Pour mieux se repositionner et se faire valoir auprès de la communauté internationale, notamment la France protectrice, le Mnla est prêt à tout, y compris à mentir sur la provenance de manuscrits trouvés à In Khalil après l’attaque des paisibles populations par les terroristes indépendantistes
Le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad) déclarait récemment avoir saisi à In Khalil, non loin de Tessalit, le 23 février dernier, un important stock de manuscrits qui aurait été abandonné dans leur véhicule par des terroristes en fuite. Au Prétoire, cette information a été accueillie avec le plus grand scepticisme. La raison essentielle en est que si les groupes islamistes détruisent des mausolées, saccagent des lieux saints, profanent des tombes, détruisent des manuscrits, ils n’ont pas pour habitude d’en voler. Les éléments d’Aqmi, d’Ansar Eddine et du Mujao, les groupes islamistes qui occupaient le nord, ne volent pas. Au contraire, depuis leur occupation du nord malien, ils ont plutôt sévi contre les voleurs et les pilleurs, en amputant des pieds et des mains, quitte à se rendre impopulaires aux yeux de la population locale. Mais aussi impopulaires qu’ils ont pu être, ils ont toujours été préférés aux membres du Mnla. Déjà le 27 juin dernier, la population locale s’est alliée avec les islamistes du Mujao pour chasser du nord le Mnla, les membres du Mouvement s’étant rendus coupables de plusieurs crimes et délits au détriment des habitants des différentes localités du nord. Pour cela, ils étaient régulièrement châtiés par les islamistes sur la base de la charia. Les voleurs, donc, ce sont plutôt les éléments du Mnla et non les « jihadistes » qu’ils ont accusé d’avoir volé des manuscrits à Tombouctou. Les indépendantistes ont fait ces déclarations sur les ondes de Rfi, par la voix d’Ambery Ag Rhissa, un ancien collaborateur de l’Ong Acord, tout comme Mohamed Aguidi qui sera nommé plus tard conseiller du gouverneur de Kidal. Ils sont tous deux de hauts responsables de leur fameux et fantomatique Conseil transitoire de l’Azawad, leur défunt gouvernement.
C’est sur les mêmes ondes de Rfi que le fin mot de l’histoire a été donné par un responsable de la communauté arabe en courroux. En fait, ces manuscrits appartiennent à des familles arabes qui les avaient apportés de Tombouctou pour les soustraire au saccage des jihadistes. Après l’attaque d’In Khalil par le Mnla, ces Arabes ont dû fuir précipitamment vers l’Algérie en laissant sur place les manuscrits. Une version des faits beaucoup plus crédible que celle des indépendantistes. D’ailleurs, ces derniers, qui ne cessent de crier sur tous les toits qu’ils seraient victimes d’exactions et de vexations, seraient eux-mêmes coupables de plusieurs actes de vexations et de brimades sur les membres des communautés arabes qui leur tombent sous la main. Ces agissements seraient sur le point de générer un conflit interethnique entre Arabes et Touareg, principalement dans la région de Kidal où la cohabitation devient de plus en plus difficile entre groupes armés, le Mnla et le Maa (Mouvement arabe de l’Azawad).
Et dans ce cas, les indépendantistes risqueraient fort de mordre encore une fois la poussière car ils auront à batailler sur deux fronts. En effet, un autre groupe armé composé comme le Mnla de Touareg, est né depuis peu et ne s’entend nullement avec Bilal Ag Acheriff et ses compagnons. Il s’agit du Mouvement islamique de l’Azawad (Mia) créé par des membres prétendument dissidents d’Ansar Eddine.
Tous n’attendent que le départ des soldats français pour en découdre entre eux. Et c’est seulement à ce moment que cette région risquerait de connaitre les exactions tant décriées par la communauté internationale et les associations de défense des droits de l’homme. En attendant, celles-ci doivent prendre les devants en demandant par exemple à la France de permettre à l’armée malienne de prendre le contrôle de la région de Kidal et de mettre hors d’état de nuire tous ceux qui sont déjà confondus d’exactions et de brimades, à savoir les assassins d’Aguel Hoc, de Tessalit, de Kidal, de Tombouctou, de Gao et d’ailleurs.
Cheick Tandina
SOURCE: Le Prétoire du 18 mar 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire