités maliennes ainsi qu'à celle d'une des parties au conflit, le MNLA. Dans ce cadre, la Suisse développe, comme à son habitude, ses bons offices de manière impartiale." Mais on s'attend si peu à une intervention de la Confédération en Afrique que l'information est passée totalement inaperçue.
"Depuis la chute du mur de Berlin, ni l'Ouest ni l'Est n'ont besoin de la Suisse pour jouer les intermédiaires. Nos diplomates se sont retrouvés au chômage technique. Ayant un réel savoir-faire, ils cherchent à jouer les intermédiaires en Afrique. Au Mali, mais aussi au Tchad et au Soudan. Comme la Suisse n'a jamais eu de colonie et qu'elle a de l'argent, les mouvements dissidents accueillent plutôt favorablement les offres de service de Berne", explique un haut fonctionnaire du département fédéral des Affaires étrangères.
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