mercredi 20 juin 2012

Interview du président nigérien Mahamadou Issoufou qui en appelle à la communauté internationale face à la mainmise islamiste au Nord du Mali. - maliweb.net

Interview du président nigérien Mahamadou Issoufou qui en appelle à la communauté internationale face à la mainmise islamiste au Nord du Mali. - maliweb.net
Les islamistes du Nord-Mali se disent prêts à négocier avec le médiateur Compaoré, est-ce un progrès ? Croyez-vous que cette médiation puisse aboutir ?

Mahamadou Issoufou, président du Niger ( AFP)
- Dans la crise malienne, on avait toutes les options sur la table. Celle de la négociation, et puis celle du recours aux armes. Bien sûr, le recours aux armes ne peut intervenir que lorsque toutes les options auront été épuisées et surtout les négociations. Si les mouvements armés du
Nord Mali sont prêts à négocier, nous ne voyons aucun inconvénient. D’ailleurs, nous avons mis en place un médiateur au niveau de la Cedeao en la personne du président du Burkina.
Mais deux questions ne sont pas négociables : la première est la question de l’intégrité territoriale du Mali ; la seconde est le caractère laïc de la République du Mali. Si ces préalables sont satisfaits, tout est négociable. Et je suis heureux que des contacts soient déjà en cours avec le président du Burkina à Ouagadougou où il a reçu les différents mouvements armés.
Demander à des islamistes de garder un caractère laïc à la République du Mali, n’est-ce pas illusoire ?
- Aujourd’hui, le Mali est divisé en deux. Le Nord du pays est occupé par des djihadistes qui imposent la charia. Toute une population souffre et notamment les femmes. Allez à Gao ou àTombouctou ! Elles sont cloîtrées, on leur impose la burqa. Il n’y a plus de services publics, plus de services de santé, les enfants ne vont plus à l’école. Oui, il est urgent de sortir la population malienne de cette situation. Et oui, La question de la laïcité est une question clé.

Y-a-t-il un danger de contagion au Niger ?
- Le danger de contagion concerne tout le monde. Tous les pays de l’Afrique sont menacés et, au-delà, le monde entier. Cette menace djihadiste islamiste est une menace internationale. C’est pour cela que nous voulons une réponse internationale. Si les négociations n’aboutissent pas, il sera alors important qu’une résolution soit adoptée par le Conseil de sécurité afin d’impliquer tous les Etats pour faire face à cette menace mondiale.

Beaucoup d’armes arrivent au Mali depuis la Libye. Comptez-vous sur la communauté internationale pour mettre le holà à cette situation ?
- Bien sûr. D’ailleurs, nous avions très tôt attiré l’attention de la communauté internationale, dès le début de la crise libyenne, sur les risques de dissémination des armes. Vous savez que la Libye est un pays qui a été très armé. C’est un véritable magasin d’armes à ciel ouvert. Avec la crise, ces arsenaux ont été pillés et cela alimente le trafic des armes dans tout le Sahel. Il faut que ce flux s’arrête et le meilleur moyen est de créer les conditions d’une stabilisation en Libye. C’est à ceux qui sont intervenus en Libye d’assurer le service après-vente. Ils ont gagné la guerre, ils doivent désormais gagner la paix et créer les conditions d’une stabilité. En aidant les autorités actuelles à assoir leur autorité sur l’ensemble du pays.
Une Libye instable créerait la déstabilisation de toute la sous-région. Et il n’est pas dans l’intérêt de l’Europe qu’une région si proche devienne instable.

Si les négociations n’aboutissent pas et que le Conseil de sécurité adopte une résolution autorisant donc une intervention militaire au Mali, comment voyez-vous celle-ci ?
- C’est aux chefs d’Etat major de statuer. Je ne peux pas rentrer dans les détails d’une telle intervention. Les pays de la Cedeao ont prévu de mobiliser la force en attente qui va être déployée au Mali. Mais elle aura besoin du soutien logistique des pays occidentaux, européen et américain.

Vous avez rencontré François Hollande. Il vous a assuré du soutien de la France…
- Le président Hollande a clairement dit qu’il s’agit d’abord d’un problème africain. Il a aussi souligné que si les Africains soumettent un projet au Conseil de sécurité, alors, la France sera prête à soutenir l’Afrique pour qu’on sorte de la crise.

Par un soutien logistique uniquement ?
- Il est prêt à soutenir toute solution qui permettrait de sortir de la crise dans laquelle se trouve le Mali aujourd’hui.

Vous connaissez François Hollande depuis longtemps. Vous faites comme lui partie de l’internationale socialiste. Cela renforce les liens entre la France et le Niger ?
- Les relations d’Etat à Etat entre la France et le Niger ont toujours été bonnes. Elles l’étaient avec le prédécesseur du président Hollande et elles le seront encore avec lui. Nous partageons, c’est vrai, beaucoup de valeurs communes. Je le connais depuis plus de dix ans et  cela peut permettre de renforcer ces relations entre la France et le Niger, mais les relations ont toujours été tissées très étroitement entre nos deux pays.

La France a six otages dans la région, vraisemblablement détenus au Mali. Le Niger œuvre-t-il pour leur libération ?
- Nous essayons, en effet, de créer les conditions requises pour leur libération qui est tant souhaitée. Quatre de ces otages ont été enlevés sur le sol nigérien et nous nous sentons le devoir de contribuer à une issue favorable. A leur libération. Et nous avons bon espoir.

tempsreel.nouvelobs.com /Créé le 19-06-2012 à 16h23

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