lundi 25 mars 2013

Tiébilé Dramé, Président du Parena : « La transition est la cohabitation entre le coup d’Etat et la Constitution » - maliweb.net

Tiébilé Dramé, Président du Parena : « La transition est la cohabitation entre le coup d’Etat et la Constitution » - maliweb.net
Tiéblé Dramé,
Tiéblé Dramé,
Depuis le renversement d’Amadou Toumani Touré, le Mali a connu une année pour le moins mouvementée tant au nord qu’au sud qui traverse une crise politique majeure. Alors un an après le putsch, le Mali est-il au fond sorti de l’impasse aujourd’hui?
On ne peut pas dire que le Mali est sorti de l’impasse, la CEDEAO a négocié un Accord-Cadre avec la junte militaire qui a instauré une transition qui se trouve être une cohabitation entre le coup d’Etat et la Constitution. Malheureusement, le coup d’Etat prend le dessus sur la Constitution et sur l’Etat de droit.
Qui dirige le Mali aujourd’hui un an après le putsch? C’est Dioncounda Traoré le président par intérim de la République ou le capitaine Sanogo l’auteur du putsch contre ATT ?
Le chef de l’Etat c’est bel et bien Dioncounda Traoré, mais il est évident que le principe républicain de soumission des militaires au pouvoir politique civil n’est pas respecté et que le retour des militaires dans les casernes reste malheureusement un objectif. Quand on se permet d’interpeller des parlementaires, des femmes et des hommes politiques, des journalistes et même de soumettre un journaliste à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, nous sommes plus près du coup d’Etat que de l’Etat de droit et de l’exécution.
Comment en est-on arrivé à cette situation d’impasse que vous décrivez ? Est ce que la classe politique malienne et même la société civile malienne dans son ensemble n’ont pas une par de responsabilité?
Il me semble qu’un jour ou l’autre les Maliens devraient s’asseoir et discuter des causes profondes de l’abîme dans laquelle le pays se trouve. Comment et pourquoi le pays s’est effondré, comment l’Etat s’est effondré, comment l’armée s’est écroulée, comment AQMI s’est installé progressivement sur notre territoire depuis une dizaine d’années, comment le narcotrafic a fini par prendre l’Etat en otage et ou étaient les institutions de la République quand tout cela se passait ? Où étaient les contre-pouvoirs, les partis politiques ? Qu’ont-ils dit, qu’ont-ils fait ? Je pense que nous ne pouvons pas éluder nos responsabilités.
Dioncounda Traoré a dit qu’il souhaitait des élections en juillet mais la classe politique est divisée sur le sujet. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas connaissance de division de la classe politique sur la question de l’élection.
La COPAM par exemple elle s’oppose à ce que les élections se tiennent en juillet.
Oui, d’accord! Vous parlez d’une organisation qui a soutenu le coup d’état, qui a tout fait pour que s’instaure au Mali un régime d’exception et une transition aussi longue impossible. A l’exception de la Copam, la feuille de route qui fixe l’élection présidentielle pour le mois de juillet a été discutée par l’ensemble des forces vives du pays et adoptée par l’Assemblée nationale et je pense que c’est l’expression d’une prise de conscience de l’urgence de sortir de la transition, compte tenu de la nature de celle-ci.
Quels obstacles voyez-vous à la tenue de l’élection en juillet ?
Mais chacun sait que les conditions ne sont pas réunies pour faire des élections crédibles en juillet. Il n’est pas encore clair sur la base de quel fichier électoral les élections auront lieu et je n’ai pas connaissance d’un calendrier de redéploiement de l’administration dans les régions libérées du nord du pays. Il en est de même du vote de quelques centaines de milliers de Maliens déplacés internes ou refugiés. Enfin, l’indispensable dialogue politique pour convenir des modalités d’organisation des élections attend également d’être organisé. C’est pourquoi, la communauté internationale ne doit pas s’asseoir et regarder le Mali seul faire face à cette situation. Les Nations Unies devraient, dans le cadre de la résolution en discussion au Conseil de Sécurité, prêter main forte afin qu’il y ait des élections crédibles dans notre pays.
Et en même temps peut-il y avoir des élections sans également un dialogue entre le nord et le sud, une réconciliation entre le nord et le sud ?
Oui je vois de quoi vous parlez. Vous parlez de la crise du nord qui est à l’origine de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. L’opération Serval, la MISMA aussi salutaire qu’elle est et la mission de stabilisation des Nations Unies aussi salutaire qu’elle soit ne seront pas suffisantes pour restaurer une paix durable et définitive au Mali. Toute cette action militaire doit être complétée par un indispensable processus de dialogue inter-maliens pour restaurer la cohésion nationale. Ce travail doit se faire, il n’est pas encore en cours et c’est dommage et j’invite le Gouvernement et le président de la République à accélérer la cadence.
(Source Rfi)

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