Mali : les fantômes du Sahel
Mali : les fantômes du Sahel
LE MONDE TELEVISION | 29.06.2012 à 18h51 • Mis à jour le 29.06.2012 à 18h51
Par Olivier Herviaux
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Direction nord - nord-est, au Mali, à vive allure sur les pistes de latérite et de sable. Nous sommes dans la région septentrionale de l'ancien Soudan français, proclamée unilatéralement Etat depuis le 6 avril par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), après une offensive militaire éclair sur les principales villes : Agueloc, Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou.
Depuis l'indépendance du Mali, en 1960, trois rébellions dites "touareg" ont marqué l'histoire de cette partie du pays, grande comme deux fois la France. Aujourd'hui, la situation est complexe et chaotique : indépendantistes touareg, islamistes, djihadistes, "trafiquants" d'otages occidentaux... Sans oublier un pouvoir transitoire à Bamako après le coup d'Etat militaire du 22 mars, une Algérie, puissance régionale incontournable, peu diserte, un Burkina Faso actif diplomatiquement.
C'est dans ce contexte très instable qu'Olivier Joulie et Laurent Hamida sont partis en mai pour Gao et de là jusqu'à la frontière algérienne, à la rencontre du MNLA. Qui sont ces combattants ? Quelles sont leurs relations avec les katibas (brigades) d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
VALLÉES ABANDONNÉES, VILLAGES DÉSERTÉS
Rendez-vous à Gao, la grande ville du nord-est située sur la rive gauche du fleuve Niger et nouvelle "capitale de l'Azawad", où l'on rencontre le colonel Hassan Medhi, ancien officier de l'armée malienne qui a choisi de rejoindre le MNLA à la fin de 2011. Il s'agit ici de contrôler les principaux axes routiers afin d'empêcher les armes provenant de Libye d'arriver en ville.
"Il y a de fortes craintes que des armements rentrent, plus particulièrement par la frontière du Niger. Nous avons pas mal de problèmes avec des milices, des groupements armés qui ont toujours créé une psychose. Nous essayons aujourd'hui de mettre fin à cela", précise le militaire de carrière.
Dans le centre de la ville, la situation sécuritaire semble beaucoup plus fluctuante : on y croise des 4 × 4 arborant le drapeau noir d'Ansar Eddine, mouvement islamiste touareg, et des véhicules appartenant à AQMI. Tournage derrière des vitres teintées...
Direction la frontière algérienne : vallées abandonnées, villages désertés. Comme celui d'Ali, combattant du MNLA, engagé depuis plus de vingt ans dans les différentes rébellions. Il a perdu quarante-sept membres de sa famille, tués par l'armée malienne dans les années 1990. Depuis, une vie d'errance et de combats. Aux portes de l'Algérie, aux abords de Tin Zaouaten, situation étrange : côté malien, un camp de réfugiés très sommaire, côté algérien, une petite ville saharienne équipée de l'essentiel. Dans le ciel, des passages de Soukhoï et d'hélicoptères de l'armée algérienne...
Sur les terres ancestrales touareg, aujourd'hui devenues aussi des fiefs djihadistes, Olivier Joulie et Laurent Hamidou nous montrent le retour de certains fantômes : rébellions, exactions, réfugiés, dénuement. Une zone grise si proche de l'Europe. Des images rares et des témoignages poignants.
Olivier Joulie et Laurent Hamida (France, 2012, 32 minutes) - Diffusion samedi 30 juin à 18h50 sur Arte
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