vendredi 22 juin 2012

MALI : trois mois de mensonge et de saupoudrage

Malijet - EDITORIAL : trois mois de mensonge et de saupoudrage
D’une agression armée au Nord à une conspiration mafieuse et maçonnique au Sud, des séparatistes qui font leur loi au Nord, la CEDEAO qui régente par ses oukases au Sud, notre pays est à la croisée des
 chemins. Une nouvelle ré-colonisation lancinante?
Une mise sous tutelle frauduleuse en violation du droit international? Sommes-nous encore maîtres de notre destin? Pouvons désormais décider par nous-mêmes de l’avenir de notre nation? Il est donc temps d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture pour parler vrai et agir vrai pour le Mali: «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

Parce qu’une souveraine sous tutelle n’en est pas une et parce qu’un Un peuple sans souveraineté est non seulement un peuple privé de liberté, mais aussi un peuple menacé dans son existence, le vénérable Saint-Père, Jean Paul II, du haut de la tribune de l’UNESCO, le 2 juin 1980, disait aux dirigeants du monde : «Veillez par tous les moyens sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque nation en vertu de sa propre culture. Protégez-là comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande famille humaine».
Parce que la démocratie, avait fait remarquer le Père de notre système constitutionnel, n’est d’autre que «le gouvernement du peuple exerçant la souveraineté sans entrave».

Dans la dangereuse situation que vit notre pays, la vérité n’est-elle pas celle de Antoine de Rivarol qui disait que « il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer en ce monde : la première est que la souveraineté réside dans le peuple, la seconde est que le peuple ne doit jamais l’exercer»? Qu’est-ce en effet «le peuple», sinon que «un éternel mineur» selon la métaphore de Gustave Flaubert. « Le peuple ? Un âne qui se cabre ! », se désolait Hugo, voilà 200 ans! Gustave Le Bon lui disait qu’«on domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions qu’en s’occupant de leurs intérêts». Qu’est-ce qu’on a eu droit au Mali de la part du Clan et de ses mentors depuis le début de cette crise sinon que l’exaltation de nos bas instincts et l’exacerbation passions primaires?

Aussi, souffrons, nous du peuple, suivant la formule connue de Miche Onfray, que «l’argent, le pouvoir, les honneurs, la jouissance, la puissance, la domination, la propriété, c’est pour eux, une poignée, l’élite ; pour les autres, le peuple, les petits, les sans-grades, la pauvreté, l’obéissance, le renoncement, l’impuissance, la soumission, le mal-être suffisent...»

Le Printemps arabe a redonné ses lettres de noblesse à celle de Lincoln selon laquelle «on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». Le rêve est-il dès lors interdit au Mali? «Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve.
Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité». Sommes-nous les seuls à rêver?  «Les pires places de l’enfer sont réservées à ceux qui, dans les périodes de crise morale, ont choisi de rester neutres», disait John Fitzgerald Kennedy ; à Info-Matin, nous avons choisi, hier comme aujourd’hui, demain Inch’Allah, d’être avec et du côté du peuple contre les coteries claniques et maçonniques, d’être avec et du côté de la vérité contre la spirale du mensongère, de l’imposture et de trahison.
Il est donc temps d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture pour parler vrai et agir vrai pour le Mali: «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

C’est peu dire que la première fois dans notre histoire millénaire que notre pays se retrouve dans une situation si chaotique où l’on peine à entrevoir l’espoir à l’horizon. La nation malienne est en lambeaux, la patrie en danger d’implosion, la République menacée d’assujettissement, le peuple dans le tréfonds de la misère et du désespoir… l’État  et son autorité par terre, domptés et confisqués, mis sous la coupe des armées au Nord et pris en otage au Sud par une camarilla d’imposteurs au service d’intérêts étrangers.

La démocratie malienne conquise de haute lutte est désormais celle de perroquets jacassant de bouffonneries, de fourberies, de tartufferies, de félonies, de filouteries, de forfanteries politiciennes et citoyennes… marque de fabrique d’un Clan mafieux et maçonnique et d’un système de liquidation nationale au profit d’une bourgeoisie compradore, éclectique et latifundiaire qui a mis en sac et en pièces détachées notre pays. Et qui a plongé le Mali dans la crise.

Cela fait trois mois, demain, jour pour, que dure la crise. Une crise institutionnelle qui s’est greffée sur une double crise sécuritaire et humanitaire en cours depuis le 17 janvier 2012.
Comme toute solution, le Clan mafieux et maçonnique, pour ne pas perdre ses privilèges, en appelle une expertise étrangère, notamment sous régionale, en brandissant en épouvantail l’agression non contre la souveraineté du pays mais l’agression contre la démocratie. Et pour cause: la démocratie agressée mobilise plus que la souveraineté mise à mal.
La mobilisation de la Communauté internationale, à grand renfort médiatique de trahison, de forfaiture et mensonges distillées, ne s’est fait pas attendre. Comme si jamais sur cette planète terre, il n’y avait jamais eu de putsch ; il fallait faire tout et entreprendre tout pour faire plier la Junte, pour étouffer la voix les aspirations légitimes du peuple du Mali au changement.
En vain ! Trois mois après, que retenir ? Que dire ? Que envisager ?
Constant sur notre ligne, nous disons qu’il est temps de faire, chacun à son niveau, un examen de conscience, de faire un bilan en toute objectivité en ayant le Mali seul comme bréviaire et d’envisager l’avenir avec plus de convergences patriotiques que de divergences mesquines.
En effet, nous le disons avec force conviction, il faut rectifier le tir pour redresser la démocratie et restaurer l’État. Parce que malgré nos divergences, nous pouvons tous nous accorder dans la situation que traverse notre pays  que « la démocratie a besoin de valeurs, le peuple a besoin de vérité, le pays a besoin d’unité», pour reprendre la formule de Bayrou dimanche dernier.
Il est encore temps d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture pour parler vrai et agir vrai pour le Mali: «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

En effet, la sécurité et l’impératif du rétablissement de la souveraineté sur les régions nord du pays sont autant de défis que la nécessaire restauration de l’éthique et de la morale politique ainsi que des principes et valeurs démocratiques.
Étape incontournable pour redresser de l’État et de son autorité de même que l’assainissement du système impopulaire et corrompu légué par le Général fuyard. La restauration de l’éthique et de la probité dans tous les segments de la vie de la Nation est aussi une bataille à remporter tout comme le renouveau de l’Éducation et la bonne gouvernance au service des couches de plus en plus fragiles et laissées pour compte.
Pour paraphraser le Professeur Issa N’Diaye, le Mali post 22 mars  ne peut se donner le luxe de perpétuer un système mafieux et clanique, abject et honni, qui ne s’est traduit jusqu’ici que par une démocratie de perroquet et de misère pour le peuple et un démocratie de milliardaires pour les voleurs et pions de l’étranger.
Il est donc temps d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture pour parler vrai et agir vrai pour le Mali : «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

Force est aujourd’hui de constater que le remède de la normalisation constitutionnelle a été pire que le mal. Conjugué à la sauce de toutes les hypocrisies, impostures et forfaitures politico-juridiques, le retour à la l’ordre constitutionnel a plus enfoncé notre pays qu’il ne l’a véritablement aidé à sortir de la crise.
Comme si elle était la panacée, comme si elle devrait opérer comme les fétiches des ancêtres des Coulibaly pour ramener la paix, la souveraineté au Nord, l'inquiétude aux populations du Nord, restaurer la confiance des Maliens en l’éthique et en la probité de ceux qui s’égosillent tels les voleurs qui crient au voleur ! Mais où est-ce que le fameux retour à la normalité constitutionnelle nous a-t-elle conduit ? Qu’a-t-elle apporté à notre peuple sinon que déchirements, tourments et angoisses insupportables ? Hélas, milles fois hélais ; les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Et pour cause, ce sont bien les chantres même de la recette qui réclament aujourd’hui une rebelote, la dissolution du gouvernement de normalité constitutionnelle dans lequel personne ne se reconnaît.

En effet, trois mois après la litanie incantatoire du « retour à la normalité constitutionnelle», les interrogations et les inquiétudes de l’après 22 mars demeurent, de même que la réalité du mal-vivre des Maliens, leurs angoisses, les aspirations au respect et à la dignité.

Il est heureux que ceux qui hier avaient brandi cette normalité constitutionnelle en épouvantail, déclamé urbi et urbi qu’elle était l’unique voie du salut de la démocratie et du bonheur du peuple malien, s’interrogent sur la pertinence leur choix et en viennent à convenir à avec nous qui avions été traités de putschistes qu’il faut se parler, discuter et prendre en main la destinée de notre pays. Il était temps.

Sortons du cercle vicieux des illégitimités, des impostures et des illégalités; arrêtons cette spirale visqueuse du mensonge et de l’infamie, de la fuite en avant et des replâtrages. En effet, malgré les avancées et les gages de bonne volonté ici et ça affichés, notre pays est encore loin d’un État de droit au sens partagé du terme, d’une République à la normalité constitutionnelle au sens strict du terme. Le président Dioncounda, quel que soit le vernis, n’a aucune légitimité consacrée par le suffrage des Maliens pour présider à leur destin et le gouvernement de transition ne représente que ceux l’ont investi de leur oukase, point le peuple du Mali.

Trois mois après le 22 mars, il faut d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture, de la fuite en avant et du saupoudrage pour parler vrai et agir vrai pour le Mali: «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

Autant on ne peut voiler le soleil par la pomme de sa main, autant on ne peut faire comme le coup d’Etat du 22 mars 2012 n’a jamais eu lieu. Il y a eu un coup d’État le 22 mars. Qu’on le veuille ou non, c’est une réalité qui s’impose (et au contexte et au bon sens), une réalité dont il faut tenir compte et une page de l’histoire qu’on peut déchirer malgré «la démission» orchestrée du président ATT.

Qu’on ne soit pas d’accord avec Sanogo, c’est le droit de tout un chacun; mais la haine et la diabolisation de l’uniforme, dans un contexte où notre pays a plus que jamais besoin de son armée pour recouvrer sa dignité et sa souveraineté, n’est ni un devoir patriotique ni ne procède, à notre humble avis, d’une politique nationaliste. La place des militaires, c’est les casernes ; oui, seulement en temps de paix. Or, nous sommes un pays en guerre.

En acceptant de mettre notre armée au ban et en l’accablant de tous les péchés d’Israël (il faut les jugez, il faut les faire payer…), pour avoir trébuché, failli et « fui » au nord et pour avoir fait un coup d’État (en vérité mis en périls beaucoup d’intérêts : CAMAN KA NAN BONNA), on prend une option insensée et difficilement défendable sur des troupes étrangères en vue de la restauration de l’intégrité territoriale à moins que ce ne soit pour protéger ce qui reste d’intérêt à travers une transition sur laquelle planent tant de convoitises.

En effet, derrière les principes, nobles et internationalement partagés quant à la non-intrusion du militaire sur la sphère démocratique, au respect des droits et des libertés publiques et individuelles, se cachent des desseins et des ambitions les plus sordides et les plus funestes pour le destin de notre pays.

En effet, vous ne trouverez personne dans ce monde plein d’hypocrisie, ici ou ailleurs, pour applaudir un coup d’État, même si on l’a souhaité et appelé de tous ses vœux. Mais, par contre, vous trouverez plein de bons samaritains très réceptifs, de bonne foi assise ou surprise, au fait ou mal informés, brandir le sabre vengeur pour voler au secours de la démocratie malmenée ou mise en péril par des soldats. L’intransigeance des bailleurs de fonds est à cet égard compréhensible.

Trois mois après le 22 mars, il faut d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture, de la fuite en avant et du saupoudrage pour parler vrai et agir vrai pour le Mali : «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

Si l’on ne peut se rassurer et respecter la bonne foi et la bonne volonté du Capitaine et de ses camarades, pour des raisons, oh combien suggestives, qu’on se dise que ce sont des soldats qui ont fait preuve de courage et de renoncement (en prenant le Palais le 22 mars après un combat acharné et accepter de les termes de l’accord cadre le 6 avril, en acceptant pour la paix sociale les termes de l’accord du 21 mai).
On peut ne pas être d’accord avec le CNRDRE (c’est cela la démocratie : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire»), mais on est obligé de compter avec lui et d’être loyal avec lui parce qu’ils sont notre armée et parce que sans notre armée, nous ne pouvons restaurer notre souveraineté sur le Nord.

Les montages et les combines ont duré trois mois. Épargnons au peuple glorieux du Mali l’infantilisation après lui avoir ôté tout motif de fierté quant à l’affront qu’on lui fait subir et à maigre espoir qui lui reste à travers ses fils et ses filles qui ont accepté de servir le drapeau de reconquérir sa souveraineté sur les territoires occupés et de restaurer sa dignité et sa fierté.

Les errements de la CEDEAO et les réserves formulées par les Nations unies quant à l’envoi de troupes étrangères dans notre pays tant que les objectifs, les modalités et les objectifs ne sont pas clairs doivent nous interpeller et nous inciter vers une convergence nationale quant à la forme et la hauteur de l’appui que nous sollicitons de la Communauté internationale. Qui connaît nos besoins plus que nous-mêmes? L’armée malienne ne peut-elle pas aligner 3.500 hommes prêts à mourir pour libérer le pays? 

Jusqu’à quand allons-nous départir de cette mentalité constipée d’éternels assistés pour prendre en main notre destin et nous convaincre qu’autant aucun pays au monde n’a su se développer grâce à la charité internationale, autant une nation n’a été libérée par une armée étrangère. Qu’on ne nous sorte pas le débarquement de Normandie; parce que sans De Gaule, elle n’aura jamais lieu.

Aucun pays au monde ne s’est jamais développé dans la totale dépendance de l’extérieur. Or, la dépendance, c’est la négation de la souveraineté, l’asservissement. A moins qu’on nous convainque que le renoncement à notre souveraineté est ce qu’il y a aujourd’hui de mieux pour notre Nation pour laquelle désormais ce sont les bailleurs de fonds et la CEDEAO qui décident sans nous des modalités d’intervention de troupes étrangères sur notre territoire, de l’objet et de la finalité des négociations avec nos agresseurs.

Trois mois après le 22 mars, il faut d’arrêter la spirale du mensonge et de l’imposture, de la fuite en avant et du saupoudrage pour parler vrai et agir vrai pour le Mali: «Penser ce que l’on dit, dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit».

Il est temps de nous assumer en fils de nos dignes ancêtres, en héritiers d’un peuple débout et fier, sans défaitisme et sans peur. Parce qu’un peuple qui a peur est un peuple qui est dominé. Et terminons par ces vers de José Maria de Hérédia:
«Lorsqu’un peuple courbé sous de pesantes chaînes,
Hésite à les briser avec ses propres mains,
Il peut changer facilement de tyrannie,
Mais ne pourra jamais gagner sa liberté.»
Par Sambi Touré
Source: Info Matin

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