lundi 25 juin 2012

IL FAUT LE DIRE : Egarements | Les Echos

IL FAUT LE DIRE : Egarements | Les Echos

IL FAUT LE DIRE : Egarements

Iyad Ag Ghaly
Prétextant la charia, des illusionnistes viennent de nouveau de jeter par terre la figure de l’Etat démocratique, laïc et social du Mali aux yeux du monde : en fouettant d’importance des Maliens (100 coups de fouet pour adultère) attaqués sur leur vie privée. La ligne jaune est franchie avec ce qui s’est passé à Tombouctou, le mercredi dernier. Car c’est une ratonnade pure et simple.
Le 20 juin 2012, Iyad Ag Ghaly et sa bande d’illuminés ont commis un crime de guerre, qui mérite d’être jugé comme tel et condamné. Le fait est que c’est un boniment. Ce seigneur de guerre n’est pas l’homme de Dieu qu’il prétend être. Loin de là. C’est un rebelle en son âme et conscience.
De toute façon, son soulèvement contre l’Etat du Mali aujourd’hui est une tentative d’imposition d’une charia à deux vitesses. On lui demande de voir la poutre dans son œil, il se contente de voir la paille dans celui de son voisin. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne voit que l’autre.
Il était le chef du Mouvement patriotique de l’Azawad (MPA), coupable d’exécutions sommaires d’agents de l’Etat en service au nord aux débuts des années 1990. Vous souvenez-vous de ce médecin égorgé à la fleur de l’âge à Ménaka ? Une perte pour le pays ! Or, la charia, qui a au moins 1300 ans d’âge, dans le cas d’espèce, impose la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent… enfant pour enfant ». Si cela était, il ne serait plus de ce monde.
Evidemment, la charia prévient et réprime l’adultère, mais aussi le mensonge, la médisance, la délation, le vol, etc. Or, les bandes qui écument le Nord, déjà majoritairement acquis à la cause du prophète de Dieu, violent, mentent, volent et subtilisent… l’aide humanitaire destinée aux innocents, dont des orphelins et des veuves. M. Ag Ghaly n’a rien vu ni entendu de cela ? Il lui est loisible de mettre entre parenthèses les prescriptions divines dès lors que ce sont ses proches les coupables, car, après tout, « charbonnier est maître chez soi ».
La circulation et la consommation d’alcool, de drogue, la contrebande sont aussi des péchés en islam. Pourtant, ces pratiques ont toujours cours dans les zones occupées par l’ancien consul général du Mali à Djeddah. Que celui qui n’a pas tué, qui n’a pas bu, qui n’a pas menti, qui n’a pas forniqué jette le premier la pierre ! Tout compte fait, il n’y a eu ni lapidation, ni amputation, ni crime d’honneur, ni décapitation dans son camp. Autant dire que c’est « l’hôpital qui se moque de la charité ».
Bref, cet homme, comme l’avait si bien su schématiser en son temps un ex-dirigeant de ce pays est un « frère égaré », totalement égaré maintenant. N’ayant plus aucun argument à faire valoir pour justifier ses actes antirépublicains, il se retourne contre le « pays » qui l’a fait « Baba Commandant » pour consolider une situation de rente perpétuelle.
Avec lui, aucun dialogue n’est possible. Il faut le soumettre ou lui abandonner la République parce qu’il a averti que l’application de la charia sur toute l’étendue du Mali est non-négociable ; qu’il n’a que dalle de la démocratie. En un mot, il s’attaque aux fondements du Mali, ce qui est tout à fait inadmissible.
A. M. T.

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