mardi 26 juin 2012

Secourir ou pas le Nord? Pour Bamako, la question se pose | Slate Afrique

Secourir ou pas le Nord? Pour Bamako, la question se pose | Slate Afrique

Face à la pénurie d'eau et d'électricité qui menace les populations du Nord, le pouvoir central malien s’interroge sur l’opportunité d’y convoyer une aide. Le risque, manquer les destinataires et renforcer le camp ennemi.

Guide Touareg à Tombouctou, Mali, 14 novembre 2008 © Globe Troden
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Ainsi donc, les villes conquises par les rebelles du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine seraient en difficulté par rapport à leur approvisionnement en énergie et en eau.
La ville de Tombouctou est menacée de rupture d’eau et d’électricité, si d’ici quelques jours, elle n’est pas approvisionnée en carburant pour faire tourner les machines de pompage d’eau et de production d’énergie électrique.
La ville pourrait donc être sinistrée de ce point de vue, et contrainte de vivre au ralenti. Une nouvelle épreuve pour des populations qui vivent déjà sous le joug des rebelles et des islamistes.

Un défi de gestion pour les rebelles

Pour les rebelles indépendantistes, c’est également un défi. Eux qui, par la poudre, ont décidé de prendre leur destin en main en faisant sécession avec Bamako, ont une aubaine pour montrer l’étendue de leur capacité à gérer la cité et à prendre en charge les centaines de milliers de Maliens piégés par leurs actions militaires.
Sauront-ils assurer la continuité du service public en matière de distribution d’énergie et d’eau? Sans oublier la sécurité alimentaire qu’il faut assurer aux habitants de cette partie du territoire malien déjà malmené par le climat?
Bamako, en tout cas, suit l’évolution de la situation de près, tentée qu’elle est de voler au secours de ces populations. Le risque majeur, comme l’a révélé un de nos confrères, est de voir les cargaisons détournées pour alimenter l’armée des rebelles.

Le dilemme de Bamako

On l’a déjà vu avec l’aide alimentaire et il n’est pas exclu qu’il en soit également ainsi pour le carburant. L’exemple de la Somalie où l’aide alimentaire servait plutôt à nourrir les groupes rebelles est éloquent.
Bamako va se retrouver dans un dilemme, tout comme la communauté internationale d’ailleurs. Faut-il abandonner les populations entre les mains des rebelles, s’il est avéré que ceux-ci sont incapables d’assurer le service minimum?
Il faudra agir d’une façon ou d’une autre, car ne rien faire, reviendrait à jeter les habitants du Nord dans les bras des indépendantistes. Les mauvaises langues pourraient alors parler de non-assistance à ces populations.
Il est vrai que la tentation est grande de laisser les indépendantistes gérer leur problème, tout en espérant les asphyxier économiquement. Mais le jeu en vaut-il la chandelle?

La solidarité s’organise

Pour autant, au cas où les islamistes et les indépendantistes du MNLA devenaient défaillants au Nord Mali, il n’y aurait pas lieu non plus de s’y précipiter sans avoir obtenu des garanties sérieuses sur la destination des aides.
La médiation qui a décidé de négocier jusqu’au bout, devrait intégrer cette donne au cas où les choses se passaient mal. Le Haut conseil islamique malien, sensible à la souffrance de ses compatriotes du Nord Mali, s’organise pour collecter les moyens financiers afin d’empêcher la rupture du carburant.
C’est un élan de solidarité qu’il faut saluer, mais il gagnerait à être encadré lorsqu’il s’agira de convoyer vivres et carburant en direction du Nord; si l’on ne veut pas contribuer maladroitement à renforcer le camp des ennemis.
Abdoulaye TAO (Le Pays)
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